Le Pays d'Auge (Édition Littoral)
Nouveau producteur de pont-l’évêque, le GAEC Cahorel se prépare au concours
Le concours national du pont-l’évêque départagera trois candidats dans la catégorie « fermier », le 11 mai. Le Bienheureux, producteur dans la Manche, participe pour la première fois. Rencontre.
Se lancer dans la production de pont-l’évêque fermier ne va pas de soi aujourd’hui, surtout quand on est basé à Sartilly, près de Granville (Manche). Et pourtant ! Depuis le 1er février, la Ferme du Bienheureux — GAEC Cahorel a obtenu l’homologation pour commercialiser son pont-l’évêque AOP. Il s’offrira même le luxe de participer au concours national, lors de la fête du fromage à Pont-l’Évêque, le 11 mai 2024.
La ferme était, jusqu’ici, plutôt connue pour son camembert de Normandie AOP. Mais le hasard s’en est mêlé : « Deux producteurs fermiers de pont-l’évêque se sont arrêtés dernièrement et l’un de mes clients grossistes à Rungis avait du mal à s’en procurer. Il m’a demandé si ça m’intéressait d’en faire», raconte David Cahorel, l’un des deux frères associés.
Sollicité par un grossiste à Rungis
Après avoir initialement dit non, il a réfléchi, et réalisé que contrairement au camembert, le pont-l’évêque n’a pas besoin de laisser maturer le lait pendant une journée après la traite. « Faire du pont-l’évêque permet donc de gagner du repos en ne faisant pas tourner la fromagerie pendant un jour par semaine sans pour autant perdre de lait. Dans un souci d’optimisation, on a voulu essayer. Ça ne peut que nous mettre en valeur. »
Les premières tentatives, lancées en novembre et vendues en petite quantité dans la Manche sous le nom de «pavé normand», ont fait office de crash-test. « Je n’ai pas eu de formation, juste des conseils de David Aubrée, le directeur de la fromagerie Réo, qui m’aide beaucoup. Alors, je n’ai pas eu d’autre choix que d’apprendre par l’échec, mais c’est un bon apprentissage ! »
Le seul pont-l’évêque fermier produit dans la Manche
Le Bienheureux est donc le premier pont-l’évêque fermier fabriqué dans la Manche depuis « 30 ou 40 ans », croit savoir le producteur.
Au bout du bout de l’aire géographique de l’AOP, le fromage a de quoi se différencier des autres.
❝ Ici, le terroir est limono-sableux, avec du calcaire dans le sol. C’est un pâturage différent pour les vaches, alors le goût du lait n’est pas le même que dans le pays d’Auge. DAVID CAHOREL
David Cahorel a en outre choisi le lait cru, comme pour son camembert : « Le lait est intact! Notre fromagerie est mitoyenne de notre laiterie. On a un produit sympa car il est fait juste après la traite, deux heures maximum ! »
Au concours fermier, où il concourra contre deux producteurs très réputés, le Martin et le Saint-Hippolyte, pas de prétention pour le Bienheureux. «
J’y vais surtout car c’est important et c’est normal de s’impliquer dans des événements de ce type. Ça fait du bien à la filière. »