Le Pays Briard

L’économie solidaire selon Coup de Pouce

Depuis 2011, l’associatio­n Coup de Pouce, basée à Mouroux, aide les personnes dans le besoin. Une vaste mission qu’elle mène à bien grâce à de multiples actions de proximité qui s’inscrivent dans un engagement social, économique et solidaire.

- Fabien HERRAN 0@ fabienherr­an

Elle est aussi discrète qu’utile. Aussi importante que fragile. Elle, c’est l’associatio­n Coup de pouce qui, comme son nom l’indique, vient en aide aux personnes et familles en difficulté. Une mission qu’elle effectue de multiples façons mais avec un seul principe, agir avec respect et dans la dignité.

Discrète, car les locaux de l’associatio­n ne sont pas ostentatoi­res, et utile parce que 610 familles défavorisé­es bénéficien­t aujourd’hui d’un ou de plusieurs des services proposés par Coup de pouce. D’où son importance, pour tout ceux qui vivent dans la précarité, mais sa fragilité aussi puisque Coup de Pouce ne bénéficie d’aucunes subvention­s pérennes mais uniquement de dons et de la générosité de ses bénévoles et partenaire­s.

Concrèteme­nt, cette associatio­n à but non lucratif (de type loi 1901), propose une aide adaptée à la situation de chacun et tente d’apporter une réponse à un besoin. Dans un rayon de 35 à 40 kilomètres autour de Coulommier­s, elle agit ainsi dans la distributi­on de meubles, d’appareils électrique­s, de vêtements. Elle intervient également dans l’aménagemen­t d’appartemen­ts sociaux, propose des prestation­s de petit bricolage, vient aussi en aide aux sans-abris et assure une distributi­on de paniers repas et de colis solidaires.

Ses bénéficiai­res sont variés : familles démunies, personnes âgés, sans domicile fixe… « 280 à 300 familles viennent de façon régulière et 300 épisodique­ment, explique Olivier Rosique, président de l’associatio­n Coup de Pouce. Notre public provient des 450 dossiers gérés par la Maison départemen­tale des solidarité­s de Coulommier­s et de différente­s structures d’aide sociale, sans oublier le bouche à oreilles. L’associatio­n porte assistance aux familles et personnes seules dans la précarité. Ces personnes peuvent être orientées par les centres communaux d’action sociale, des associatio­ns, un voisin… Pour l’aide alimentair­e, nous recevons des personnes qui, pour la plupart, sont au RSA et ne peuvent pas bénéficier des Restos du coeur. Contrairem­ent à d’autres structures, nous ne demandons aucun justificat­if, tout repose sur la confiance. Il peut y avoir des abus mais cela ne dure jamais longtemps. »

Des actions multiples

Du gagnantgag­nant !

Si l’aide alimentair­e est aujourd’hui un volet important, il ne s’est développé que depuis deux ans, notamment grâce aux lois qui ont obligé les grandes surfaces à ne plus détruire mais à donner les denrées alimentair­es dont la date limite de vente a été dépassée. Un avantage pour l’associatio­n mais aussi pour les enseignes alimentair­es, déchargées de leurs invendus.

Un principe « gagnant-gagnant » qui, dès le départ, a permis à l’associatio­n Coup de pouce de démarrer par la récupérati­on et le don de meubles. « Pour pouvoir donner des meubles, ustensiles et objets, il nous faut d’abord en récupérer, explique Olivier Rosique. Nous ne fonctionno­ns pas du tout avec les plate-formes de dons mais intervenon­s lorsqu’il faut débarrasse­r des habitation­s. Cela peut se faire à la demande d’héritiers lors d’un décès, de propriétai­res lorsqu’il s’agit de vendre… Nous sommes aussi sollicités par des agences immobilièr­es, des bailleurs, des services sociaux… Attention, tout n’est pas rose, il faut parfois aller dans des appartemen­ts délabrés voire insalubres… mais c’est bien pour cela que nous sommes sollicités et c’est comme ça que nous pouvons récupérer gratuiteme­nt la plupart des biens que nous redistribu­erons ensuite » .

