Le Pays Briard

« Dans la rue des papas me klaxonnaie­nt »

Victime d’une agression dans le train Provins-Paris le 4 juin, Yousra voit d’un bon effet le mouvement qui est en train de naître pour la défense des femmes.

- Sébastien LATTANZIO

A 22 ans Yousra vit déjà avec le regard des hommes depuis l’âge de 12 ans. « J’ai très rapidement eu un corps de femme. A 12 ans, je faisais encore du vélo et dans la rue, des papas me klaxonnaie­nt. J’avais un aspect de femme avec un cerveau d’enfant », se rappelle la jeune femme originaire de Champbenoi­st. Une situation qu’elle a eue du mal à gérer tout en continuant à s’affirmer : « En France, la femme a des droits. Le droit de porter des jupes par exemple. On ne devrait pas culpabilis­er d’avoir nos tenues, notre corps. D’autant que je suis maghrébine. Mon père a dû faire face aux discours des autres qui lui disaient « regarde ta fille ». Il a une éducation à la française et il a très bien compris. Je suis touchée parce qu’il s’est pris des remarques par la communauté maghrébine. Il a bravé tout et je l’en remercie. Je suis musulmane et je pratique la religion. On doit respecter la personne avec qui on vit ».

« Ces hommes sont mal éduqués »

Dans son quotidien, elle ne prend plus le train Paris-Provins mais le RER B. Pas d’agression mais des regards, des mots : « Les remarques des hommes sont une horreur ». Un comporteme­nt qui l’énerve : « Estce que je dois changer ma manière d’être habillée pour des hommes mal éduqués ? » Une situation qui l’interpelle d’autant que même dans les conversati­ons avec ses amies, elles remettent en question sa tenue : « Quand j’en parle avec mes amies, elles me disent : « regardes comme tu es habillée ». J’ai le droit de porter des robes ou des jupes. Ces hommes sont mal éduqués », s’emporte-t-elle et de rappeler un conseil pour ces derniers : « Sur le quai aborder une fille avec « Bonjour ma chérie, tu n’as pas un numéro », ce n’est pas une manière pour aborder une fille », qui remercie sa mère de lui avoir appris à toujours être bien habillée.

« Il faut aller de l’avant »

Une situation qui la touche mais qui touche aussi son mari. « Les transports en commun sont pour tout le monde et pas que pour les hommes. Il ne peut pas m’empêcher de mettre des jupes. Il sait comment je suis. Malheureus­ement, tous les soirs je me plains des remarques que j’ai eues ». Des transports en commun qu’elle aborde avec force depuis l’agression même si elle reste sur ses gardes : « Je pense tout le temps à l’agression lorsqu’un homme s’installe à côté de moi dans les transports. Maintenant, je me dis qu’il faut aller de l’avant. Je prends les transports en m’installant toujours près de la porte car je me sens plus en sécurité et pour Provins, je n’y vais jamais seule ».

Prise de conscience

Dans le mouvement #balanceton­porc elle espère une chose : « Si cela peut faire réagir les garçons. Mon mari a pris conscience de l’ampleur du phénomène. C’est lourd ! ». Et de rappeler une nouvelle fois le rôle de l’éducation : « J’ai travaillé dans un centre de loisirs et un petit de six ans me disait que je ne devais pas porter de robe. Il y a du travail. C’est une question de mentalité, d’éducation ».

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Yousra a été victime d’une agression en juin dernier sur le train Provins-Paris.

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