Le futur parc valorisera les forêts briardes
En cours d’élaboration, le Parc naturel régional de la Brie et deux Morin accordera une importance particulière à la filière sylvicole. Très importante sur le périmètre du futur PNR, elle doit créer de nombreux emplois.
Depuis la fin d’année 2017, les quatre-vingt-trois communes du Parc naturel régional de la Brie et deux Morin nomment à tour de rôle des référents sylvicoles. Les élus mesurent peu à peu le potentiel économique de la syvilculture, qui s’avère un élément structurant à part entière du PNR. Samuel Coquin, qui dirige la création du parc, est conseillé en ce sens par Rémi Foucher, un cardiologue qui, à ses heures perdues, troque sa blouse blanche contre ses habits d’exploitant forestier. Passionné par la forêt, ce Briard d’adoption lutte contre ce qu’il appelle une « absurdité » : « En France, la filière bois est le premier poste déficitaire alors que le pays possède la plus grande forêt feuillue d’Europe. C’est comme si nous disions que le Koweit ne produit pas de pétrole ! » La France, et la Seineet-Marne en particulier, possède un joli patrimoine forestier : 130 000 hectares, dont 96 000 privés, selon Rémi Foucher. Mais ces terres ne sont que trop peu exploitées.
Hormis quelques menuisiers, aucune industrie de transformation du bois n’est présente en région parisienne. Pour expliquer ce phénomène, Rémi Foucher dénonce, pêle-mêle, le morcellement parcellaire qui rend le patrimoine forestier illisible, avec des propriétés souvent vacantes, ou les tarifs trop bas. « En Ile-de-France, le bois de qualité est envoyé à l’étranger (notamment en Chine) puis il revient sous la forme de produits transformés. Du coup, la plus-value échappe aux forestiers » , affirme le Dr Foucher. Une stratégie d’export qui tiendrait aussi dans la mentalité des propriétaires : « Les gens achètent des forêts pour tout un tas de raisons mais pas pour les exploiter, plutôt pour la chasse, leur patrimoine… Ils n’ont pas une vision entrepreneuriale. Or, la forêt doit être une entreprise comme une exploitation agricole, non comme un tableau qu’on accroche au mur et qu’on transmet aux générations futures. »
Prenant le contre-pied de ces propriétaires, Rémi Foucher a construit une ferme forestière où un bûcheron s’occupe de l’entretien des bois, propose à la vente des bûches et contribue à la restructuration de la forêt balayée par des tempêtes successives.
« Un tableau qu’on accroche au mur »
Emplois, référents et cartographie
Pour lui, la filière sylvicole est un vecteur d’emplois à ne surtout pas négliger : « 200 hectares crééent un emploi pour leur entretien régulier et leur mise en valeur. En Seine-etMarne, cinq cents emplois peuvent potentiellement être créés. » Et de poursuivre : « La ressource et la demande sont là ! La population est croissante et le bois peut être utilisé dans l’ameublement, la menuiserie ou dans l’énergie avec les bûches et les granulés pour les particuliers. » Autant d’arguments qui ont convaincu les acteurs du PNR de l’importance de la filière sylvicole.
À ce jour, les conseils municipaux sont appelés à nommer des référents sylvicoles. Ceuxci devront élaborer une cartographie forestière, recenser les parcelles et leurs propriétaires. Cette prochaine étape, qui se veut « pédagogique » , dixit Samuel Coquin, visera à mettre en lumière « le potentiel forestier du territoire » avant d’envisager « le remembrement des parcelles » et de proposer des formations pour les exploiter. Le PNR attend encore l’avis d’opportunité, espéré durant le premier semestre, qui lui permettra de lancer les grandes manoeuvres.