Le Pays d'Auge (Édition Littoral)

Souffrante et seule, Liliane se sent abandonnée

Liliane Hamchin, 67 ans, est en colère. Victime d’une mauvaise chute fin août à son domicile de Bavent, elle estime ne pas avoir été prise en charge à la mesure de son état et avoir été abandonnée à son sort…

- Nicolas MOUCHEL

Liliane Hamchin est en colère. Cette habitante de Bavent, âgée de 67 ans, souffre encore physiqueme­nt et moralement de la mésaventur­e qui lui est arrivée il y a un peu moins d’un mois. C’était le 29 août dernier au soir, aux alentours de 21 h. « J’étais chez moi, dans ma chambre, en voulant m’asseoir sur mon lit, je suis finalement tombée par terre » . Une mauvaise chute particuliè­rement violente qui l’immobilise au sol et n’est pas sans conséquenc­e, « je n’arrivais plus à me hisser et la douleur était abominable » relate-t-elle. La souffrance lui fait envisager le pire, car elle dispose d’une prothèse de hanche et d’une plaque au niveau de la colonne vertébrale.

Liliane réussit tant bien que mal à appeler les secours. Des pompiers viennent à son aide, mais dans sa grande maison isolée, ils sont obligés d’utiliser la grande échelle pour pénétrer dans la bâtisse à l’étage, où se trouve la victime. « Ils ont été très gentils, et ont dû utiliser une coquille pour me descendre au rez-de-chaussée » .

Deux comprimés pour la douleur

Transporté­e au CHU à Caen, Liliane consulte un médecin urgentiste et passe des radios. Le bilan l’interpelle : « on me dit que je n’ai rien de cassé, et on me donne deux comprimés pour la douleur » . Après quoi elle passe une partie de la nuit dans un couloir de l’hôpital à attendre, « j’étais tellement mal… Il a fallu que j’attende 8 h 30 le lendemain matin pour être montée au service de traumatolo­gie, dans un lit, enfin… »

L’incompréhe­nsion ne s’arrête pas là pour la Baventaise, « on me donne alors de quoi me laver, alors que je ne pouvais absolument pas bouger » précise-t-elle. Puis, deux jeunes internes intervienn­ent, « ils me disent que je n’ai rien de cassé et que je peux rentrer chez moi. Alors que je suis immobilisé et que je souffre » . Liliane ne comprend pas qu’on puisse l’abandonner à son sort vu son état. « Même les ambulancie­rs devant me reconduire chez moi ne comprenaie­nt pas… Car je suis seule chez moi, je dois monter à l’étage pour me coucher, c’était bien indiqué dans le rapport pourtant… » Liliane est contrainte de retourner à son domicile, « on m’a dit : si vous souffrez encore dans quinze jours, prenez rendez-vous avec un chirurgien, on vous réparera tout ça… J’ai trouvé ça un peu léger ! »

Parcours du combattant

Mais Liliane Hamchin n’est pourtant pas au bout de ses peines. De retour chez elle, le plus compliqué commence. Elle s’installe dans sa chambre à l’étage, où elle se fait aménager un espace personnel, car elle ne peut pas, dans un premier temps, descendre les escaliers.

Fort heureuseme­nt, elle peut compter sur l’aide de deux amies âgées de 81 et 82 ans, qui l’accompagne­nt quotidienn­ement, ainsi que sur son médecin qui la suit de près. « Nous avons décidé de mettre en place une aide à domicile » . Et là, « c’est le parcours du combattant. Il faut passer par la mairie, on téléphone, on est renvoyé ailleurs… D’un côté on m’annonce qu’on ne peut m’envoyer personne, de l’autre, on me dit qu’on me rendra visite dans dix jours pour mettre en place un protocole » .

Liliane n’a pas fini d’en voir de toutes les couleurs. Elle contacte sa mutuelle pour des raisons évidentes de prise en charge. C’est la douche froide. « On m’annonce qu’il ne peut y avoir de prise en charge, car il faut au moins trois jours d’hospitalis­ation » .

« C’est lamentable »

Délais d’assistance démesurés, absence de prise en charge, Liliane ne décolère pas aujourd’hui. « C’est lamentable. Dans l’urgence, il n’y a personne. Si je n’avais pas mes amis, on me laisserait mourir dans un coin » constate-t-elle. « Aujourd’hui en France, en Basse-Normandie, sommesnous dans une zone sinistrée » interroge-t-elle. « C’est inadmissib­le de laisser les gens dans le besoin à l’abandon » .

Révoltée, Liliane compte bien ne pas en rester là. « Bien que je souffre encore, je vais me rétablir. Et je serai prête à faire tout ce qu’il faut pour faire bouger les choses, car jusqu’à maintenant, on se bat contre des montagnes. Mais si on ne fait rien… »

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 ??  ?? Liliane Hamchin, entourée de ses deux amies qui l’aident autant que possible au quotidien.
Liliane Hamchin, entourée de ses deux amies qui l’aident autant que possible au quotidien.

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