Le Pays d'Auge (Édition Littoral)
Il frappe ses filles de 10 et 13 ans : incarcéré, il peut continuer à travailler
Un homme de 43 ans a été condamné, mardi, pour avoir frappé ses deux filles de 10 et 13 ans, deux jours plus tôt, à Hérouvillette. Il devra purger un an de prison, sous forme de semi-liberté.
Au premier rang de la salle d’audience du tribunal correctionnel de Caen, mardi, les deux jeunes filles se serrent contre leur mère. Dans le box des prévenus, leur père Damien* comparaît pour les avoir frappées, deux jours plus tôt, à son domicile d’Hérouvillette, à quelques kilomètres à l’est de Caen.
Quand il boit, il s’en prend à ses filles
Âgées de 10 et 13 ans, les deux filles étaient présentes chez leur père pour les vacances. Depuis la séparation de leurs parents, il y a cinq ans, elles vivaient en alternance chez leur mère et chez Damien, une semaine sur deux. Mais, depuis quelque temps, l’aînée n’accepte plus de se rendre à Hérouvillette qu’un week-end sur deux. La raison ? Damien boit et, quand il est ivre, il s’en prend à elle. D’abord verbalement, mais aussi physiquement.
C’est ce qui se serait passé ce dimanche, aux alentours de 18h25. Le mécanicien de 43 ans aurait bu « plusieurs bières », dès la matinée. Au repas du midi, il aurait été encore plus ivre, si bien que les deux filles seraient montées dans leurs chambres, comme elles le font en pareil cas. De quoi énerver Damien, qui aurait alors insulté copieusement sa fille aînée, avant d’attraper la plus jeune par la jambe et le cou. C’est l’aînée, réfugiée dans la salle de bains, qui a prévenu les gendarmes.
À l’audience, comme lors de sa garde à vue, Damien a reconnu les faits : « Tout est vrai. Je me soigne mais, ce jour-là, j’ai dérapé. Je veux essayer de regagner la confiance de mes filles petit à petit. »
Confronté à des problèmes d’alcool de longue date, il a entamé des soins en février 2024, après une condamnation pour des violences sur sa nouvelle compagne. Ce jour-là, il avait ordonné à son chien d’attaquer les gendarmes venus l’interpeller.
Malgré une interdiction de contact, sa compagne était présente chez Damien, dimanche 28 avril. Voulant s’interposer dans la dispute entre le père et ses filles, elle aurait aussi reçu un coup.
Le procureur a souligné « l’ancienneté de l’addiction » de Damien, vieille de 20 ans. Il a aussi repris à son compte le sentiment exprimé par les deux fillettes et leur mère, à la barre : « Il n’a pas fait les efforts nécessaires pour se soigner ». Le parquet a requis une incarcération immédiate pour un total de 20 mois, auxquels il faut ajouter huit mois avec un sursis probatoire de deux ans.
L’avocat de Damien, Me Revel, a décrit un homme qui « essaie tant bien que mal de se battre avec ses démons », qui n’aurait « pas les codes pour communiquer avec ses filles ». Dans sa plaidoirie, il a demandé au tribunal de « ne pas le désociabiliser » davantage en l’envoyant derrière les barreaux.
En semi-liberté
Le tribunal a finalement décidé de condamner Damien à une peine de dix mois de prison ferme pour ces faits. Les juges ont aussi révoqué le sursis antérieur à hauteur de deux mois. Le quadragénaire devra donc purger un an de prison au total. Il pourra le faire sous le régime de la semi-liberté, afin de pouvoir continuer à travailler. Il devra rentrer au centre de détention chaque soir. Damien devra aussi soigner ses problèmes d’alcool et verser 1 500 euros à chacune de ses deux filles, pour leur préjudice moral. Par ailleurs, le tribunal lui a retiré son autorité parentale.
*Prénom d’emprunt.