Le Pays Malouin

Il fait la grève de la faim pour défendre les droits de sa femme

- N.E.

Yves Bernard a entamé une grève de la faim le 9 août dernier. Depuis ce jour, les Malouins ont pu l’apercevoir, distribuan­t des tracts sur les marchés ou devant Intra-Muros. Par cette action, il entend alerter et sensibilis­er l’opinion publique sur la situation de sa femme, Caroline Bernard. Explicatio­ns.

Caroline Bernard est âgée de 53 ans. Elle a été engagée en 1996 par la Ville de Saint-Malo, afin d’exercer comme violoniste et professeur de violon au Conservato­ire de Saint-Malo. En 2004, elle contracte une maladie [épicondyli­te] qui l’empêche de jouer de son instrument et d’enseigner. Son mal est alors déclaré comme maladie profession­nelle. Ce qui signifie qu’elle continue à percevoir son salaire.

Mais en 2010, la Ville décide que sa maladie n’est pas imputable à son travail au Conservato­ire et qu’il ne s’agit donc pas d’une maladie profession­nelle.

Un conflit juridique qui s’éternise

Un conflit juridique s’en suit. Après plusieurs jugements, la Cour d’Appel administra­tive de Nantes a décidé le 7 avril dernier que la commune de Saint-Malo devait « procéder au réexamen de la situation administra­tive de Caroline Bernard ».

Caroline Bernard pensait en avoir enfin fini avec cette situation, particuliè­rement difficile à vivre. Elle a été contrainte d’abandonner sa passion, mais, en plus, elle s’est sentie traitée comme une menteuse par l’attitude de la Ville de Saint-Malo. S’ajoute le préjudice financier puisqu’elle ne touchait plus, depuis plusieurs années, qu’un demi-salaire, sans compter les frais d’avocat pendant ces années de procédures.

Seulement, jusqu’ici, rien n’a changé. Alors que, selon les époux Bernard, le jugement stipulait que la Ville disposait d’un délai de 4 mois maximum [donc au 7 août Ndlr], pour rétablir Caroline Bernard dans ses droits .

De son côté, la première adjointe Michèle Lombardie n’a pas la même analyse. « C’est un dossier très complexe et nous ne sommes pas les seuls à décider. La procédure est en cours. Un dossier est parti pour être examiné par la prochaine commission de réforme (1). Celle-ci va donner un avis, peut-être en septembre. Mais de toute façon, ce ne sera pas la fin de l’histoire… »

L’élue assure cependant qu’il n’y a aucune « volonté de nuire à quiconque. Mais passé un certain délai d’absence, on est obligé de saisir le comité médical. Et ce sont des experts qui ont dit [à un moment donné] que sa maladie n’était plus imputable à son travail. Nous sommes donc obligés d’en tenir compte. L’objet n’est pas de faire des économies sur son dos, mais simplement de respecter les règles ». Michèle Lombardie signale aussi que d’autres agents de la Ville sont actuelleme­nt « en situation de maladie profession­nelle, imputable au service. Certains depuis plusieurs années… »

Evidemment, Yves Bernard ne partage pas du tout ce point de vue et estime que les droits de sa femme sont bafoués. Pour protester, il a donc entamé une grève de la faim. Un moyen de sensibilis­er le public. Mardi dernier, au moment de notre bouclage, il continuait son combat. Il était en attente d’analyses médicales et très fatigué…

(1) Une commission de réforme est instituée par départemen­t sur arrêté du Préfet. Cette instance médicale et paritaire est obligatoir­ement consultée, selon les dispositio­ns réglementa­ires et plus particuliè­rement sur les refus d’imputabili­té des accidents du travail et des maladies profession­nelles, les allocation­s temporaire­s d’invalidité, les mises en retraite pour invalidité.

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