Vitesse limitée à 80 km/h : ça se précise !
Le premier ministre y est favorable, la sécurité routière envoie une note aux préfets : tous les signaux sont au vert pour réduire la vitesse autorisée à 80 km/h au lieu de 90 sur certaines routes nationales et départementales. De nombreux automobilistes
« 3 500 personnes meurent sur les routes en France chaque année et 72 000 sont blessées à la suite d’accident. Le gouvernement a décidé de prendre ce dossier à bras le corps et organisera en janvier un comité interministériel ain de prendre et d’annoncer des mesures fortes, emblématiques qui doivent nous permettre d’améliorer la situation » , annonce le Premier ministre, Edouard Philippe, évoquant notamment « la limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes bidirectionnelles nationale ou départementales. A titre personnel, j’y suis favorable car je sais que deux tiers des accidents se concentrent sur ces tronçons. Si l’on veut obtenir des résultats, c’est sur ce facteur qu’il faut jouer. L’objectif ce n’est pas de punir, il s’agit de prévenir. » Le signal est donné pour l’abaissement de la limitation de vitesse à 80 km/h au lieu de 90 sur les routes ayant une voie de circulation dans chaque sens mais pas de séparateur central, soit 40 % du réseau routier français. Dans la foulée, la direction de la sécurité routière (DSR), rattachée au ministère de l’Intérieur, adresse une note aux préfets. Rendu publique par Moto-Net.com, le journal moto du net qui se l’est procuré, ce document précise que « cette portion du réseau routier est celle sur laquelle les accidents mortels sont les plus fréquents : en 2016, plus de la moitié de la mortalité routière (55 %), soit 1 911 personnes tuées, est survenue sur les routes bidirectionnelles hors agglomération, majoritairement limitées à 90 km/ heure. » Selon la DSR, d’autres arguments plaident pour la baisse des vitesses maximales autorisées : « À 90km/h, la distance d’arrêt est de 81 mètres, c’est-à-dire 25 mètres de distance parcourue pendant le temps de réaction, ainsi que 56 mètres de distance de freinage. À 80km/h, elle chute à 64 mètres, soit 22 mètres pour le temps de réaction et 42 mètres de freinage. » D’autre part, en roulant à 80 km/h au lieu de 90, « il est économisé en moyenne 120 par an en carburant » pour seulement 45 secondes de plus passées sur la route pour un trajet de 10 km ou 3 minutes sur 40 km. Expérimentation contestée Depuis le 1er juillet 2015, trois sections de routes nationales ont fait l’objet d’une expérimentation en ce sens, avec pour effet une diminution des vitesses moyennes de 2 à 9 km/h et pas de bouchons supplémentaires. La DSR relève « une accidenta
lité amorcée à la baisse » , en admettant néanmoins que « la période considérée et le faible nombre de kilomètres concernés sont cependant trop réduits pour pouvoir en tirer des conclusions déinitives. » Pas de quoi rassurer l’association 40 millions d’automobilistes regrettant « le secret qui semble entourer les résultats de l’expérimentation et la prise de position publique du Premier ministre en dehors de tout débat démocratique » . Son président, Daniel Quéro, et son délégué général, Pierre Chasseray, souhaitent une consultation des parlementaires sur le sujet. Car, écrivent-ils aux sénateurs, « ce qui se proile, c’est bel et bien une prise de décision arbitraire, par décret, sans concertation avec les principaux acteurs de la mobilité et de la sécurité routière : les usagers de la route, leurs représentants et leurs élus locaux. Les territoires sont pourtant au coeur de cette mesure, qui toucherait de plein fouet et en premier lieu les zones rurales et mettrait à mal leur dynamisme, leur attractivité et donc leur économie. » 40 millions d’automobilistes justifie son opposition à cette réduction de la limitation de vitesse par « une forte augmentation de la mortalité routière en Haute-Saône en 2017, malgré l’expérimentation du 80 km/h qui y a lieu, ainsi qu’une enquête réalisée par nos soins au Danemark sur une expérimentation de la hausse de la limitation de vitesse de 80 à 90 km/h dont les résultats sont positifs et devraient mener, dans les années à venir, à la généralisation du 90 km/h. » L’association a réactivé une pétition en ligne ayant recueilli un million de signatures en 2013 et qui en compterait désormais 500 000 supplémentaires.