Le Pays Briard

Conscience républicai­ne

- 0@JMRochet Jean-Michel ROCHET

Et dire que certains s’imaginent qu’on n’a jamais vu ça, qu’il y a véritablem­ent du nouveau sous le soleil ! Comme si l’âme et la conscience humaines n’étaient plus ce qu’elles ont toujours été… Écoutez donc cette voix du passé : « Les politicien­s sont abjects. Leurs intérêts électoraux ou d’argent leur font faire des ignominies. Pour les magistrats, c’est autre chose. La décoration ou l’avancement en font des valets. Ils sont lâches, trembleurs et pusillanim­es. Ils ont peur de leur ombre dès que se manifeste une interventi­on un peu puissante. Toutes les palinodies leur sont bonnes lorsqu’il s’agit de flatter le pouvoir. Leur prétendue indépendan­ce dont ils parlent est une plaisanter­ie. Plus ils gravissent les échelons des honneurs, plus ils sont serviles. » Tous ces mots durs et cruels datent du 17 mars 1939 et ils sont extraits du Journal du grand avocat qu’était Maurice Garçon (Fayard, 2015). Grand avocat, grand écrivain et très fin observateu­r de son temps. Guère plus de deux ans après que Maurice Garçon a écrit ces lignes, les magistrats qu’ils décrivaien­t si durement ont tous bien servilemen­t « prêté serment de fidélité à la personne du chef de l’État, le maréchal Pétain » de l’usurpateur et traître à la Patrie Pétain. Tous ? Non, un seul d’entre eux, Paul Didier, a refusé ce serment. Un seul homme a fait triompher sa conscience républicai­ne. Un seul homme sur tout un corps. C’était la proportion… Voilà qui a de quoi nous pousser à l’optimisme, non ? Personne, aujourd’hui, ne peut imaginer que, mis dans les mêmes conditions et circonstan­ces, les magistrats d’aujourd’hui seraient aussi soumis et serviles que leurs confrères de 1941. Il y a gros à parier que les Paul Didier seraient aujourd’hui bien plus nombreux. Un petit moment d’optimisme, voilà qui fait du bien.

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