« Le bio ? Je suis convaincu que c’est possible »
Guillaume Bodin a réalisé un documentaire intitulé « Zéro phyto 100 % bio », en salle le 8 novembre, mais dont une avant-première sera projetée lundi à Coulommiers.
C’est notamment en prévision de la loi interdisant l’utilisation des pesticides par les communes, au 1er janvier 2017, que Guillaume Bodin a tourné son documentaire entre novembre 2015 et janvier 2017. La projection de l’avant-première à Coulommiers, lundi 27 mars, s’inscrit dans le cadre de la « Semaine des alternatives aux pesticides » (20-30 mars). Elle sera suivie d’un débat animé par Pascal Vuillaume de l’association Bio vivre en Brie et Sophie Bordères de Générations futures.
Le Pays Briard : Quel est l’objet de votre documentaire ? Répondait-il à une demande particulière ?
Guillaume Bodin : Je l’ai réalisé à la demande de trois associations : Agir pour l’environnement, Générations futures et Bio Consom’acteurs. Elles travaillaient ensemble sur la thématique du zéro phyto. J’avais déjà fait quelques vidéos pour elles sur Internet, puis l’idée est venue de réaliser un documentaire sur les cantines bio et les pesticides. Il y avait aussi une réelle demande d’autres associations telle que Bio vivre en Brie.
Dans quel état d’esprit étiez-vous au moment de tourner le documentaire ? Étiez-vous déjà convaincu par le bio ou aviez-vous des a priori ?
En tant qu’ouvrier viticole, je suis passé au bio depuis dix ans. L’ayant moi-même vécu, je suis convaincu que c’est possible. Mais je connaissais moins le zéro phyto. Depuis le 1er janvier 2017, les collectivités n’ont plus le droit d’utiliser de pesticides pour entretenir leurs espaces verts, sauf pour les cimetières et les stades. En 2019, ce sera au tour des particuliers dans leur jardin. Lors du tournage, j’ai appris que la Ville de Versailles était déjà exemplaire en la matière.
Sans trop en dire, quelles initiatives sont mises en avant dans le documentaire ?
La commune de Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes) détient sa propre ferme, entretenue par des employés communaux, pour nourrir les enfants des écoles en produits bio. La ville de GrandeSynthe, dans le Nord, est elle aussi passée au zéro phyto et 100 % bio. Et plus proche de la Seine-et-Marne, des cantines du Ve et IIe arrondissements de Paris proposent des produits bio en partenariat avec une plateforme logistique de Rungis pour favoriser les circuits courts.
Est-ce facile pour une commune de passer au zéro phyto ?
Il faut revoir sa manière de travailler. Par exemple, Versailles a repensé sa manière de concevoir les espaces verts dans la ville. C’est une réflexion globale. Pour proposer du bio, il faut repenser le gaspillage. À ce jour, un enfant gaspille 150 grammes de nourriture. Il faudrait réduire cette part à 30 grammes pour financer le surcoût du bio.
Avez-vous rencontré les lobbies favorables aux pesticides ?
Non, pas directement. Le but est de montrer des initiatives positives. Bien sûr, on en parle car il arrive que des lobbies fassent pression sur des villes, notamment Versailles. Joël Labbé, le sénateur du Morbihan à l’origine du projet de loi, subit aussi la pression des lobbies au Sénat.
L’objectif du documentaire est-il de faire prendre conscience aux habitants de ces enjeux ?
Oui mais pas seulement. C’est aussi un moyen de fournir un outil de communication à des associations et animer un débat pour que les citoyens aient des arguments pour négocier avec leurs communes. C’est un outil de réflexion. Il faut savoir que le maire de Bourges s’est engagé hier (mardi, lors d’une avant-première) à utiliser des produits bio, par exemple.