Et si on greffait une tête sur un corps…

L’écrivain Hubert Haddad était à la Grande Passerelle, invité par l’Encre Malouine. Extraits d’une rencontre passionnante, entre poésie, littérature et questions sur la science et sur l’homme…

Hubert Haddad a été accueilli par Jean Bories, l’adjoint à la culture de Saint-Malo. Un Jean Bories sincèrement convaincu par le travail de Charlotte Cabot et de l’Encre Malouine, pour faire venir des auteurs majeurs de la littérature tout au long de l’année. Il était là, et il a salué l’amour des livres des Malouins, en invitant à aller voir, « au-delà des brise-lames, symboles de Saint-Malo, ce mur de la Grande Passerelle, ce mur de mots et ses pensées de grands écrivains qui mérite l’attention ». Il était là, et n’a pas quitté la salle avant d’enchaîner avec le concert de Rokia Traoré, très intéressé par l’intervention d’Hubert Haddad et son interview par Charlotte Cabot.

A partir d’un fait d’actualité

Au coeur de la rencontre du jour, les deux romans publiés par l’écrivain en 2015, Mâ et Corps désirable. Deux romans qui donnent envie d’être découverts : l’un met au coeur du texte la marche, et le fait que marcher permet de rester en vie, dans un cadre japonais et avec des personnages japonais. « Avec j’ai voulu retrouver le cheminement des moines bouddhistes », confie l’auteur qui se déclare fasciné par la culture nippone. Lui qui brandit qu’un artiste ne peut connaître la sérénité, se situant « dans l’inquiétude, et ayant toute une vie pour atteindre ce qui l’inquiète ».

L’autre livre convoque tout à la fois le thriller et la science-fiction, à partir d’un fait d’actualité et d’un énorme travail de l’auteur sur le milieu médical et la greffe : il s’inspire d’un fait réel, du projet exposé en juin 2015 par un chirurgien italien de pratiquer une greffe de corps… Une greffe totale de corps, avec une autre tête ! Le roman Corps désirable s’inspire de cette idée pour penser la question de l’identité. Qui devient-on si on mêle un corps et une tête de deux personnes différentes ? « C’est quoi l’humain ? Que devient la mémoire ? La science ne pense pas, et la technique est aveugle », commente l’écrivain. Et l’amour ? Qui aime-t-on alors ? Le propriétaire du corps, ou celui de la tête ? A méditer…