Jacques Ledran, le jeune Malouin monté à Paris

C’était la plus grosse journée de l’année à l’hippodrome de Saint-Malo, et coup de chance, la météo était du côté des organisateurs. « Il ne fait pas assez beau pour aller à la plage, mais pas assez moche pour rester cloîtré chez soi ! c’est le temps idéal ! » dit, amusé, le président Gilles Caroff.

Avec 8 courses au programme et Mickael Landreau pour ambassadeur, l’hippodrome a fait le plein en ce jour du Grand National du Trot.

« On a ici les meilleurs jockeys du monde. Jean-Michel Bazire par exemple vient souvent à Saint-Malo », se targue Gilles Caroff.

De bons jockeys, des chevaux en forme, un soleil mitigé, et même deux pom-pom girls, voilà une bonne recette pour remplir les tribunes, noires de monde à chaque course.

Le 12 août dernier, il jouait avec sa troupe la dernière représentation de l’été au théâtre Chateaubriand. Comme chaque année, Jacques Ledran a porté un projet d’envergure. Zoom sur un Malouin, metteur en scène et comédien qui fourmille d’idées… et d’énergie.

Jacques Ledran a grandi à Saint-Malo. Pardon, à SaintServan. Fils de prof et d’un parfumeur, il a une « révélation » à 15 ans : une amie de la Providence lui propose de prendre un petit rôle dans sa compagnie. Il accepte : le voilà tombé dans la marmite théâtre dont il ne ressortira plus.

Passe ton bac d’abord !

La passion l’emporte. Sa mère s’en réjouit mais tout de même : le bac d’abord. Une fois en poche, Jacques met de l’argent de côté en travaillant dans les bars de Saint-Malo. Au bout d’un an à servir des bières, le voilà parti à Paris. Il intègre le cours Jean-Laurent Cochet, qui a vu avant lui Depardieu, Emmanuelle Béart ou bien encore Luchini s’asseoir sur ses bancs. Il y restera un an et demi, à côtoyer l’excellence et l’exigence.

Depuis, Jacques a écrémé tous les café-théâtre de Paris avec un one-man show pendant deux ans pour se faire connaître. Canal + l’a repéré : « A partir de là, j’ai trouvé un agent » et le reste a suivi : du théâtre, classique et contemporain, des séries télévisées, des festivals, du cinéma, mais aussi quelques pubs. Les castings s’enchaînent et se ressemblent, mais chaque fois une nouvelle expérience est à la clé. Comme par exemple la pièce « Grec cherche grecque » d’Emile Zalinov, « un vrai gros spectacle, avec un an de répétitions et de cours de danse. » ou bien ces quatre années passées au Puy du Fou, à former des comédiens.

Mais même résidant en Vendée, Jacques revenait à SaintMalo, chaque été. Depuis dix ans, il y joue sa promenade « Saint Servan, la légende » ; « et c’est toujours le même spectacle ! on ne peut pas changer l’Histoire… ! »

« Je n’ai jamais vraiment galéré »

Aujourd’hui le metteur en scène et comédien s’illustre à l’Opéra Bastille dans la Traviatta, et a un an de travail devant lui avec un « très beau projet pour septembre ». On n’en saura pas plus…

Le secret du succès ? «5% de talent, 95 % de travail ! ».

Depuis 2003, sa compagnie « Saint-Malo sur scène » fait éclore de plus en plus de talents malouins. Peut-être un jour restera-t-il sur la côte d’Emeraude pour les couver. Mais d’ici là, Jacques Ledran va continuer de vivre de sa passion à Paris. En revenant « à la maison » une fois par mois, pour s’occuper de la Compagnie, préparer ses spectacles mais aussi pour son bon plaisir : un tour de remparts ou une balade servanaise ne se refusent jamais…