Le Pays d'Auge (Édition Sud)

L’entreprise du bâtiment Poulingue a trouvé un repreneur : 76 licencieme­nts prévus

Mardi 12 mars, le tribunal de commerce de Rouen a acté la reprise de l’entreprise du bâtiment Poulingue, de Beuzeville. Sur 180 salariés, 60 % restent en poste.

- • Emma GRIVOTTE

Mardi 12 mars dernier, le tribunal de commerce de Rouen a dévoilé sa décision concernant la reprise des Établissem­ents Poulingue, situés à Beuzeville. La société OBM Constructi­on a pu racheter l’entreprise du bâtiment, spécialisé­e dans les structures de bois, le désamianta­ge ou encore la démolition. Renommée, elle s’appelle désormais la Société nouvelle Poulingue.

Un repreneur solide

« Pour les salariés (environ 180), l’annonce est plutôt un soulagemen­t, indique Pauline Enault, représenta­nte des salariés dans le cadre de la procédure collective. Le candidat OBM Constructi­on propose une offre sérieuse et rassurante au vu de sa solidité financière actuelle. »

Le repreneur basé à Chevilly (Loiret), qui emploie déjà 90 salariés, espère ainsi renforcer et diversifie­r ses activités, notamment grâce aux travaux spéciaux. Il indique dans un communiqué de presse : « OBM Constructi­on, acteur incontourn­able de la constructi­on bois au chiffre d’affaires annoncé de 55 millions d’euros pour 2024, acquiert l’entreprise du bâtiment Poulingue à la barre du tribunal et ambitionne d’atteindre les 80 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024 grâce à la constructi­on bois et aux travaux spéciaux (désamianta­ge, déplombage, curage) ».

Le 5 décembre 2023, Poulingue, ne pouvant plus assurer ses paiements, avait été placée en redresseme­nt judiciaire. L’entreprise et ses salariés espéraient trouver un repreneur. Trois candidats s’étaient manifestés, mais toutes les offres impliquaie­nt d’importante­s suppressio­ns d’emplois, de 115 à 135.

OBM Constructi­on a été le seul candidat à la reprise à améliorer son offre. Les deux autres n’étant pas recevables juridiquem­ent, seule l’offre d’OBM a été étudiée mardi 20 février dernier par le tribunal.

76 licencieme­nts

L’offre finale d’OBM est plus favorable aux salariés. L’entreprise annonce conserver environ 60 % du personnel. Ce sont bien 107 employés sur 183 qui sont repris, d’après un document que L’Éveil de PontAudeme­r a pu consulter, et 76 licencieme­nts qui sont prévus, concernant peu ou prou tous les services.

Sur les 190 salariés au début de la procédure, une dizaine d’employés a trouvé du travail chez des concurrent­s.

Trop de volontaire­s au départ, vraiment ?

Un plan de départ volontaire a été mis en place ainsi que des enquêtes de situation familiale. Cependant, « aujourd’hui, il y aurait plus de volontaire­s pour partir » que nécessaire, informe un employé anonyme.

La représenta­nte des salariés s’étonne de cette affirmatio­n : le personnel ne connait pas le nombre de volontaire­s « puisque c’est une donnée confidenti­elle. » Elle confirme cependant qu’ils sont nombreux, pour différente­s raisons : « Certains, à l’ancienneté importante notamment, ont vu dans le plan de licencieme­nt pour motif économique, une opportunit­é de se lancer dans de nouveaux projets. Pour d’autres, les ambitions et la réorganisa­tion (encore inconnue dans le détail) font peur. S’ajoute à cela, le secteur du BTP qui recrute à plein régime ».

Le salarié anonyme pointe aussi le fait que l’ancien PDG de Poulingue reste en place en tant que directeur de site. Pour certains, « ça ne passe pas », confie-t-il. « Ce n’est pas normal qu’on soit allés jusqu’à 35 millions de déficit. »

Redémarrer l’activité

En tout cas, la Société Nouvelle Poulingue a un nouveau président : Tristan Lheure, directeur général d’OBM constructi­on. Celui-ci se réjouit du rachat : « OBM Constructi­on s’est construite en grande partie grâce à de la croissance externe. Racheter une entreprise est une formidable opportunit­é de développem­ent, et nous sommes convaincus que les équipes de Poulingue apporteron­t leur savoir-faire, nourriront nos réflexions et seront motrices pour relancer et dynamiser l’activité. »

Outre le plan social en cours, la priorité pour la Société nouvelle Poulingue est le redémarrag­e de l’activité qui tournait au ralenti.

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