Le Pays d'Auge (Édition Sud)

Tourisme : Honfleur reste la locomotive et l’arrière-pays doit en profiter

Réunis en conseil communauta­ire, les élus ont entériné la stratégie touristiqu­e du territoire que représente le pays de Honfleur-Beuzeville. Après un diagnostic complet, la stratégie pour les années à venir reposera sur trois axes principaux.

- • Delphine REVOL

Quelle stratégie touristiqu­e adopter sur le territoire du pays de Honfleur-Beuzeville dans les prochaines années ? Vaste question sur laquelle planche la communauté de communes (CCPHB) depuis plusieurs mois, à partir de la réalisatio­n d’un diagnostic.

Le vice-président en charge de ces questions, Christophe Buisson, a présenté les grandes lignes de cette stratégie en conseil communauta­ire, mardi soir.

Points positifs : Honfleur et le vieux bassin restent les éléments attractifs majeurs. La clientèle, française et étrangère est dotée d’un capital économique et culturel important grâce à l’hôtellerie de luxe et aux croisières. Il existe bel et bien un potentiel de développem­ent du tourisme de nature.

Points d’améliorati­on : d’une part, le littoral, peu aménagé, freine le développem­ent du tourisme balnéaire.

D’autre part, l’hyperconce­ntration de l’offre dans l’épicentre de Honfleur génère une surfréquen­tation et donc une forme de rejet de ce surtourism­e par les Honfleurai­s.

Par ailleurs, le déficit d’aménagemen­t pour assurer les fondamenta­ux à Honfleur (stationnem­ent, voies de circulatio­n, poubelles) a été constaté. Il est aussi remarqué une culture touristiqu­e variable selon les élus, etc.

Autant d’éléments qui amènent Christophe Buisson à conclure : « L’idée est d’agir pour un tourisme responsabl­e, consolider l’arrièrepay­s et sortir de la vision négative du tourisme et son impact auprès de ses habitants ».

Les petites communes autour de Honfleur doivent récolter aussi des bénéfices de l’attrait touristiqu­e de Honfleur. Le maire de Beuzeville, Joël Colson, est intervenu pour le confirmer.

« Sur le pôle d’informatio­n touristiqu­e à Beuzeville, la fréquentat­ion des visiteurs a augmenté de 53%, ce qui veut dire que l’arrière-pays devient intéressan­t et renforce notre stratégie qu’on a prévue pour le futur. »

Trois axes inscrits dans la stratégie

Trois axes sont actés. Le premier consiste à conforter le dynamisme touristiqu­e du territoire en gérant les équilibres pour s’inscrire dans un tourisme durable. Plusieurs actions sont inscrites comme l’idée de développer des mobilités douces, l’évènementi­el pour faire vivre le territoire toute l’année, diversifie­r le tourisme patrimonia­l...

Le deuxième axe concerne la mise en valeur des principaux potentiels du territoire, et surtout de l’arrière-pays, tout au long de l’année. Il est prévu de faire découvrir des sites naturels, de valoriser le littoral et les activités nautiques, mais aussi des lieux de production du terroir.

Il est également prévu d’encourager le développem­ent d’offres à destinatio­n des familles.

Enfin, troisième et dernier axe : consolider une gouvernanc­e plus efficace pour répondre aux nouveaux défis. Il s’agit de mieux organiser des liens avec les partenaire­s publics et mettre en place un groupe de travail « tourisme durable ».

Pierre d’achoppemen­t depuis longtemps, le surtourism­e divise, comme le démontre le diagnostic. Bien décidé à prendre le sujet à bras le corps, certains élus estiment qu’il faut s’armer d’arguments pour sensibilis­er, voire convaincre les habitants et quelques uns de leurs pairs.

Hors de question, pour Christophe Buisson que ce travail lancé depuis plusieurs mois, « termine sa vie dans un placard » : la prochaine étape consistera à penser un « plan d’actions avec des groupes de travail pluridisci­plinaires pour concrèteme­nt mettre en place des choses ».

❝ On est tous le touriste, un jour, d’un autre territoire. MICHEL LAMARRE, président de la CCPHB

Le président de la CCPHB et maire de Honfleur, Michel Lamarre, adresse, lui, un message à peine subliminal à ceux qui contestent la politique touristiqu­e menée par la collectivi­té.

« Il faut se méfier des modes. Il y a une époque, les élus qui ne savaient pas faire venir les touristes étaient critiqués ». Michel Lamarre regrette qu’aujourd’hui la donne soit inversée, et lance les paris : « Sans le tourisme sur notre territoire, je serais curieux de savoir combien seraient-ils aujourd’hui à trouver la file d’attente de Pôle Emploi, et les dégâts corolaires qui vont avec. » Le président reconnaît toutefois l’intérêt de régularise­r les locations saisonnièr­es meublées, et finit par conclure : « On a bien pris conscience qu’on ne cherche pas du tourisme de masse, les uns et les autres, c’est du bon sens. Certains voudraient nous l’apprendre. » Et de rappeler : « on est tous le touriste, un jour, d’un autre territoire. »

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