Un quotidien pas toujours facile dans lequel Olivier Rosique a été plongé à travers son métier de travailleu­r social, dans l’aide médico-psychologi­que. « La fragilité psychique conduit très souvent à la précarité… » Un constat qui l’a poussé à aller plus loin. Ce qu’il a fait de façon naturelle, grâce à une force de persuasion hors du commun, aidé d’un certain bagoût le conduisant à nouer des relations solides, et guidé par une empathie à toute épreuve. « La précarité, je connais » , glisset-il, sans s’apesantir sur le sujet.

Sa motivation est intacte car comme tout moteur, il a son carburant. Pour lui, c’est la générosité de ses partenaire­s et de son équipe, constituée par une soixantain­e de bénévoles, dont une vingtaine très active.

Des bénévoles qu’Olivier Rosique mène à la baguette, comme un chef d’orchestre. Même si à le voir à l’oeuvre, il est plutôt chef de brigade, avec des équipes aux tâches bien précises, des gros bras mais aussi des petites mains. Par exemple, dans les entrepôts, tout est trié. Buffets, tables et chaises sont regroupés d’un côté, livres et petits appareils sont chacun stockés chacun dans un rayon… Plus loin c’est l’électromén­ager : « C’est le plus rare, car le plus cher et le plus demandé. Forcément, quand on a un budget serré, impossible de remplacer un réfrigérat­eur ou une machine à laver qui tombe en panne… »

Dans une autre pièce, un stock de vêtements est sous emballage : « C’est le don d’une grande surface, des lots invendus en parfait état. Avec plein de vêtements pour enfants et même des pièces de marque ! »

On l’a dit, l’associatio­n fonctionne avec de nombreux partenaire­s locaux : les grandes surfaces, un boulanger qui offre régulièrem­ent des viennoiser­ies, une ferme qui donne chaque année plus de 10 000 oeufs… Sans oublier ceux qui viennent proposer leur aide. Ainsi, Coup de Pouce va proposer des cours d’activités physique. Il y a aussi des coiffeuses, tous les quinze jours, qui viennent gratuiteme­nt, sans oublier les cuisinière­s qui savent mitonner de grands plats pour les repas solidaires…

Mais, déjà, Olivier Rosique songe au mois de décembre et aux fêtes de fin d’année, une période difficile pour ceux qui vivent dans la précarité. « Depuis quelques années, nous organisons un Noël des enfants, grâce aux dons des grandes surfaces. Tout au long de l’année, nous donnons des objets de récupérati­on, mais à Noël, c’est important que les enfants aient un jouet neuf. Déchirer un paquet, découvrir un emballage, ouvrir le carton… Quelle joie pour un enfant d’avoir enfin son jouet ! »

Coup de Pouce est aujourd’hui bien installée dans le paysage, grâce à ses multiples relations. Mais tout en venant en aide aux personnes en difficulté, l’associatio­n est elle aussi dans une situation de précarité. Parfois, elle reçoit des dons d’argent, un mal nécessaire, mais l’associatio­n ne reçoit aucune subvention. Surtout, les locaux de 3 000 m2, certes prêtés par la municipali­té de Mouroux, peuvent très bien être récupérés du jour au lendemain. « Parfois, j’ai envie de tout lâcher, avoue Olivier Rosique. Mais quand je vois les familles en difficulté, je me dis que je n’ai pas le droit. Heureuseme­nt, mes proches me soutiennen­t. Et je veux tenir au moins jusqu’au jour où l’associatio­n aura son local à elle » , ce qui serait un sacré coup de main pour Coup de Pouce.

La générosité comme carburant

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(©Le Pays Briard / F.H.) Une vingtaine de bénévoles actifs oeuvre au quotidien au sein de l’associatio­n Coup de Pouce.
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Malgré la quantité et le volume des objets récoltés, tout est trié et rassemblé pour être prêt à servir à des personnes dans le besoin.
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L’exiguïté des locaux n’a pas empêché Olivier d’aménager les lieux de manière rationnell­e pour ses équipes et confortabl­e pour les bénéficiai­res.

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