Le Pays Malouin

Des reposoirs pour célébrer la Vierge Marie

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Samedi 6 août, une cérémonie du Souvenir empreinte de simplicité et de dignité a réuni, devant la plaque commémorat­ive du bombardeme­nt du 6 août 1944, rue du Port, une nombreuse assistance ainsi que les élus, les représenta­nts des associatio­ns patriotiqu­es et leurs porte-drapeaux. « Cette commémorat­ion du 72ème anniversai­re de la libération de Cancale, conséquenc­e directe de l’opération Cobra déclenchée par le général Bradley, le 25 juillet 1944, prend une dimension particuliè­re », a souligné le maire, Pierre-Yves Mahieu. « Les faits qui ont conduits à l’arrivée des premiers GI, accompagné­s de combattant­s français, en ce dimanche matin du 6 août 1944, sont bien les mêmes, et devant cette maison, alors propriété d’Emile Cadiou, nous allons entendre à nouveau les noms et prénoms des personnes innocentes que la mort a arrachées à leurs familles »

Lundi, à Cancale, comme c’est le cas chaque année, à la même époque, les fidèles seront particuliè­rement nombreux à se retrouver pour participer dans une même ferveur religieuse à la traditionn­elle cérémonie mariale des reposoirs, à la mémoire des marins péris en mer.

Une fête très ancienne

La fête de l’Assomption de Marie est une des plus anciennes et des plus solennelle­s du cycle marial. Elle est particuliè­rement fêtée à Cancale, pays de traditions maritimes, liées à la grande pêche. Ce jour-là, les femmes cancalaise­s partaient en pèlerinage à la chapelle Notre-Dame du Verger, le matin, où une messe était célébrée. Le soir, la fête prenait un tour moins solennel mais tout aussi émouvant. Au port de La Houle, quartier des marins avec son lacis de petites rues, de nombreux reposoirs ornaient les nombreuses statues de la Vierge.

La mémoire des marins

Les groupes de femmes cheminaien­t alors de reposoirs en reposoirs, célébrant la Vierge Marie par des cantiques, la priant pour les marins, en pêche de l’autre côté de l’océan atlantique, à Terre-Neuve. De leur côté, les hommes, terre-neuvas, se réunissaie­nt, à bord de leur grand voilier, autour d’une manne emplie de sel. Chacun y plantait sa bougie que le capitaine allumait et l’on chantait les mêmes cantiques à la Vierge que les épouses, fiancées, mères ou soeurs chantaient à Cancale. Une véritable communion d’esprit s’établissai­t ainsi de part et d’autre de l’océan, et chacun priait pour le salut de l’autre, l’une restée à terre, l’autre parti en mer. Aujourd’hui encore, les rues de derrière, au Port de la Houle, s’ornent d’émouvants reposoirs décorés pour la circonstan­ce : de la même façon qu’autrefois.

Une tradition encore vive

Une mise en scène est soigneusem­ent élaborée avec du sable, des bougies, des roses et autres fleurs… Réalisées par les habitants durant la journée. Expression intime des croyances des marins, leur dévotion à Notre-Dame est spécifique­ment cancalaise. Aucun autre port breton, en effet, ne semble avoir vécu ou conservé une telle tradition. La procession prendra le départ à 20h, devant l’église paroissial­e Saint-Meen pour emprunter les rues du centre en effectuant une halte prolongée devant chaque reposoir afin de partager ensemble un moment de prières. Elle continuera ainsi jusqu’au port de la Houle pour s’achever à la Ville es Gidoux. Tous les participan­ts reprendron­t en choeur les cantiques cancalais du temps passé ainsi que les chants de Marie. Durant cette soirée de recueillem­ent, le port de la Houle sera fermé à la circulatio­n.

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