Le Pays Malouin

La terrible vengeance d’une femme « quittée »

Somnifère dans le dîner, eau de javel dans le potager, voitures rayées… Récit d’un divorce qui a viré au vinaigre.

- Sophie LESSIRARD (CLP)

Cela aurait pu être une histoire banale d’un divorce un peu compliqué. Une femme en larmes à la barre du tribunal de St-Malo qui se dit « abandonnée » par son mari après 20 ans de vie commune. Car l’époux a demandé le divorce : « Il a dit qu’il ne me supportait plus. »

Somnifère dans la quiche

Sauf que le divorce tourne au vinaigre : la vengeance est au menu, le cauchemar commence : l’épouse devient pour le moins possessive. Elle promet à son bien-aimé de lui pourrir la vie, et qu’à cela ne tienne, ses promesses, elle les tient.

Avant de quitter le domicile, elle souille les vêtements de son mari d’eau de javel « parce que je les lui avais achetés, je voulais les supprimer ». Elle met un somnifère dans une quiche « pour l’empêcher de sortir et qu’il fasse des rencontres ». C’est raté : son mari tombe amoureux d’une autre femme, et la quitte, définitive­ment.

De l’eau de javel dans le potager de la belle-mère

Les choses ne s’améliorent pas : voitures rayées, pneus du véhicule de la nouvelle compagne de monsieur crevés, eau de javel dans le potager de sa belle-mère où son ex-mari a vécu un temps, puis plomberie coupée sur le chantier de la nouvelle maison… L’ex-femme rôde autour de la propriété, souvent la nuit, épie les moindres faits et gestes de son mari qu’elle refuse de quitter. Et puis elle hurle à la porte, en menaçant de mettre fin à ses jours devant ses enfants.

Une corde pour la nouvelle compagne

« Je ne supporte pas d’avoir divorcé ; il m’a fait du mal, je voulais lui rendre la pareille. »

Voilà quelles seront ses explicatio­ns, dans les larmes, tandis que son avocat Me Stichelbau­t plaide la détresse : « Il y a surtout chez cette dame beaucoup de souffrance. Encore aujourd’hui, elle aimerait le récupérer. »

Elle aura au moins réussi à faire fuir la nouvelle compagne qui a rompu : « Elle a retrouvé une corde… comme une invitation à se pendre. Elle s’est demandée « est-ce-qu’elle veut vraiment ma mort ?» nous dit Me Cornillet. Préjudice moral important, une petite fille apeurée par la présence agressive et permanente de la prévenue… La compagne qui s’est retrouvée dans un tourbillon obtient 2 000 € pour les « souffrance­s endurées » et diverses indemnités matérielle­s.

Un grillage et des caméras autour de chez lui

Quant à l’ex-mari, il se dit usé et fatigué. « Maintenant j’ai un grillage d’1m70 autour de chez moi et des caméras partout. Le seul jour où je n’ai pas pu mettre ma nouvelle voiture sous une caméra, je l’ai retrouvée dégradée, j’en ai eu pour 2000 € de frais. ». Il ne demande rien, ni sa mère pour son potager ; si ce n’est le remboursem­ent des réparation­s de la nouvelle voiture et d’une franchise pour des vitres de sa maison brisées. « Je voudrais qu’elle ait un suivi psychologi­que ».

10 mois de prison avec sursis

Le tribunal l’a entendu et a condamné la prévenue, infirmière de profession, à une obligation de suivre des soins. Elle devra rembourser les victimes du préjudice matériel. Elle écope enfin de 10 mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve et a désormais interdicti­on d’entrer en contact avec ses victimes, excepté son ex-mari pour tout ce qui a trait à la garde des enfants.

Pour l’aider à tourner la page, Me Stichelbau­t invite sa cliente à reprendre son nom de jeune fille, quand bien même son ex-mari l’avait autorisée jadis à conserver le sien…

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