Il violentait sa mère pour exprimer sa peine
Un fils dans le box prêt à être jugé, une mère en larmes assise sur le banc des victimes : une image résumant à elle seule les rapports familiaux conflictuels.
En juillet 2017, le décès de Laura constitue un véritable drame. Depuis cette date, Kévin ne décolère pas et n’accepte pas la disparition de son aînée d’un an, sa complice, sa confidente inséparable. Son hospitalisation dans un établissement psychiatrique et son addiction à l’alcool n’effacent pas sa douleur. A deux reprises, il tente de se suicider. Puis il s’en prend à sa mère à qui il en veut, la tenant pour responsable à cause d’une surdose de médicaments.
Jeudi 1er février en fin de matinée, Emilia, la mère, frappe à la porte de son voisin et se réfugie chez lui. Elle vient d’être battue par son fils Kévin qui a « perdu les pédales » et s’est acharné sur elle, à coups de pied et de poing. Elle a le visage et les mains ensanglantés et déformés, elle se plaint de douleurs dorsales. Peu après, une patrouille de gendarmerie arrive sur les lieux et interpelle Kévin, un pistolet à plomb à la main. Il est placé en garde à vue puis en détention provisoire en attendant d’être jugé.
Un comportement ambivalent
Mardi 6 février, Kévin a été déféré au tribunal. A plusieurs reprises durant l’instruction, il a lancé des regards durs en direction de sa mère. S’exprimant peu et parfois avec difficulté, il a reconnu les faits mais s’est montré peu loquace pour décrire ses sentiments ou son attrait pour les armes.
En se référant au rapport du psychiatre qui l’a examiné quelques jours plus tôt, la présidente a relevé une mention sur un comportement ambivalent. Sa décision de rester vivre aux côtés de sa mère tout en la détestant en était une première illustration. Elle a été soulignée par la présidente : « Soit vous estimez qu’elle n’est pas une bonne mère et vous prenez vos cliques et vos claques, soit vous restez mais on ne peut pas tout avoir ! » . Son évocation d’une maltraitance subie étant jeune, suivie dans le même temps de regrets d’avoir bénéficié d’une préférence par rapport à sa soeur, ont conforté le constat médical : « Je voulais qu’elle me déteste, elle me gave ! » .
La justice clémente
Malgré les violences subies, Emilia a refusé de se constituer partie civile et de demander des dommages et intérêts. Au contraire, elle s’est montrée prête à pardonner à son fils : « Ce qu’il m’a fait, je le comprends ! Il a la rage, moi aussi. Laure n’avait que 24 ans ! » . Elle est allée jusqu’à renouveler son souhait de l’accueillir sitôt libéré.
Bien que Kévin soit dans la réitération, les juges n’ont pu s’appuyer sur la récidive. En effet, la même infraction survenue en janvier ne sera jugée qu’en avril. Ils ont prononcé la contrainte pénale pendant deux ans, décision que la présidente a complétée d’une remarque : « La contrainte pénale, c’est une vraie clémence ! » . La mesure a été assortie d’une obligation de soins et d’une menace de six mois de prison en cas de non-respect ou renouvellement.