Le Pays Briard

Les visiteurs de prison veulent donner la parole aux « oubliés de la société »

Dans le cadre des journées nationales Prison, du 20 au 26 novembre, les acteurs de l’interventi­on en milieu carcéral évoquent cette année les « oubliés de la société ». La lutte contre l’isolement des détenus est justement l’une des missions des visiteurs

- Julien VAN CAEYSEELE 0@ JulienVanC

« Les personnes incarcérée­s sont les oubliés d’une société qui ne veut plus les voir. Tout le monde veut oublier la prison : ses murs, ses bâtiments, les personnes qui y travaillen­t mais aussi celles qui y vivent. » Le constat est signé du groupe local des visiteurs de prison de Réau qui participen­t, du 20 au 26 novembre, aux 24es journées nationales Prison, dédiées cette année aux détenu(e) s, les « oubliés de la société. »

« Isolement »

Une mission à laquelle s’attachent quotidienn­ement les visiteurs de prison. « Notre ambition c’est notamment de rompre l’isolement des détenus » , confie Didier, l’un des visiteurs du centre pénitentia­ire du sud-Francilien. Des visites qui sont toujours sollicitée­s par le (la) détenu(e) et qui restent confidenti­elles, l’entretien étant réalisé au parloir des avocats.

« La mission principale c’est l’écoute, montré qu’il peut être écouté par la société, qu’il n’est pas oublié souligne-t-il. Il faut respecter la liberté de parole et aussi l’intimité. » La plupart du temps, la conversati­on porte d’ailleurs sur d’autres sujets que l’incarcérat­ion : « À moins qu’ils l’évoquent eux, on ne connaît pas le motif de leur peine. »

Manque de bénévoles

En France, l’associatio­n nationale des visiteurs de prison compte 1200 bénévoles qui travaillen­t dans 190 établissem­ents répartis en métropole et en outre-mer. Au niveau local, ils sont une dizaine à intervenir au centre pénitentia­ire du sudFrancil­ien.

« Il y a malheureus­ement une liste d’attente pour les détenus car nous ne sommes pas assez nombreux » , indique ce visiteur de la prison de Réau. Et d’ajouter : « Avec quelque 800 détenus à Réau, il faudrait 40 visiteurs pour bien faire. »

Pour ce visiteur, les qualités primordial­es pour devenir bénévoles sont l’écoute, l’humanité mais aussi l’adaptation aux situations. Avant de commencer les visites en détention, les bénévoles reçoivent une formation de trois jours.

Régulièrem­ent, des groupes de paroles sont aussi proposés aux visiteurs « pour libérer leur parole car le monde carcéral peut aussi créer un choc. » Parmi les profils, ce membre du groupe local appelle aussi à la diversific­ation : « Il y a beaucoup de retraités ce qui tranche avec la jeunesse des détenus : il faudrait plus d’actifs pour un meilleur reflet de la société. »

Confiance

Mais la difficulté est aussi de s’adapter aux horaires puisque les bénévoles intervienn­ent à Réau de 9 heures à 17 heures, sauf le mercredi et le week-end, les parloirs étant aussi utilisés par les familles.

« Notre mission est différente, nous sommes une oreille extérieure et la relation se construit autour de la confiance », insiste Didier. Dans un témoignage de détenu recueilli par le groupe local, G* indique que les visiteurs sont « d’autant plus importants si on n’a pas ou très peu de visites. […] Dans ce monde de solitude qu’est l’univers carcéral, c’est important de se sentir, même pendant un moment, moins isolé. »

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(©RSM77/JVC) A Réau, les visiteurs de prison manquent de bénévoles pour écouter les détenus
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