Le Pays Malouin

Bienvenue dans le monde fantasmé des tatoués

- V.D. Corsair Tatttoo Ink, au Quai Saint-Malo, au pied des remparts de la cité malouine, les samedi 9 et dimanche 10 juillet de 10h à 21h. Entrées : 15 euros sur place, 13 euros en prévente.

80 tatoueurs prendront possession du Quai SaintMalo ce week-end. L’organisate­ur du salon Kalil Moktar nous dit tout sur le tatouage, phénomène en pleine expansion, qui intrigue et fascine. Et sur le gros rendez-vous de ces deux jours où 3 à 4000 visiteurs sont attendus. Interview. Le tatouage semble avoir le vent en poupe, en ce moment, comment l’expliquez-vous ?

La chaîne 23 à la télévision, qui propose plein d’émissions sur le tatouage y contribue sans doute : le tatouage est plus visible, et de la même manière, les stars n’hésitent plus à les montrer, comme Justin Bieber par exemple…

On voit de plus en plus de boutiques de tatoueurs un peu partout…

En effet. En 10 ans, on a vécu un véritable boom de la discipline. Dans les années 90 nous n’étions qu’une cinquantai­ne en France, aujourd’hui on compte 4000 boutiques de profession­nels sur le territoire. Je fais d’ailleurs partie d’une associatio­n, ’Tatouage et partage’, dont je suis le secrétaire, et nous militons pour que la profession obtienne un statut d’artisan. Ce pour protéger notre profession, et éviter que certains ne s’installent pour faire parfois n’importe quoi.

Pourquoi se fait-on tatouer ?

Pour plein de raisons… Pour des événements que l’on tient à graver profondéme­nt en soi. Pour accroître sa confiance en soi, aussi : se faire tatouer, c’est un bouleverse­ment, et ça participe d’un rituel. On confie ce qu’on a de plus cher, sa peau, à quelqu’un qu’on ne connaît pas et qui va nous marquer à vie… C’est un des derniers espaces de liberté. On n’est pas pareil après un tatouage qu’avant. Il y a un impact psychologi­que fort.

« 20 ou 40 ans pour faire son premier tatouage, 10 mn pour décider du second »

Pour quelles raisons un tatouage a t-il un impact psychologi­que fort ?

Ça donne une force, parce qu’on a affronté la peur, et on l’a surmontée. Le tatouage véhicule un cortège de questions et d’idées associées : est-ce que ça fait mal ? L’hygiène ? Vais-je affronter un monde de mauvais garçons ? On le fait, on franchit le pas, et on a vaincu sa peur. On dit souvent dans notre monde qu’on met 20 ans, 40 ans, à passer le cap d’un premier tatouage, et 10 minutes pour décider du second. Parce que les peurs ont disparu.

Et justement, ça fait mal ? Soyons clairs : ce sont de petites aiguilles qui entrent dans la peau à une profondeur de 1 mm à 1,5 mm, alors on ne peut pas dire qu’on ne sent rien. Il faut 5 à 10 minutes pour que le corps s’habitue, le temps qu’il secrète de l’endorphine, et après ça va. Ce qui est particulie­r, c’est qu’on accepte la douleur, puisqu’on le veut, ce tatouage…

En matière de douleur, vous recevrez sur votre salon un des maîtres japonais du tatouage traditionn­el, réputé pour être encore plus douloureux ?

Ce sera la première fois qu’Honda Tsuyoshi quittera le Japon pour faire une démonstrat­ion de son art et de sa terrible vélocité alors qu’il pique à la main, au « tebori » en réalisant des pièces d’une complexité hallucinan­te. Oui, ça fait beaucoup plus mal, mais c’est un autre rituel, et il y a des adeptes, qui aiment cette idée du tatouage à la main, sans machine, avec quelqu’un qui fabrique lui-même ses pigments de couleur…

Pourquoi un salon du tatouage, et pourquoi SaintMalo ?

Une convention internatio­nale du tatouage, je trouve ça magique ! On sera 80 tatoueurs, c’est comme une grande famille, avec l’ambiance qui va avec, une ambiance de foire avec des cracheurs de feu, des échassiers, une école de cirque, des foodtrucks, des glaces, des chichis, des galettes saucisses ; sans oublier des concerts (jazz manouche, blues et DJs) ou encore le concours des plus belles pièces réalisées sur le salon (chacun va tout donner pour être celui qui gagne !). Et Saint-Malo parce que le port, le Quai Saint-Malo, j’ai trouvé que c’était l’endroit rêvé pour l’accueillir ; vous savez que ce sont les marins qui ont remis le tatouage au goût du jour lors de leurs voyages les siècles passés ? En France, le tatouage est arrivé par les bataillons d’Afrique, les Bat d’Af.

Parmi les temps forts ce week-end… Bob Escoffier se fera faire son premier tatouage en direct, sur le salon ?

Oui ! On lui a proposé, il a dit banco… Ça aura lieu aux alentours de 16h, sur le salon, en public, je serai le tatoueur… Il m’a dit qu’il ne s’était pas encore complèteme­nt arrêté sur le motif, mais que, comme on peut s’y attendre, ce serait sur le thème de la mer.

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