« C’est mieux d’avoir des salariés, sinon vous avez une vie de dingue ! »
Jean-Pierre Maison représente les marchands de journaux du département depuis 20 ans, il est aussi le patron de la Maison de la Presse de Dol, dans la rue principale. Gros plan sur un passionné par son métier, et sur une profession qui ne va peut-être pas si mal.
Vous représentez les marchands de journaux, combien sont-ils sur le territoire ?
Ils sont 700 dans le département, environ 150 dans le pays de Saint- Malo. Notre Union (Union nationale des diffuseurs de presse) représente 300 à 400 établissements sur le département. J’en suis le président départemental depuis 20 ans.
Comment se portent-ils ? Comme dans toutes les professions, certains s’en sortent mieux que d’autres. Il y a des magasins qui disparaissent, mais comme dans tous les domaines ; il n’y a plus de créations, c’est vrai. Mais le territoire français est bien couvert par un réseau dense de marchands de journaux, y compris dans les petits villages. Il y a peut-être une érosion du nombre de magasins, mais ce ne sont pas forcément des faillites.
Diriez-vous que la presse va mal ?
Non ! D’abord, il faut vous dire qu’il y a toutes sortes de marchands de presse, tous très différents : la presse se vend dans des bars, tabacs, libraires, grandes surfaces, boulangeries, maisons de la presse… Et puis on ne s’en rend pas forcément compte, mais c’est le dernier réseau en France le mieux représenté : partout on peut trouver un très grand nombre de titres, dans une foule de domaines, et de tous bords politiques. C’est une spécificité française. Au Royaume Uni ou en Allemagne, vous ne trouverez pas ce genre de magasins proposant autant de revues. Bien sûr il existe maintenant des tablettes, mais rien ne remplace, pour moi, le plaisir des feuilles d’un journal que l’on tourne, avec le contact direct du papier, que l’on peut tourner et retourner autant que l’on veut…
Combien de titres trouvet-on au sein de votre maison de la presse ?
Environ 2000. On a du mal parfois à savoir à quoi correspond le titre d ’une revue, c’est dire ! J’ai dû avoir 2400 titres à une époque, j’en ai un peu moins aujourd’hui ; cela englobe quotidiens, hebdos, magazines en tout genre, y compris des titres très épisodiques, comme la Bougie du Sapeur, qui ne paraît qu’une fois tous les 4 ans, le 29 février des années bissextiles !
Quelles sont les clés, selon vous, pour s’en sortir ?
C’est sûr, il faut bosser dur. Il faut de l’organisation, c’est un métier à forte amplitude horaire, à peu près 12 heures chaque jour, en comptant le temps passé avant l’ouverture, la gestion des caisses et des invendus après la fermeture. Il vaut mieux être passionné par son métier, même si cela peut ne pas suffire. L’idéal est d’avoir des salariés, sinon vous n’avez plus de vie. En ce qui me concerne, j’ai trois salariées de confiance, précieuses, Christelle, Elisabeth et Véronique. Cette équipe de quatre personnes que nous sommes nous permet de prendre des vacances bien méritées car le magasin est ouvert tous les jours de l’année, dimanches et jours feriés compris !
Je ne vous cacherai pas aussi que cette Union nationale des diffuseurs de presse est aussi un atout, et j’encourage vraiment tous à nous rejoindre : parce qu’on obtient une foule d’informations, des conseils qui concernent la gestion, la modernisation, conseils précieux pour s’en sortir. Elle a su convaincre nos partenaires de nous donner plus de rémuneration sur la vente de la Presse en general, c’est pas mal ! Je recommanderais aussi de se diversifier pour y arriver…
C’est-à-dire ? Plus vous avez de cordes à votre arc… Vendre de la presse, mais pas seulement : des livres, produits de la Française des jeux, cartes postales, tabac, timbres postaux et fiscaux, PMU, boissons à emporter, confiserie…. Cet été, il faisait chaud, j’ai vendu des canettes de boissons aux clients ; en pleine rue passante, ça a bien marché ! C’est un plus, il faut savoir se renouveler.
Qu’est ce que vous aimez particulièrement dans votre métier ?
Vous voyez des centaines de clients par jour. Ça reste un lieu de vie, un lieu où on se ren- contre, où on échange. L’excuse, pour sortir de chez soi, discuter un peu, c’est bien souvent un journal à acheter. D’ailleurs, si j’avais la place, j’y mettrais une machine à café !