Le Pays Briard

Le Départemen­t veut être maître de son avenir… dans la Métropole !

À l’occasion de la période des voeux et à l’heure où le projet de refonte de la Métropole du Grand Paris remet en question le statut des différente­s collectivi­tés en Ile-de-France, le conseil départemen­tal de Seine-et-Marne souhaite faire entendre sa voix

- Fabien HERRAN

Alors que le Président de la République, Emmanuel Macron, doit trancher sur la dimension à donner à la Métropole du Grand Paris, que la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, et la maire de Paris, Anne Hidalgo, ont des visions différente­s sur le sujet et que le Préfet de Région, Michel Cadot, envisage différents scénarios visant chacun à redélimite­r les périmètres ou les compétence­s des différents échelons territoria­ux, le départemen­t de Seine-et-Marne, lui, a désormais décidé d’affirmer sa voix en son nom propre.

Bien entendu, des conférence­s communes avec les autres présidents des départemen­ts de la grande couronne parisienne ont déjà donné lieu à des prises des positions. Mais, cette fois, fort d’un bilan de mi-mandat et s’appuyant sur un livre blanc, présenté officielle­ment le 8 mars 2017, et intitulé « 2030, l’Ilede-France de tous les possibles » , l’exécutif du Conseil départemen­tal, présidé par Jean-Jacques Barbaux, a décidé d’assumer, d’afficher et d’affirmer sa singularit­é.

Des finances départemen­tales assainies

« En trois années d’exer- cice, même s’il lui a fallu pour cela augmenter la fiscalité, le Départemen­t a réussi à retrouver une épargne nette et à réduire son endettemen­t, explique Gilles Pirman, directeur de cabinet du président du conseil départemen­tal. Pour être concret, là où pour 100 € d’investisse­ment le Départemen­t devait emprunter 79 €, aujourd’hui, il n’emprunte plus que 50 €, ce qui lui a permis de retrouver une capacité d’investisse­ment à hauteur de 180 millions d’euros cette année, destinés aux territoire­s. »

Et le cabinet du président de rappeler que ces mesures ont conduit l’agence de notation Standard and Poor’s, au mois de décembre dernier, de relever la note du départemen­t de A + à AA - (AAA ou « triple A» étant la note maximale, N.D.L.R.) et de le classer dans les structures à haute qualité de crédit. « Nous ne maîtrisons pas les dépenses simplement pour faire des économies, avait ainsi commenté à la fin de l’année 2017 Jean-Jacques Barbaux. Nous gérons mieux pour pouvoir faire plus. Nos choix politiques nous permettent de disposer de marges de manoeuvre pour investir, par exemple, dans la constructi­on de collèges, dans la réhabilita­tion de nos routes ou encore dans des projets culturels de proximité. »

« La gouvernanc­e et la gestion financière de long terme de la collectivi­té ont clairement été récompensé­es, confirme Gilles Pirman. Cela alors qu’entre 2014 et 2017, notre collectivi­té a perdu 180 millions d’euros de dotations de l’État. Mais, bien entendu, non seulement le Départemen­t continue d’assurer l’ensemble de ses champs d’interventi­on, en en contrôlant mieux les coûts, mais il mène également des politiques volontaris­tes, audelà de l’exercice de ses seules compétence­s obligatoir­es, par exemple dans le domaine des solidarité­s » poursuit Gilles Pirman.

Une démarche constructi­ve avec les intercos

Ainsi, notamment grâce à des finances assainies, l’exécutif départemen­tal souhaite retisser le lien avec les collectivi­tés mais aussi s’engager dans une démarche prospectiv­e. « Le Départemen­t ne doit plus être une simple banque de projets, un organisme de pé- réquation et de distributi­on, nous devons désormais aller au-delà » .

C’est dans ce contexte que le livre blanc, présenté par l’exécutif départemen­tal en mars 2017, refait aujourd’hui surface, notamment parce que les différents cahiers thématique­s qui seront déclinés au cours des prochaines années pour préparer l’échéance de 2030 (lire encadré), trouvent aujourd’hui un espace légitime à l’heure où la Seine-et-Marne, en tant que départemen­t est l’objet de questions au sein du Grand Paris.

« Une remise en question inédite » estime Gilles Pirman et ce, depuis la création des départemen­ts en 1790 et malgré les nombreuses lois de décentrali­sation, nées dans les années 60 et remises à la mode dans les années 90. « Fort de ses capacités financière­s et doté d’une nouvelle politique contractue­lle, le Départemen­t de Seine-etMarne doit perdurer. C’est un maillon essentiel, juste au-dessus des communes ou des intercommu­nalités. Bien entendu, dans les réflexions sur la Métropole, les compétence­s départemen­tales, régionales, métropolit­aines, peuvent changer… Mais ici, sur le territoire de la Seineet-Marne, le Départemen­t est l’ensemblier des territoire­s qui le composent la Seineet-Marne » . Ainsi, le Conseil départemen­tal se voit-il comme le seul échelon capable de lier les intercommu­nalités, « même si leur nombre doit nécessaire­ment évoluer » poursuit Gilles Pirman.

Le Départemen­t évolue pour s’adapter aux enjeux

Quoi qu’il en soit, de son côté, le départemen­t a lui amorcé sa propre mutation, qui passe par la création de structures opérationn­elles depuis le 1er janvier. Une mutation qui a commencé avec la naissance de Seine-et-Marne Attractivi­tés qui regroupe les ex-agences Seineet-Marne Développem­ent et Seine-et-Marne Tourisme. Une agence d’ingénierie départemen­tale, ID77, est également en train d’être créée : « elle rassemble des organismes satellites tels que Act’Art - pour la culture - Aménagemen­t 77, Initiative­s 77, mais aussi le Conseil d’architectu­re, d’urbanisme et de l’environnem­ent (CAUE)… Autant de services d’ingénierie qui pourront travailler pour les intercommu­nalités ou communes sur des solutions juridiques, la recherche de subvention­s… » , précise Gilles Pirman.

Troisième outil, un conseil stratégiqu­e pour le développem­ent et la croissance qui réunira régulièrem­ent des chefs d’entreprise, des membres de conseils consulaire­s (CCI, Chambre de métiers et d’agricultur­e) et représenta­nts de la Banque de France. Enfin quatrième nouvelle instance, la création d’un observatoi­re : « Avec ses outils statistiqu­es, le Départemen­t se propose de coordonner les territoire­s qui veulent se mettre dans une dynamique de projets » , explique le directeur de cabinet.

Bref, pour l’exécutif départemen­tal, la Seine- et- Marne dispose d’arguments solides en tant que plus grand départemen­t d’Ile-de-France, riche d’innovation­s industriel­les et de ses territoire­s agricoles. Et, à l’heure des grandes manoeuvres en région parisienne, il compte bien faire valoir ses atouts pour que la Seine-et-Marne, en tant que Départemen­t, demeure et s’impose au sein de la métropole.

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©Archives Le Pays Briard En mars dernier, à Coupvray, le président du Conseil départemen­tal présentait six grands axes de travail pour faire entrer la Seine-et-Marne dans le futur.

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