La rentrée de vos nouveaux députés
La nouvelle députée LREM de la 9e circonscription a fait ses premiers pas au Palais Bourbon, jeudi dernier. Nous avons suivi l’heureuse élue lors de son parcours d’intégration. Dans les coulisses de l’Assemblée nationale, en pleine effervescence.
Un petit air de rentrée des classes. Accueillis par des huissiers, le costume noir en queuede-pie orné d’une longue chaîne en fer-blanc, les « primo députés » sont dirigés dans les dédales du Palais Bourbon pour les formalités administratives. C’est la première fois qu’elle pousse les portes de l’Assemblée nationale. À 55 ans, Michèle Peyron (LREM), apparaît tout sourire, dans la salle des Quatre-Colonnes, une robe casual d’un bleu lumineux. Exit le traditionnel tailleur jupe, canicule oblige. Une tenue ordinaire pour un jour néanmoins exceptionnel.
L’aiguille du thermostat indique une « chaleur extrême ». La députée de la 9e circonscription s’éponge un visage luisant. Petit tour au maquillage, histoire de ne pas trop briller pour la photo de classe. Chaque élu se fait, en effet, tirer le portrait pour le trombinoscope. « La maquilleuse était aux petits soins, elle était ravie de cette déferlante de nouvelles têtes », rapporte Michèle Peyron, un enthousiasme presque enfantin, dans les yeux. Il faut dire que le bâtiment datant du XVIIe siècle possède ses arguments pour émerveiller le plus blasé des habitués.
Hauteur de toit digne d’un grand palais, une architecture à l’italienne. Candélabre majestueux, dorures, statues imposantes aux quatre coins de la pièce où se rencontrent les journalistes et les députés. Au sol, des carrés de marbre noirs et blancs font claquer les talons. Pas de doute, Michèle Peyron joue bien, dans la cour des grands. Les yeux écarquillés, la nouvelle députée découvre l’Assemblée avec un émerveillement communicatif. « Le lieu est vraiment magnifique », commente-t-elle, le regard balayant la salle des pas perdus. L’oeuvre d’Horace Vernet, une peinture qui symbolise la Paix, s’étend sur toute la longueur du plafond et donne une impression de solennité qui tranche avec l’effervescence récréative de ce 22 juin. De même que les sculptures en bronze.
C’est dans ce cadre somptueux que Michèle Peyron apprendra les rouages de sa nouvelle fonction.
«C’est la première fois que je mets les pieds ici, raconte-telle. C’est, pour moi, un sentiment de fierté et, en même temps, je suis très émue. L’Assemblée nationale, c’est là où tout se passe. Je suis un peu intimidée mais le chemin va se faire. »
Et Michèle Peyron était loin d’être la seule à faire ses premiers pas au Palais Bourbon. À l’Assemblée nationale, le changement, c’est maintenant, avec un taux de renouvellement jamais vu : 72 %, soit 415 nouveaux élus tandis que 145 députés sortants ont été renouvelés. Au total, 224 femmes, contre 155 en 2012. Moyenne d’âge : 49 ans.
Protocole
Remise d’une sacoche en cuir noir. À l’intérieur, pas de trousse ni de cahier mais une écharpe tricolore, un macaron pour le stationnement, une épingle, un livret d’accueil, le plan de l’Assemblée nationale et le règlement intérieur. « Je tremble », confie Michèle Peyron, au moment de découvrir l’écharpe bleu blanc rouge. Séquence émotion. « Je pense à mes parents et à mon grand-père maternel, c’est lui qui m’a transmis cette envie d’aller vers l’autre. » L’élu se réjouit de connaître une partie du protocole. « Il faut la mettre dans le sens inverse
à celle du maire. » Pour le reste, il va falloir encore prendre quelques cours.
Car, à l’Assemblée, on ne plaisante pas avec les coutumes. La tenue vestimentaire jugée trop relax d’un jeune reporter de France Bleue, osant le short et les baskets, est remarquée. Petit rappel : le dress code ? C’est comme en discothèque. Tenue correcte exigée.
Rencontre furtive avec Olivier Faure, réélu dans la 11e circonscription. Le député a le sourire. Il vient d’apprendre qu’il venait aussi d’être renouvelé à la présidence du PS. Poignée de mains amicale. « Je suis novice, admet la
nouvelle élève, humblement. Mais, c’est au contact des anciens comme vous que je vais apprendre. » L’ex-socialiste, maire adjointe dans le Var pendant six ans, a conscience
de l’ampleur de la tâche. « Je ne cache pas que j’ai une certaine appréhension de rentrer à l’Assemblée Nationale, avoue cette ancienne cadre administrative dans les RH. C’est une énorme tâche qui nous attend. »
En direct sur LCP
Mais la députée semble apprendre vite, déjà embarquée dans un tourbillon médiatique. Premières interviews. Un véritable marathon. Les nouvelles têtes sont prises d’assaut par les caméras de BFM TV ou de LCP. Crépitements des flashs.
Michèle Peyron enchaîne. « Je suis une autodidacte depuis l’âge de 17 ans, j’ai commencé à travailler et j’ai gravi les échelons tout doucement », martèle inlassablement la Briarde, au micro de Radio Classique et autre télé. « J’ai postulé à la commission sociale, poursuit-elle, pour un média belge. J’ai toujours eu une fibre sociale. » Pas le temps de s’épancher. Un duplex l’attend sur la chaîne parlementaire. « On est en direct dans une minute », la presse une
présentatrice, les joues exagérément blushées. « En direct ? Vous n’êtes pas sympa avec moi », ironise la députée, un capital sympathie s’améliorant. La campagne ? Déjà un (mauvais) souvenir. « La dernière semaine a été atroce, racontet-elle. Les sympathisants de Guy Geoffroy ont été durs sous prétexte que j’ai refusé le débat. Il allait me sortir 15 ans de dossiers. Et je ne les connais pas ces dossiers ! » La preuve que bien du travail reste à faire…