Venezuela : une semaine sous très haute tension
Une Assemblée constituante a été désignée dimanche 30 juillet, dans un climat d’insurrection au Venezuela. La communauté internationale a critiqué les méthodes employées par le gouvernement vénézuélien.
Le Venezuela est secoué par une vague de manifestations de l’opposition libérale, majoritaire au Parlement depuis fin 2015, depuis le 1er avril. Elle exige le départ du président socialiste Nicolas Maduro, dont le mandat court jusqu’en 2019. Quatre mois après le début du mouvement, qui a fait plus de 100 morts, le président Maduro a appelé à élire une assemblée chargée de réécrire la Constitution du pays. Elle avait été promulguée en 1999 par Hugo Chavez, mort en 2013. Pour l’opposition antichaviste, cette élection traduit la volonté du président Maduro de sauver sa peau en changeant de régime. Dimanche 30 juillet, dans un climat d’insurrection, les Vénézuéliens se sont donc déplacés aux urnes pour élire les 545 membres de l’assemblée. Cette dernière aura les pleins pouvoirs pour réformer tant les institutions que la loi.
D’après les autorités, 41,53 % des électeurs ont participé à ce scrutin. Soit plus de 8 millions de Vénézuéliens. Le président Maduro s’en est d’ailleurs félicité. La société Smartmatic, chargée du vote électronique au Venezuela depuis 2004, a affirmé mercredi 2 août qu’au moins un million de voix avaient été manipulées. Tibisay Lucena, présidente du Conseil vénézuélien des élections, a démenti aussitôt les accusations de l’entreprise londonienne. Ce nombre était déjà contesté par l’opposition, qui évalue la participation à 2,5 millions de personnes. Luisa Ortega, la procureure générale du Venezuela, ancienne fidèle d’Hugo Chávez, a annoncé l’ouverture d’une enquête sur les suspicions de fraude entourant l’élection. « Nous sommes face à un fait inédit, grave et qui constitue un délit », a-t-elle indiqué. Mais l’initiative du parquet a peu de chances d’aboutir. Ses précédentes initiatives ayant toutes été neutralisées par la Cour suprême.
Une dizaine d’États, de l’Argentine à la Colombie, en passant par l’Espagne et les États-Unis, ont refusé de reconnaître les résultats de la Constituante. De son côté, l’Union européenne a demandé que son
soit suspendue, dans une déclaration faite mercredi par Federica Mogherini au nom de ses 28 États membres. La cheffe de la diplomatie européenne considère que
Les opposants ont indiqué vouloir continuer à siéger au Parlement. Jugeant le résultat du scrutin ils ont appelé à manifester à nouveau jeudi 3 août, jour où la nouvelle assemblée devait siéger pour la première fois. Deux principaux leaders de l’opposition ont été arrêtés le 1er août, alors qu’ils étaient placés en résidence surveillée. Il s’agit d’Antonio Ledezma, maire élu de Caracas, la capitale, et de Leopoldo López, ancien candidat à la présidence. Ils sont accusés d’avoir échafaudé un de ne pas respecter leurs
Le président américain Donald Trump a tenu et
L’élection a été marquée par des violences et ne cesse de susciter un tollé au niveau international. Les autorités ont dénombré sept morts, tandis que l’opposition en compte environ douze. Ce qui porte à plus de 120 le nombre de personnes tuées en quatre mois de manifestations antigouvernementales. Mercredi, le président Maduro a décidé de reporter à vendredi l’installation de l’Assemblée constituante, initialement prévue pour jeudi. Le Mercosur, bloc sud-américain de libre-échange, va suspendre le Venezuela jusqu’au rétablissement de la démocratie dans le pays, selon une source gouvernementale brésilienne. La décision sera annoncée samedi lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères du Mercosur, qui se tiendra à Sao Paulo.