« La prison de Réau, c’est une cocotte-minute en train de siffler »
Les surveillants de la prison de Réau manifestaient lundi 15 janvier, dans le cadre de l’opération nationale « blocage total », après l’agression de quatre gardiens par un détenu djihadiste, à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais).
« Je viens au travail avec la peur au ventre. Le matin, j’embrasse ma famille avec l’incertitude de les revoir le soir. Car nous sommes en insécurité permanente et notre direction, le ministère ne nous entendent pas ». « L’administration désavoue son personnel ». « La prison, en France, c’est un pansement sur une jambe en bois ». Ils ne mâchent pas leurs mots les gardiens de Réau. La colère monte, en effet, chez les représentants de l’Union fédérale de l’administration pénitentiaire (UFAP). Les surveillants de la prison de Réau ont manifesté lundi 15 janvier devant l’établissement, en soutien à leurs collègues de Vendinle-Vieil (Pas-de-Calais) où quatre gardiens ont été agressés par un détenu djihadiste, la semaine dernière.
Des détenus radicalisés
Les surveillants dénoncent des conditions de travail, un manque de moyen financier mais aussi humain et technique. « À Réau, on accueille de gros profils, la crème de la crème, des grands criminels médiatisés et qui, pour certains, n’ont plus rien à perdre et, à côté de ça, nous souffrons d’un manque cruel d’agents », commente un surveillant. À Réau, ils devraient être 300 gardiens. Une trentaine manque encore à l’appel.
« Je comprends la colère des surveillants qui me paraît légitime. Ils exercent un métier difficile et dangereux et nous essayons de restreindre ces dangers au maximum, pointe Arnaud Soleranski, le directeur de l’établissement. Il manque encore des agents mais les effectifs vont en s’améliorant et les organigrammes sont néanmoins respectés. Nous avons les moyens de fonctionner. »
Un avis que ne partagent par les surveillants en grève. « Avec un sifflet et des clefs, on ne peut pas faire grandchose. Résultat : depuis que la fouille et la palpation sont devenues aléatoires, les prisonniers gèrent leur business dans l’enceinte de la prison, en toute impunité. Nous n’avons pas les moyens de les gérer et d’exercer notre mission correctement. Ce qui prédomine, c’est le système D, s’énerve une surveillante avant de conclure, La prison de Réau, c’est une cocotte-minute en train de siffler ! »
Une grève reconductible
Rappelons que le mercredi 10 janvier au centre pénitentiaire de Réau, un détenu avait violemment frappé des agents a la suite de son parloir, comme l’indique le site Actu Pénitentiaire. Alors que les surveillants ont dû le maîtriser pour l’emmener au quartier disciplinaire, le détenu se serait rebellé, donnant plusieurs coups de pied à une surveillante au niveau du genou. Il aurait également frappé un gradé au tibia.
La journée prison morte s’est déroulée un peu partout en France et notamment, en Île-de-France, à Nanterre, Réau, Meaux, Poissy ou encore Ville- pinte et Fresne. Trois syndicats de surveillants pénitentiaires, Ufap/Unsa Justice (majoritaire), la CGT et FO, ont lancé ce mouvement de grève reconductible. Alors, qu’à Vendin-le-Vieil, le directeur de la prison annonce sa démission.