Sursis pour le conducteur vindicatif de l’A4
Sur l’A4, en décembre 2015, Sean avait provoqué un accident de manière indirecte en s’immobilisant sur la voie centrale. Il a été condamné à une peine de sursis.
Un soir de décembre 2015, une Volkswagen Polo provoque un accident sur l’autoroute A4, à hauteur de Couilly-Pont-auxDames. Le véhicule percute une Citroën C5 arrêtée sur la voie centrale et effectue plusieurs tonneaux. Si le conducteur du premier véhicule souffre de douleurs aux cervicales, le second ne semble que choqué.
Une fois les chauffeurs secourus et les autos dégagées, les gendarmes recueillent la déposition de Jean-Michel pour comprendre les raisons de son arrêt intempestif au milieu de la circulation. La version qu’il a donnée, corroborée par la vérification des enregistrements au péage, a permis de le dédouaner de toute responsabilité et d’identifier le conducteur irascible.
Après de nombreux mois de procédures et d’attente, JeanMichel a retrouvé l’homme incriminé au tribunal. Devant les magistrats, il a confirmé ses précédentes déclarations : « J’ai franchi la barrière de péage à gauche et j’ai continué sur cette file. J’ai été doublé le long de la séparation par une Peugeot blanche qui m’a obligé à m’écarter. J’ai d’abord eu peur puis, mécontent, j’ai mis les pleins phares. La 307 a freiné puis accéléré puis freiné encore et stoppé. J’ai dû m’arrêter aussi. L’homme est sorti fou furieux, il a donné trois coups de poing sur la vitre latérale en m’invitant à venir me battre. Courageux mais pas téméraire, je n’ai pas bougé. Il est monté sur mon capot et il est reparti à sa voiture après des gesticulations ». Tétanisé, Jean-Michel a trop tardé à redémarrer. Une première voiture a pu dégager sur la droite et l’éviter mais celle de Jérémy l’a heurtée de plein fouet.
Interrogé à son tour, Sean a reconnu qu’il s’était énervé bêtement : « J’ai eu une attitude de jeune con ». Il a ensuite présenté ses excuses à Jean-Michel, seule victime présente en salle d’audience. Sa tentative, un peu confuse, d’expliquer son geste par la gêne occasionnée par les pleins phares et sa réaction par un excès de fatigue après une journée de travail très chargée n’a pas vraiment convaincu. L’avocate de Jean-Michel a retenu une autre motivation, affirmant qu’il s’était « arrêté pour en découdre » et qualifiant son comportement « d’extrême dangerosité ».
« On est passé à deux doigts de la catastrophe »
Après avoir entamé son intervention par une formule alarmiste : « On est passé à deux doigts de la catastrophe », le procureur de la République, Béatrice Kayser, a préconisé « une réponse pénale exemplaire ». Elle a fondé ses réquisitions sur « une mise en danger de la victime pour satisfaire son ego ».
L’avocat de la défense, Me Granata, a pris le contre-pied dans sa plaidoirie : « L’idiotie et la peur ne suffisent pas pour caractériser une infraction, sinon mon client serait le coupable idéal ». Il s’est attaché à démontrer le partage de responsabilité, considérant que « les fautes de l’un ne gomment pas celles de l’autre ». Il a argumenté sur le choix de Jean-Michel de s’arrêter derrière Sean alors qu’il pouvait poursuivre sa route en empruntant la voie de gauche ou de droite. Il a aussi relevé une négligence involontaire ayant contribué à l’accident, l’extinction de ses feux signalée par Jérémy (la victime qui a effectué des tonneaux avec sa voiture).
Les juges ont condamné Sean à huit mois de prison avec sursis et à l’obligation de suivre un stage de sensibilisation à la sécurité routière. Il devra aussi indemniser les victimes : 8 378 euros pour Jean-Michel et 6 700 euros pour Jérémy.
Malgré la tension palpable durant l’instruction, Jean-Michel s’était approché de Sean pendant le délibéré et ils avaient échangé en toute cordialité. Sean avait tenu à renouveler ses excuses et à préciser : « Vous savez, je ne suis pas un voyou ». Avec sourire et décontraction, Jean-Michel lui avait répondu : « J’espère que cela se passera bien pour vous ». La décision de justice n’a pas dégradé la relation établie, Sean a accepté de serrer la main de Jean-Michel avant de quitter la salle d’audience.