Un Briard était sur place
Le fils des époux Faye était sur l’île de Saint-Martin. Ses parents témoignent.
Repartir de zéro. C’est ce qui a motivé Florent Faye il y a de cela sept ans, quand ce dernier s’est installé sur l’île de SaintMartin, dans les Antilles. D’origine briarde, ses parents vivent actuellement dans la commune de Fublaines, dans le canton
de La Ferté-sous-Jouarre. « Il était cuisinier au Regina, à Biarritz, et il estimait alors qu’il avait fait le tour de son poste, il voulait voir autre chose, confie son père, Patrick Faye. Il a toujours été un peu aventurier. Il a quitté son poste pour aller s’installer sur place, à Saint-Martin, et y chercher un travail ». Le Briard rencontre rapidement des personnes sur place et se fait vite une place. Il trouve un emploi dans son domaine, dans un restaurant de Grand-Case, et n’a pas quitté l’île depuis.
Le numéro d’informations surchargé
Alors que l’ouragan Irma s’approchait de l’île, Patrick Faye décrit son fils comme relativement confiant : « Il n’avait évidemment jamais connu ça, il était relativement optimiste, explique son père. Il avait fait un stock d’eau en prévision et avait vissé ses volets aux fenêtres. Comme il réside au rez-de-chaussée d’un bâtiment, il avait accueilli chez lui le temps de la tempête plusieurs personnes ». Après le passage de l’ouragan, le couple briard n’a plus de nouvelles de leur fils pendant près de 48 heures. « C’est très long, témoigne Patrick Faye. Nous appelions le numéro mis en place par l’Etat qui était surchargé, cela durait des heures. Je suis finalement tombé sur quelqu’un de très calme, qui nous indiqué que notre fils ne se trouvait sur aucune liste ».
« C’était très dur »
Florent Faye contacte ses parents le soir du deuxième jour après l’arrivée de l’ouragan :
« L’appel a duré trente secondes à peine. Je suis tombé sur un jeune complètement chamboulé, plein d’émotions, mais qui nous a rassuré en nous disant que tout allait bien pour lui, qu’il avait accueilli plusieurs personnes chez lui dont une maman qui a sauvé in extremis son fils de l’ouragan… ».
Les époux Faye restent une autre journée sans nouvelles, avant de recevoir un nouveau coup de fil. Brièvement, leur fils évoque la situation difficile d’après tempête : « C’était très dur. Il nous a dit ’J’ai failli me battre pour une bouteille d’eau’… L’eau manquait terriblement aux habitants ». Si l’inquiétude remonte avec l’arrivée d’un autre ouragan, José, les secours sur place ont mis en place des points refuges pour les habitants. En France, les époux Faye saluent aussi une initiative solidaire des proches des habitants de Saint-Martin : « Les parents, familles, ont fait une chaîne de solidarité. Quiconque à Saint-Martin réussissait à joindre quelqu’un en France pouvait donner le numéro d’un proche à prévenir pour quelqu’un d’autre. C’était génial, parce que les journées sont longues quand on ne peut avoir de nouvelles… ».
« Il ne reste plus rien »
Puis vient le moment où il faut aller de l’avant, malgré
tout. « Il faudra une bonne année au moins pour que cela redémarre, estime Patrick Faye. Mon fils vivait dans un microquartier très touristique où l’on trouvait de tout, des restaurants, des hôtels, des boutiques, de nombreux artisans… Quand on voit les images aujourd’hui il ne reste plus rien. On a l’impression que le sol est comme s’il n’y avait jamais eu de construction et de vie auparavant sur place ». Et d’ajouter : « Mon fils a géré une cuisine collective. Chacun se débrouillait
comme il pouvait ».
Aujourd’hui, le Briard est toujours sur l’île de Saint-Martin. Lui qui était cuisinier de profession est au chômage technique mais ne compte pas revenir
pour autant en métropole : « Il fait partie d’une véritable communauté de métropolitains qui vivent sur place, explique son père. Ils ne se séparent pas et chacun a décidé de rester pour se soutenir mutuellement, participer à la reconstruction, ne pas s’abandonner. Nous lui avons demandé ’Tu vas faire quoi ?’ et il envisage de devenir couvreur le temps de la reconstruction de l’île ». Repartir de zéro, mais tous ensemble.