Accusé de complicité d’incendie, il se ravise à l’audience
Une Audi noire filmée à trois reprises près du lieu d’un incendie volontaire en décembre 2016, une immatriculation partielle relevée et Jérémy était suspecté.
A l’époque, la société Marchetto dépose un camion grue au garage Morel de Crécy-laChapelle pour divers travaux d’entretien. Au cours de la nuit du 17 au 18 décembre, les pompiers doivent intervenir pour éteindre un feu. La gendarmerie est alertée car le sinistre présentait les caractéristiques d’une action criminelle.
L’enquête a révélé le nom du véritable propriétaire, la société Valométal, qui avait acquis le véhicule un an et demi plus tôt. Les enquêteurs reconstituent le déroulement du délit en deux temps : une première tentative avortée vers 2h49, une seconde réussie vers 3h28 après ouverture de la porte passager faisant appel d’air et embrasant la cabine. Le lien avec Jérémy est établi en s’appuyant sur les enregistrements de vidéosurveillance. Pourtant, cinq mois se sont écoulés avant son arrestation le 11 mai dernier. A l’issue de trois auditions, il a signé un procès-verbal reconnaissant son implication comme chauffeur de deux individus dont il a refusé de donner les identités. Crainte
ou loyauté qui lui valait de « se retrouver seul à payer la facture » selon les propos du procureur de la République.
Des aveux arrachés ?
Face aux magistrats, le mois dernier, Jérémy a créé la surprise en changeant de version. De prévenu, il est devenu accusateur. Il a attaqué les méthodes des gendarmes pendant leur intervention au domicile de sa mère
cardiaque : « A six heures du matin, ils sont arrivés dans plusieurs voitures avec armes et boucliers. Ils sont entrés en hurlant ’’T’es foutu, ta société, elle est morte. Ce soir, tu dors en prison.’’ Ils ont tout cassé chez moi pendant la perquisition ». Puis il a fait état de contraintes pendant la garde à vue : « Ils m’ont sorti puis remis en cellule plusieurs fois pour que je charge un copain enfermé à côté », avant de nier toutes les déclarations reprises sur le procès-verbal. Quand le président d’audience, Alain Papin, lui a rétorqué : « Donc, ils vous ont arraché des aveux ! Mais alors pourquoi avoir signé le PV ? », il ne s’est pas démonté : « Je leur ai dit ce qu’ils voulaient entendre. On m’aurait dit ’’T’as tué Lady Di’’, j’aurais signé pour rentrer chez moi ».
A son tour, l’avocat de la défense du barreau parisien a fait le spectacle avec une très longue plaidoirie : « En voyant la procédure, j’ai senti en moi
monter la révolte ». Il n’a épargné ni les gendarmes, dont il a critiqué la façon de procéder, ni les victimes qu’il a taxé de « magouilles » autour d’une épave pouvant être rachetée à un prix dérisoire tout en démontrant la faiblesse des preuves contre son client. Il a conclu par une demande de relaxe : « Ce n’est pas une décision de clémence que je vous demande, c’est une décision de raison ».
Les juges sont allés dans son sens en validant la relaxe, à l’encontre d’un ministère public peu satisfait de la décision.