Le Pays d'Auge (Édition Littoral)

Face à l’afflux de migrants mineurs, le Départemen­t lance un appel à la solidarité

Le Départemen­t du Calvados comparaiss­ait mardi devant la justice pour le non-respect de ses obligation­s envers des migrants mineurs isolés.Face à l’afflux à Caen, il lance un appel à la solidarité.

- Manion LOUBET

Faute de places, le week-end des 16 et 17 septembre dernier, plusieurs jeunes soudanais n’ont pas pu être mis à l’abri par les services du Départemen­t. « Nous avons environ cinq jeunes migrants qui arrivent chaque jour » , précise le Départemen­t. « Mais ce week-end, il y en avait 31 ! Avec la foire de Caen, les hôtels étaient tous plein et nous avons été confrontés à un manque de place » .

Pour contester ces refus d’hébergemen­t provisoire d’urgence, quatre jeunes, par l’intermédia­ire de plusieurs avocats du barreau de Caen, ont décidé de saisir le tribunal administra­tif en référé.

Mardi, le juge des référés du tribunal administra­tif de Caen a finalement rejeté les requêtes des quatre jeunes mineurs, au motif qu’à l’audience, le Départemen­t s’est engagé à les mettre à l’abri. « Ce qui est le cas aujourd’hui » , assure le Départemen­t.

Le conseil départemen­tal rappelle que 280 jeunes mineurs étrangers sont pris en charge par ses services. « Et nous faisons face à un afflux d’environ 500 jeunes étrangers par an » , souligne-t-il. « La situation est compliquée et nous ne sommes malheureus­ement pas à l’abri d’un nouvel incident » .

Les structures d’accueil saturées

Face à l’afflux de ces jeunes étrangers, « qui arrivent par dizaine chaque nuit depuis quelques semaines » , JeanLéonce Dupont, le président du Départemen­t du Calvados a décidé d’étendre la capacité d’accueil du service d’accompagne­ment des mineurs isolés étrangers à travers le recrutemen­t d’éducateurs et l’ouverture d’une cinquantai­ne de places d’hébergemen­t en plus.

Pour faire face à cette situation, le budget du Départemen­t est passé de six millions d’euros en 2016 à sept millions en 2017. « Mais face à l’ampleur du phénomène migratoire ces derniers mois, toutes les structures potentiell­es d’accueil dans le Calvados, y compris les foyers de jeunes travailleu­rs et les hôtels, sont aujourd’hui saturées » , précise Michel Roca, vice-président en charge des politiques de l’enfance, la famille, le logement et l’insertion au Départemen­t.

Le Départemen­t appelle à la mobilisati­on et à la solidarité des citoyens face à l’afflux de ces jeunes migrants. Il prend l’exemple de la Loire- Atlantique où des jeunes étrangers sont accueillis dans des familles d’accueil bénévoles. « Ces familles reçoivent une allocation pour la prise en charge de l’enfant (nourriture, vête- ments…) » , explique le conseil départemen­tal.

Si des personnes souhaitent déposer une candidatur­e pour devenir famille bénévole, elles peuvent adresser un courrier à la direction de l’enfance et de la famille, 17 avenue Pierre Mendès France, 14035 Caen cedex 1. « En Loire Atlantique, une trentaine de jeunes est ainsi accueillie » , ajoute le Départemen­t.

Le 15 septembre dernier, les présidents des cinq départemen­ts normands ont également alerté le gouverneme­nt sur la question des jeunes mineurs étrangers. Pour le président du Départemen­t du Calvados, l’accueil des jeunes migrants devrait être sous « la responsabi­lité de l’État et devrait se distinguer de l’aide sociale à l’enfance (ASE) des départemen­ts » .

Des associatio­ns sceptiques

De leur côté, les associatio­ns caennaises semblent sceptiques face au discours du conseil départemen­tal. « Le Départemen­t savait qu’il y avait de plus en plus de jeunes migrants qui arrivaient, il fallait anticiper les choses » , réagit Patrick Arz de l’Asti 14 (Associatio­n de solidarité avec tous les immigrés du Calvados). Elles rappellent qu’un centre d’accueil pour les jeunes mineurs migrants isolés est attendu « depuis déjà plus de deux ans » . Ils assurent que le Départemen­t peut « mieux faire » .

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© ML/ Normandie-actu) Sur le quartier de la presqu’île de Caen, au niveau de l’ancienne minoterie, une dizaine de migrants se sont fabriqués des abris de fortune. (Photo

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