Les bergers s’unissent pour valoriser la filière locale
Dix-huit éleveurs d’Ile-de-France ont créé une association, Les Bergers d’Ile-de-France, afin de mettre en lumière leur travail. Pour Nicolas Roch, leur président, c’est aussi un moyen de diversifier son activité.
Au milieu des champs, dans la ferme du Grand Hamel, des bêlements émanent d’un hangar agricole. Nous sommes bien arrivés à la bergerie de Nicolas Roch. En ce début d’automne, cet agriculteur de Saint-Barthélemy a bravé la bruine matinale pour s’occuper de ses trois cents ovins. Le fils de Michel Roch, maire du village, prend soin de son cheptel, qu’il entend valoriser à l’échelle locale. Depuis le mois de janvier, Nicolas Roch est le président des Bergers d’Ile-deFrance, une association qui vise à promouvoir la viande ovine en Ile-de-France.
« Avant, je vendais mes bêtes à une coopérative mais pas au juste prix. Je ne couvrais même pas mes charges »,
résume celui qui, avec dix-sept collègues, entend prouver que la viande produite localement est de qualité. Locavorisme, ventes directes et marque
Désormais, Nicolas Roch travaille avec l’abattoir de Jossigny et alimente les boucheries de Chenoise, près de Provins, et de l’Intermarché de La Ferté-Gaucher.
« Le prix pour les consommateurs est le même, mais je suis rémunéré au juste prix car j’ai enlevé les intermédiaires »,
précise-t-il. Nicolas Roch s’appuie notamment sur le locavorisme, une nouvelle tendance consistant à privilégier des produits locaux, tout en tenant compte d’un marché potentiel de plusieurs millions de consommateurs en Ile-de-France, pour promouvoir le savoir-faire de ce groupement. Aujourd’hui, le succès est tel que les Bergers d’Ile-de-France lanceront leur propre marque au prochain salon de l’Agriculture, à Paris. Les éleveurs ont déjà réçu le soutien de la Région, qui leur a versé une subvention de 20 000 euros. Une aide précieuse qui leur permettra de financer leurs projets et notamment l’élaboration du cahier des charges. Et il y a urgence à écouter Nicolas Roch : « Il y a cinquante ans, nous avions 100 000 ovins en Ile-de-France, contre environ 10 000 aujourd’hui. » D’où l’importance de « mettre en relation » les bergers pour obtenir des résultats de qualité. Faire une croix sur l’année 2016
Il s’agit aussi, pour les agriculteurs, de se diversifier et de sortir de l’impasse dans laquelle les moissons « catastrophiques » de 2016 les avaient enfermés. Un « coup de massue » et un
« élément déclencheur » pour le lancement de l’association, avoue Nicolas Roch. Mais ce dernier avait déjà franchi le pas en 2006 en installant une bergerie au sein de son exploitation céréalière :
« Mon père avait quelques brebis. C’est un atelier intéressant de diversification. »
Il s’avère que ces deux activités sont complémentaires, les ovins étant nourris avec des produits de l’exploitation. Un cas isolé ? Non. À l’extrême sud du département, à Aufferville, Vincent Morisseau, autre membre des Bergers d’Ile-de-France, expliquait récemment à nos confrères de La République de Seine-et-Marne : « L’élevage s’intègre parfaitement dans une exploitation céréalière et valorise au mieux ce que l’on appelle les sous-produits ainsi que les terres pauvres. Chez moi, je cultive des betteraves, dont la pulpe, sans sucre, est donnée à manger aux brebis. C’est un très bon aliment pour l’hiver. Je fais également pousser de la luzerne, qui capte l’azote de l’air pour le restituer au niveau de ses racines. Une fois que les moutons les mangent, il en résulte un sol bien fertilisé et idéal pour produire du blé, sans engrais, et du coup avec un bilan carbone positif. »
Le succès semble être au rendez-vous pour les Bergers d’Ile-de-France, qui espèrent ouvrir la voie à d’autres initiatives. Nicolas Roch :
« Notre marque est déclinable sur l’ensemble des viandes, pas que ovines. »