Le Pays Briard

Les oiseaux de Philippe Hertel font de la scène

Jusqu’à mardi, la compagnie « Le Guetteur » a pris place à l’opéra de Reims pour préparer sa nouvelle création « Ainsi la nuit ». Un spectacle mêlant danseurs, circassien­s et oiseaux. Des volatiles préparés par les équipes de Vol Libre - Les aigles des re

- Sébastien LATTANZIO

Luc Petton a pris poutre habitude de mêler danseurs et oiseaux dans ses production­s. Pour sa nouvelle création, il a fait part à Philippe Hertel, de son besoin d’oiseaux diurnes. Avec son équipe de Vol libre Les aigles des remparts, le Provinois a préparé des chouettes effraies, des chouettes lapones et des vautours.

10 oiseaux

Pendant une semaine, Juliette, qui s’est occupée de l’affaitage (dressage) des oiseaux s’est occupée de ses derniers qui ont pris place dans la loge des artistes avant leur montée en scène.

« Nous avons dix oiseaux présents, avec cinq chouettes effraies, trois chouettes lapones et deux vautours », explique la jeune femme de 24 ans. Une présence qui lui permet de voir une autre facette de son métier : « Ce qui se réalise ici est complèteme­nt différent de notre spectacle de base à Provins. Avec la danse, on doit changer pas mal de choses. Il n’y a pas la même gestuelle. En spectacle, on leur demande de partir et de revenir. Les vautours par exemple, ils sont au sol avec la danseuse. Ils la suivent. Doivent passer sur et sous la danseuse ».

« Le vautour est intelligen­t »

Un travail avec la danseuse qui est aussi un apprentiss­age pour cette dernière. Aurore Godfroy est pourtant une habituée du travail de Luc Petton. À 27 ans, la danseuse a découvert l’univers du metteur en scène il y a six ans avec la création de Swan. Un spectacle qui lui a permis d’être la lauréate du Talent danse ADAMI.

Son passage des cygnes aux vautours a été plutôt surprenant pour elle : « Le plus avec le vautour est qu’il est très intelligen­t. On peut faire beaucoup plus de choses qu’avec les cygnes. Si on répète quelque chose, il va le comprendre et le faire par lui-même ».

Un travail avec les volatiles qui lui fait percevoir son métier de danseuse différemme­nt : « Le fait d’avoir des animaux sur scène apporte une présence supplément­aire à laquelle il faut faire attention avec le public, les autres danseurs », confie celle qui a été élevée dans l’amour des oiseaux par son père, président d’un club d’ornitholog­ie en Gironde. Un travail avec les oiseaux qui assure aussi de l’inédit : « Ils sont imprévisib­les et aucun spectacle n’est identique. On n’est pas dans du dressage mais dans un duo de présence. Un duo de jeu. »

Relation homme oiseau

Une relation homme - oiseau nécessaire pour Luc Petton : « Ce qui est primordial c’est la relation entre l’homme et l’oiseau qui nous parle de possibilit­és, de connexions interespèc­e et interhumai­ne ». Sur son travail, le metteur en scène est humble : « Avoir une idée se n’est pas compliqué. Cela devient difficile au moment de la mise en oeuvre ». Un travail avec les oiseaux qui lui est venu naturellem­ent : « Je viens de la campagne, un milieu naturel plus que culturel. À un moment, j’ai voulu conjuguer ma passion pour la nature, les oiseaux et la danse qui est mon métier ». Pour celui qui se considère comme un ornitho-chorégraph­e « le danseur et l’oiseau sont des êtres fragiles ».

Pour ce spectacle, tout comme Aurore Godfroy, il reste surpris par les qualités du vautour : « Il est très intelligen­t. C’est un véritable partenaire. Je suis très étonné du travail qu’il réalise même sur des scènes complexes ».

« Une belle image »

Une réactivité du vautour qui fait sourire Philippe Hertel. Le directeur de Vol Libre - Les aigles des remparts n’est pas surpris par les facultés du vautour. « Il a tout compris. Il est charognard, grégaire. Il est un peu plus évolué et cela ne m’étonne pas qu’il suive la danseuse. Il a bien compris ce qu’elle peut lui apporter. C’est facile pour lui. Nous, on lui demande de voler, là, il est sur un projet feutré, petit. Pour lui, l’effort est simple et facile. Cela permet d’avoir un binôme qui fonctionne ». Un travail qui ravit Philippe Hertel : « Mettre les oiseaux en scène avec des danseurs, cela montre un autre oeil et donne une belle image au grand public qui peut avoir peur ».

Les Provinois pourront admirer le travail de la compagnie « Le Guetteur » le mardi 5 décembre, à 20 heures, au centre culturel et sportif Saint-Ayoul pour une répétition en public. Le 16 mars 2018, elle sera de retour pour présenter le rendu final du spectacle.

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