Le village cultive le bio
Quatre des sept exploitations du village font de l’agriculture biologique. Dominique Collin, au hameau de Ranchien, fut le premier à amorcer ce virage stratégique il y a une dizaine d’années.
À Marolles-en-Brie, on ne voit pas la vie en bleu mais plutôt en vert. L’agriculture biologique est omniprésente dans ce village de 400 âmes. C’est simple, quatre des sept exploitations font du bio. Christine Guillette se dit heureuse de diriger « une commune très verte » . La maire de Marolles-en-Brie, si elle ne s’est pas convertie au bio, s’occupe de ses champs et de ses trente-deux vaches dans le respect d’une « agriculture raisonnée » .
Le pionnier du bio à Marolles
Si le bio a pris autant d’importance dans le village, Dominique Collin en est pour quelque chose. Cet agriculteur du hameau de Ranchien est un « pionnier » en la matière, dixit Christine Guillette, puisqu’il s’est converti il y a quinze ans, à l’heure où consommer du bio était une lubie pas aussi répandue qu’aujourd’hui. « C’est vrai, j’étais le premier, avance-t-il. Je sortais de huit années dans l’informatique agricole en Picardie, à Beauvais. J’ai repris l’exploitation familiale en 2002 et, en même temps que le projet de reprise des 105 hectares, j’ai décidé de convertir 80 % de la surface en bio. »
Au début des années 2000, cette alternative à l’agriculture conventionnelle était assez anonyme. Dans un rayon de dix kilomètres autour de Marollesen-Brie, personne ou presque ne s’y était essayé. Mais Dominique Collin était convaincu de son choix pour plusieurs raisons. La crainte d’utiliser des produits phytosanitaires et leur impact sur la santé, le besoin de diversification et le caractère technique de l’agriculture verte l’ont convaincu que le bio était « un marché d’avenir » .
Aujourd’hui, après une période de conversion de trois ans, la famille Collin ne regrette pas son choix. Sur ses 280 hectares répartis entre Marolles-en-Brie et Chailly-en-Brie, les agriculteurs cultivent des céréales, de la luzerne, du lin textile (le premier producteur de lin textile biologique en France en 2005), de la féverole, des lentilles, du quinoa… et élèvent deux cents poules pondeuses qui servent en partie à alimenter les Amap (Association pour le maintien de l’agriculture paysanne) de Mouroux et Beautheil.
Technique et savoir-faire
Un travail fastidieux et surtout technique : « Quand un agriculteur conventionnel a des mauvaises herbes, il utilise un désherbant. Il y a toujours une solution pour produire un maximum. Mais dans le bio, tous les produits de synthèse sont interdits dans le cahier des charges. » Du coup, les agriculteurs doivent se fier uniquement à leur savoir-faire pour trouver des alternatives respectueuses des sols et de la biodiversité. À Ranchien, Dominique Collin diversifie ses cultures pour des bienfaits multiples. Par exemple, les légumineuses, qui parviennent notamment à capter l’azote présent dans l’air, transmettent cet élément chimique à la terre, qui peut le redistribuer au blé l’année suivante. D’une manière générale, la rotation des cultures favorise le transfert des nutriments d’une plante à une autre. Mais la nature, souvent capricieuse, n’est pas une science exacte.
« Il faut être curieux et observateur, chaque parcelle a sa propre histoire, poursuit l’agriculteur marollais. Le bio m’a permis de comprendre plein de choses. Plus nous respectons la nature, plus elle nous le rendra. » Quinze ans après son virage biologique, Dominique Collin estime que son pari est réussi. Ses rendements sont certes en deçà de ce que produit l’agriculture conventionnelle, mais il conseille et répond désormais aux questions de ses confrères soucieux de se convertir : « Le bio est dans l’air du temps et j’arrive à maintenir un taux de production intéressant. Je suis dans la recherche permanente car ce n’est pas parce que nous sommes en bio que nous ne sommes pas obligés de produire le plus possible ! »
Dans sa dynamique, Dominique Collin a entraîné deux de ses cousins et des connaissances, ce qui ravit Christine Guillette : « Nous sommes contents d’avoir ces beaux paysages. C’est un atout paysager pour la commune, mais aussi pour la biodiversité. »
« Un atout paysager pour la commune »