Réparations à domicile : méfiez-vous des « artisans véreux »
Les escroqueries liées au dépannage à domicile pullulent avec des escrocs à l’imagination sans limite pouvant aller jusqu’à l’agression physique.
Un vendredi en fin d’aprèsmidi, Julien sort de son appartement melunais en claquant la porte…et en oubliant les clès à l’intérieur de son logement. Après avoir pesté, il recherche rapidement sur son smartphone un serrurier pouvant intervenir rapidement.
« Sur les pages jaunes, ils étaient nombreux à être à Melun mais en fait, dans la réalité, ils sont beaucoup plus loin »,
explique Julien. Le serrurier qui intervient tente d’ouvrir la porte avant de lui annoncer qu’il faut casser la serrure. Au final, l’addition se monte à plus de 800 euros ! « J’étais avec mes enfants, il était tard et je n’avais qu’une envie : rentrer chez moi »,
se remémore Julien coincé devant ce serrurier qui lui présente une note finalement salée. Mais quelques jours plus tard, Julien rappelle l’artisan, lui indiquant qu’il ne lui a pas fait signer de devis avant d’intervenir. Finalement, le serrurier accepte de ramener la facture à 600 euros pour éviter des poursuites. Julien, grâce à l’assurance de sa banque, parvient à se faire rembourser 500 euros. Ces exemples sont légion. Des consommateurs désemparés
Porte claquée ou clefs perdues, canalisation bouchée, panne électrique, vitre brisée… La DGCCRF et la Direccte Ile-deFrance lancent, avec le relais des préfectures, une campagne de communication afin de mettre en garde les consommateurs franciliens contre les escroqueries liées au dépannage à domicile.
« Les entreprises indélicates pullulent dans ce secteur. Elles inondent les boites aux lettres de prospectus à l’aspect officiel et se débrouillent pour être référencés sur le web pour mieux tromper le consommateur. Jouant sur l’urgence, les entreprises fournissent rarement des devis, effectuent souvent des travaux non nécessaires, facturent au prix fort leurs interventions et n’hésitent pas à jouer l’intimidation si le client rechigne à payer », explique la préfecture d’Ile-deFrance dans un communiqué.
L’imagination de ces dépanneurs peu scrupuleux est en effet sans limite quand il s’agit de faire payer le consommateur, d’autant que celui-ci est souvent désemparé face à l’urgence : absence de remise de devis avant l’exécution des travaux ou devis antidatés ; absence d’information sur les délais de rétractation ; encaissement des acomptes et réalisation immédiate des travaux en cas de remplacement d’équipements ; dégradation volontaire de matériel ou d’équipements pour surenchérir le coût de la réparation, rendre celle-ci impossible ou urgente ; tromperie sur les travaux réalisés ; remplacement complet d’équipements quand la réparation ne nécessite que le changement d’une pièce ou sous prétexte que celle-ci n’est plus disponible ; mensonge quant à un remboursement par l’assurance, le syndic ou le propriétaire ; surfacturation ou facturation de travaux non réalisées ou de pièces non fournies ; facture sans commune mesure avec les travaux réalisés sous prétexte d’intervention urgente, nocturne ou dominicale ; intimidation et menace verbale voire physique du consommateur pour qu’il règle sans délais les factures ; double encaissement en simulant l’échec d’une transaction par carte bleue pour exiger en plus un chèque ou un paiement en liquide ; usurpation d’identité… Un millier de plaintes en Ile-de-France Ces sociétés indélicates emploient souvent une main d’oeuvre pas ou peu qualifiée, qui tourne beaucoup et n’est pas toujours déclarée, ou travaillent avec des autoentrepreneurs qui interviennent en soustraitance. Organisées en réseaux, elles disparaissent aussi vite qu’elles sont créées ou déménagent pour échapper aux poursuites.
Les sociétés concernées font une publicité importante et agressive. Elles achètent du référencement sur internet pour apparaitre en tête des résultats des moteurs de recherche, s’offrent des espaces publicitaires dans les guides pratiques ou les annuaires professionnels, distribuent très régulièrement des cartes, des prospectus ou des calendriers avec leurs coordonnées dans les boîtes aux lettres. Leurs documents publicitaires ont l’apparence de publications officielles : elles utilisent le bleu blanc rouge, font référence à la mairie ou comportent de faux logos pour mieux induire le consommateur en erreur.
Le phénomène tend à augmenter, notamment dans les grandes villes. Ainsi, en 2016, les directions départementales de la protection des populations (DDPP) d’Ile-de-France ont reçu plus d’un millier de plaintes de personnes victimes de ces pratiques frauduleuses. Les 343 contrôles réalisés en Ile-de-France, en 2016, sur le secteur du dépannage à domicile ont donné lieu à 81 procèsverbaux, 11 injonctions, et 32 avertissements. Par ailleurs, les services d’enquête ont effectué des signalements aux Parquets concernant des faits de délinquance de droit commun. Les problèmes constatés sont en effet dans certains cas particulièrement graves : agressions physiques, abus de faiblesse ou d’ignorance, pratiques commerciales agressives, doubles encaissements, usurpations d’identité, etc.