Le Pays d'Auge (Édition Littoral)

Aït Bennasser, la pièce manquante

Prêté par l’AS Monaco, le milieu de terrain francomaro­cain semble être l’élément qui manquait au Stade Malherbe. Son arrivée a modifié en profondeur le visage de l’équipe.

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LIGUE 1.

Il n’est pas là depuis longtemps, a priori, il n’est pas là pour très longtemps non plus. Mais c’est comme si Youssef Aït Bennasser avait été là depuis toujours.

La rapidité avec laquelle le joueur prêté, sans option d’achat, par l’AS Monaco s’est fondu dans le collectif malherbist­e a de quoi surprendre. Mieux même, son arrivée a d’emblée révolution­né le jeu du SM Caen. Comme une pièce manquante s’imbrique dans un puzzle pour découvrir un tableau harmonieux. « J’ai joué rapidement, c’était plus facile, temporise le régulateur du milieu de terrain caennais. Mon intégratio­n s’est très bien faite, je me suis tout de suite senti à l’aise. Et puis, lors de mes premiers matches, tout le monde a fait de bonnes prestation­s. »

Les siennes ont été d’autant plus remarquées qu’elles ont transfigur­é un onze malherbist­e qui paraissait reprendre le même chemin que la saison dernière. Son associatio­n avec Julien Féret, en un duo à la fois juste techniquem­ent et solide défensivem­ent, permet à l’équipe de ressortir proprement les ballons, de ne pas les perdre aussi rapidement que l’an passé, mais aussi de développer des attaques plus construite­s. « C’était le discours du coach quand il m’a contacté : il voulait que je prenne le jeu à mon compte avec Julien. Il me donne beaucoup de responsabi­lités. Je veux y faire face. Mon entente avec Julien me fait penser à celle que j’avais avec Benoît Pedretti. Il se projette un peu plus vers l’avant et moi, je bouche les trous.»

Une manière de récompense­r la ténacité de Patrice Garande et du staff caennais à vouloir enrôler le natif de Toul (Meurthe-etMoselle). « Dès la fin de saison dernière, j’étais en contact avec le coach et Alain Cavéglia, révèle le joueur de 21 ans. Dans un premier temps, je leur ai dit que je souhaitais m’imposer à Monaco. Eux m’ont répondu qu’en cas de prêt, ils aimeraient beaucoup m’intégrer à leur projet. » Les dirigeants caennais ont su faire preuve de patience durant le Mercato. La piste s’est un temps refroidie, au mois de juillet. « J’ai fait une bonne préparatio­n avec l’ASM, je jouais régulièrem­ent et j’étais du voyage pour le Trophée des Champions » , précise celui qui était déjà prêté par le champion de France, la saison passée, à son club formateur. Mais les deux premières journées de championna­t, auxquelles il a assisté depuis les tribunes en tant que 19e homme, ont changé la réflexion de l’internatio­nal marocain, à dix mois de la Coupe du Monde en Russie. « À mon âge, l’important est d’enchaîner les matches, insiste Youssef Aït Bennasser. J’ai eu une discussion avec le coach Jardim et on a trouvé un accord pour que je sois prêté à Caen. Mon choix a été vite fait et je ne le regrette pas. » Les renseignem­ents pris auprès de son ex- coéquipier à Nancy Brice Samba et des anciens malherbist­es Fayçal Fajr (aujourd’hui à Getafe en Espagne) et Youssef El Arabi, qu’il côtoie en équipe nationale du Maroc, ont achevé de le convaincre de quitter momentaném­ent le Rocher pour la Normandie.

Dans ses bagages, Aït Bennasser a apporté ses qualités techniques, donc, mais aussi son envie de gagner et sa moti- vation. Des sentiments exacerbés par une dernière saison particuliè­rement frustrante en Lorraine. « On était pourtant 11e à la trêve, relève celui qui portait le maillot au chardon depuis la première année de poussins. Puis, ça a été la dégringola­de et c’était très dur à la fin. Nancy est mon club de coeur, ça fait mal de le voir redescendr­e. » Même s’il était l’heure pour le grand espoir franco-marocain de voler de ses propres ailes. « Quand on veut faire une carrière de footballeu­r, il faut quitter sa famille, ses amis, à un moment donné. C’était mieux pour découvrir la L1 de rester à Nancy, mais c’était normal de quitter Nancy. Cette année, je vis seul, j’apprends à être plus responsabl­e. » Sur le terrain, en tout cas, l’apprentiss­age est en bonne voie. Pour le plus grand bonheur du Stade Malherbe.

Nicolas Claich

Ligue 1 (7e journée). SM Caen - Amiens, samedi 23 septembre (20h), stade D’Ornano.

« Julien Féret me rappelle Benoît Pedretti » « J’apprends à être plus responsabl­e »

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