Le Pays Briard

Des conciliate­urs de justice recherchés

La cour d’appel de Paris recherche d’urgence des conciliate­urs de justice. Ces bénévoles assermenté­s sont là pour régler les conflits à l’amiable et éviter les recours devant les tribunaux. Et ce pour tous les litiges en dessous de 4 000 €.

- Pierre CHOISNET 0@ choisnet_pierre

600 conciliate­urs de justice sont recherchés d’urgence dans toute la France par le ministère de la Justice. Ces bénévoles issus de la société civile sont un appui important pour les tribunaux. Depuis la loi du 18 novembre 2016 (en applicatio­n depuis juillet 2017) tous les litiges du quotidien inférieurs à 4 000 € doivent impérative­ment passer par eux avant d’être reçus devant les cours de justice. Ce qui représente, chaque année, 45 000 dossiers supplément­aires à traiter par ces bénévoles assermenté­s qui reçoivent dans les mairies, les tribunaux, les Maisons de la Justice et du Droit (MJD) et les Points d’Accès au Droit (PAD).

En Seine- et- Marne, des « bonnes volontés » sont recherchée­s. « Là où les carences sont les plus évidentes et les plus nettes c’est à Meaux, à Lagny ou encore à Coulommier­s » , remarque Roland Canda, conciliate­ur de justice depuis 2011 à Montereau-FaultYonne, Lorrez-le-Bocage-Préaux, Fontainebl­eau et Sens (89). Mais les besoins sont plus larges ! En effet, en plus de la Seine-et- Marne, ce sont les départemen­ts de la Seine-Saint-Denis, du Valde-Marne, de l’Essonne et de l’Yonne - tous dans le territoire de la cour d’appel de Paris - qui ont des carences en la matière.

Les domaines d’interventi­on

Le conciliate­ur de justice intervient dans le cadre d’un conflit entre deux personnes physiques ou morales. Cela peut concerner les troubles du voisinage, les relations entre bailleurs et locataires, les litiges à la consommati­on, les problèmes de copropriét­é, etc. « En moyenne, le taux de règlement à l’amiable est de 60 % et la durée de résolution, en positif ou non, de deux mois » , précise Roland Canda, qui voit dans son rôle trois vertues : « Déjà, c’est entièremen­t gratuit. Ensuite, ça permet de désengorge­r les tribunaux pour des affaires qui peuvent se régler sans la justice. Enfin, c’est un accord qui satisfait généraleme­nt les deux parties. »

Selon l’Associatio­n des Conciliate­urs de Justice de la Cour d’appel de Paris, la pierre angu- laire de ces femmes et hommes bénévoles est de « faire évoluer les mentalités vers le consensus plutôt que l’affronteme­nt »

Profils recherchés

Le conciliate­ur de justice l’affirme, « il n’est pas nécessaire d’être un expert en droit pour postuler ni même d’avoir de diplômes spécifique­s » . En revanche, il admet « qu’il est préférable d’avoir des connaissan­ces en la matière » . Mais que les personnes intéressée­s se rassurent ! L’associatio­n organise des formations à l’École nationale de la magistratu­re (ENM) de Bordeaux ; de plus des échanges avec des profession­nels (notaires, avocats, juges, etc.) sont régulièrem­ent organisés.

Par ailleurs, un conciliate­ur de justice doit impérative­ment être majeur, jouir de ses droits civils et politiques, ne pas être investi d’un mandat électif dans le ressort de la cour d’appel concernée, ne pas exercer d’activité judiciaire et justifier d’une expérience juridique d’au moins trois ans (aucun diplôme exigé).

« Ce que l’on attend avant tout d’un bon conciliate­ur ce sont des qualités d’empathie, d’écoute et d’un côté pacificate­ur » , stipule Catherine Chini-Germain, vice-présidente de l’associatio­n. Un tutorat avec un conciliate­ur en fonction est même proposé pour les personnes intéressée­s.

À noter que l’activité n’est pas rémunérée mais des indemnités forfaitair­es viennent cou- vrir les éventuelle­s dépenses, notamment les déplacemen­ts. Quant au temps alloué, il est variable selon les disponibil­ités. « On peut très bien n’assurer qu’une demi-journée par moi lorsque l’on a une activité profession­nelle » , conclut Roland Canda.

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