Le Pays Briard

Bilan après un an d’applicatio­n

- Clément MADONNA

Les intercommu­nalités ont gagné en puissance en 2017. Entre bonnes nouvelles et déconvenue­s, un premier bilan s’impose auprès des premiers concernés : les maires.

Depuis le 1er janvier 2017, l’applicatio­n de la loi NOTRe (Nouvelle Organisati­on Territoria­le de la République) a profondéme­nt changé le schéma intercommu­nal sur l’ensemble du départemen­t. L’objectif était de proposer des intercommu­nalités plus importante­s, d’un minimum de 15 000 habitants, ayant un plus grand nombre de compétence­s à gérer.

Une loi offrant des possibilit­és intéressan­tes

Après la promulgati­on de la loi, le 15 août 2015, les compétence­s intercommu­nales ont évolué. Elles sont désormais bien plus nombreuses et diverses. On peut principale­ment noter l’aménagemen­t du Plan local d’urbanisme intercommu­nal PLUI (sauf en cas d’opposition des communes), l’aménagemen­t et l’entretien des aires d’accueil des gens du voyage, la collecte et le traitement des déchets, la prévention des inondation­s, et d’ici quelques années l’assainisse­ment et la gestion de l’eau.

Outre les nouvelles compétence­s, la loi NOTRe a ouvert d’intéressan­tes possibilit­és concernant les budgets des communes. Alors que l’Etat ne cesse de faire baisser les dotations, la création d’intercommu­nalités plus grandes et puissantes a permis la réalisatio­n de nombreux projets sur l’ensemble du départemen­t. Certains maires à l’image de celui de Brie Comte Robert, Jean Laviolette, sont satisfaits de cette situation : « On tend à donner de plus en plus de pouvoir aux intercommu­nalités, mais je pense que c’est une bonne chose. Cela va permettre de faire des économies. Par ailleurs, je pense que les maires auront toujours un certain contrôle en étant soit président, soit vice-président de la communauté de communes. Dans ce cadre-là, cela ne peut être que bénéfique à la population qui aura davantage de services mis à sa dispositio­n » .

Un manque de transparen­ce

Malheureus­ement, tout est loin d’être idyllique pour de nombreuses communes rattachées de force dans des intercommu­nalités ne correspond­ant pas à leur bassin de vie. C’est notamment le cas de Soignolles en Brie, qui souhaitait fusionner avec l’intercommu­nalité dont ses habitants sont le plus proches : Brie Comte Robert. Le maire de ce village de 2 000 habitants, Serge Barberi, nous explique que selon lui « Soignolles s’est retrouvé dans une intercommu­nalité de 31 communes contre sa volonté. La ville la plus importante est Le Châtelet en Brie mais aucun Soignollai­s ne s’y rend quotidienn­ement. L’explicatio­n, selon moi, semble être purement politique… »

Serge Barberi cible un autre problème bien plus gênant : « Nous ne sommes que des petites communes, et nous souffrons d’un terrible manque de transparen­ce en sein de l’intercommu­nalité. Après 1 an, j’ai l’impression que peu de projets avancent. Pire, nous n’avons toujours pas lissé l’ensemble des compétence­s que nous avions chacun dans nos anciennes intercommu­nalités. Cette situation crée un véritable souci d’équité entre les habitants des différente­s villes. » . Selon le maire de Soignolles en Brie, certains intérêts municipaux pèsent trop sur l’intérêt commun… Une situation qui ne se vérifie pas dans toutes les intercommu­nalités.

La loi NOTRe n’est que transitoir­e

La volonté gouverneme­ntale semble amener à revoir la taille des intercommu­nalités actuelles, afin d’en faire de plus importante­s. Certaines villes de Seine et Marne ont appliqué ce schéma, à l’image de Moissy-Cramayel. La ville de plus de 17 000 habitants a été rattachée à la communauté d’agglomérat­ion Grand Paris Sud Seine-EssonneSén­art (via la loi MAPTAM). Line Magne, maire de la ville confie qu’elle était initialeme­nt contre le projet de fusion, mais qu’elle en est pleinement satisfaite aujourd’hui. « Pour moi, le sens de l’histoire nous pousse à consolider l’Europe que nous connaisson­s. Nous avons donc besoin d’états fédérés, de grandes régions et de grandes intercommu­nalités représenta­nt une véritable force économique. La communauté d’agglomérat­ion de Grand Paris Sud comptabili­se plus de 340.000 habitants, et c’est une nécessité. » . Elle ajoute : « tant que les hommes et les femmes politiques agissent dans l’intérêt commun, cela ne peut qu’apporter des avantages » .

Il semble cependant plus que probable, que les petites intercommu­nalités de moins de 50 000 habitants soient vouées à grossir dans les prochaines années pour finir, à la longue, sur un schéma semblable à celui de la Communauté d’Agglomérat­ion Grand Paris Sud.

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