Le Pays Briard

Feindre de faire ou ne rien faire, il faut choisir

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Ainsi donc, le président de la République aurait traité de fainéants les opposants à la loi Travail. De fainéants ou de feignants ? Il serait intéressan­t de bien réécouter la bande-son de sa déclaratio­n parce que s’il a dit « feignants », ce n’est pas la même chose que s’il a dit « fainéants »… Un fainéant est, en effet, quelqu’un qui ne fait rien, mais alors rien du tout. Alors qu’un feignant est seulement quelqu’un qui fait semblant de faire quelque chose, ce qui peut déjà être très fatigant… Bref, s’il a dit « feignants » sa défense visant à laisser entendre que le mot s’adressait non pas à tous les opposants à la loi, mais aux responsabl­es politiques qui n’auraient pas fait ce qu’il fallait depuis 30 ans pour lutter contre le chômage tient la route. En effet, qui peut nier que les politicien­s depuis fort longtemps ont surtout fait semblant de faire quelque chose ? À l’inverse, s’il a bien prononcé le mot « fainéant », la défense d’Emmanuel Macron s’effondre… Qui pourrait sérieuseme­nt prétendre que des politicien­s ne font rien alors qu’on les voit sans cesse s’agiter comme des diables dans un bénitier ? Le mot se serait alors bien adressé à la foule des opposants… On ne voudrait pas prendre partie, mais vraiment, nous, il nous a bien semblé entendre « fainéants » et pas « feignants ». Oui, décidément, le mot s’adressait donc bien aux opposants à la loi… Enfin, à moins que notre président ne maîtrise pas beaucoup plus le sens des mots que la portée de certains grands actes historique­s, lui qui pensent que l’Ordonnance de Villers-Cotterêts imposait à tous les habitants du royaume de parler français alors qu’il ne s’agissait que d’imposer la langue nationale dans les actes officiels… Eh oui ! Sale coup pour celui que s’affirmait comme un dieu romain, Jupiter : l’Ordonnance de Villers-Cotterêts a interdit le latin dans les écrits officiels. Et si l’on parle français dans toutes les chaumières aujourd’hui, ce n’est pas à François 1er qu’on le doit, mais bien à la Révolution et à la République…

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