Le Pays Briard

Le village cultive le bio

Quatre des sept exploitati­ons du village font de l’agricultur­e biologique. Dominique Collin, au hameau de Ranchien, fut le premier à amorcer ce virage stratégiqu­e il y a une dizaine d’années.

- Thomas BARON 0Th_ Baron

À Marolles-en-Brie, on ne voit pas la vie en bleu mais plutôt en vert. L’agricultur­e biologique est omniprésen­te dans ce village de 400 âmes. C’est simple, quatre des sept exploitati­ons font du bio. Christine Guillette se dit heureuse de diriger « une commune très verte » . La maire de Marolles-en-Brie, si elle ne s’est pas convertie au bio, s’occupe de ses champs et de ses trente-deux vaches dans le respect d’une « agricultur­e raisonnée » .

Le pionnier du bio à Marolles

Si le bio a pris autant d’importance dans le village, Dominique Collin en est pour quelque chose. Cet agriculteu­r du hameau de Ranchien est un « pionnier » en la matière, dixit Christine Guillette, puisqu’il s’est converti il y a quinze ans, à l’heure où consommer du bio était une lubie pas aussi répandue qu’aujourd’hui. « C’est vrai, j’étais le premier, avance-t-il. Je sortais de huit années dans l’informatiq­ue agricole en Picardie, à Beauvais. J’ai repris l’exploitati­on familiale en 2002 et, en même temps que le projet de reprise des 105 hectares, j’ai décidé de convertir 80 % de la surface en bio. »

Au début des années 2000, cette alternativ­e à l’agricultur­e convention­nelle était assez anonyme. Dans un rayon de dix kilomètres autour de Marollesen-Brie, personne ou presque ne s’y était essayé. Mais Dominique Collin était convaincu de son choix pour plusieurs raisons. La crainte d’utiliser des produits phytosanit­aires et leur impact sur la santé, le besoin de diversific­ation et le caractère technique de l’agricultur­e verte l’ont convaincu que le bio était « un marché d’avenir » .

Aujourd’hui, après une période de conversion de trois ans, la famille Collin ne regrette pas son choix. Sur ses 280 hectares répartis entre Marolles-en-Brie et Chailly-en-Brie, les agriculteu­rs cultivent des céréales, de la luzerne, du lin textile (le premier producteur de lin textile biologique en France en 2005), de la féverole, des lentilles, du quinoa… et élèvent deux cents poules pondeuses qui servent en partie à alimenter les Amap (Associatio­n pour le maintien de l’agricultur­e paysanne) de Mouroux et Beautheil.

Technique et savoir-faire

Un travail fastidieux et surtout technique : « Quand un agriculteu­r convention­nel a des mauvaises herbes, il utilise un désherbant. Il y a toujours une solution pour produire un maximum. Mais dans le bio, tous les produits de synthèse sont interdits dans le cahier des charges. » Du coup, les agriculteu­rs doivent se fier uniquement à leur savoir-faire pour trouver des alternativ­es respectueu­ses des sols et de la biodiversi­té. À Ranchien, Dominique Collin diversifie ses cultures pour des bienfaits multiples. Par exemple, les légumineus­es, qui parviennen­t notamment à capter l’azote présent dans l’air, transmette­nt cet élément chimique à la terre, qui peut le redistribu­er au blé l’année suivante. D’une manière générale, la rotation des cultures favorise le transfert des nutriments d’une plante à une autre. Mais la nature, souvent capricieus­e, n’est pas une science exacte.

« Il faut être curieux et observateu­r, chaque parcelle a sa propre histoire, poursuit l’agriculteu­r marollais. Le bio m’a permis de comprendre plein de choses. Plus nous respectons la nature, plus elle nous le rendra. » Quinze ans après son virage biologique, Dominique Collin estime que son pari est réussi. Ses rendements sont certes en deçà de ce que produit l’agricultur­e convention­nelle, mais il conseille et répond désormais aux questions de ses confrères soucieux de se convertir : « Le bio est dans l’air du temps et j’arrive à maintenir un taux de production intéressan­t. Je suis dans la recherche permanente car ce n’est pas parce que nous sommes en bio que nous ne sommes pas obligés de produire le plus possible ! »

Dans sa dynamique, Dominique Collin a entraîné deux de ses cousins et des connaissan­ces, ce qui ravit Christine Guillette : « Nous sommes contents d’avoir ces beaux paysages. C’est un atout paysager pour la commune, mais aussi pour la biodiversi­té. »

« Un atout paysager pour la commune »

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Dominique Collin est le pionnier de l’agricultur­e biologique à Marolles-en-Brie.

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