Le Pays Malouin

Elles donnent de leur temps pour chasser la solitude

- V.D. Vous avez envie de vous investir ? L’associatio­n cherche d’éventuels bénévoles. Contact : Régine Delafosse, au 06 16 64 39 54. Vous pouvez aussi aller les voir pendant leur permanence 36 bd des Déportés à Paramé, chaque 1er et 3ème mercredi de chaqu

A Dinard et Saint-Malo par le biais de trois sections distinctes, la société St-Vincent de Paul compte des ’pools’ de bénévoles. Leur mission : faire la vie dure à la solitude subie, et apporter un peu de chaleur humaine à ceux qui n’en ont plus beaucoup. Rencontre avec trois d’entre eux.

On les appelle des visiteurs, ou des visiteuses. Ils sont 18, au sein de la Société St-Vincent de Paul de Paramé, qui y existe depuis… 1897. « Il y avait de grandes solitudes, et des anciens qui n’avaient pas un sou ; il régnait une grande pauvreté » , raconte Régine Delafosse, 60 ans, la présidente de la section de Paramé, l’une de ces visiteuses. Ces sections s’appellent chez eux des conférence­s ; le départemen­t en compte 5 à Rennes, et trois sur la côte, une à Dinard et deux à Saint-Malo : Paramé et St-Servan. La mission qu’ils se sont fixée : chasseurs de solitude (subie), et apporter un peu de gaieté dans des quotidiens parfois difficiles.

L’ex-professeur­e de technologi­e, investie en tant que visiteuse depuis 11 ans, explique qu’elle avait « envie de donner » , lorsque ses enfants sont devenus grands. A ses côtés, une petite communauté de femmes et d’hommes gravite autour de cette idée. Comme Marie-Thérèse, qui a commencé à Dinard par visiter des personnes venant de perdre un conjoint, ou MarieClaud­e, à qui le prêtre qu’elle côtoyait a recommandé cette action.

« Des amitiés qui se créent »

Les visités leur sont signalés par des assistante­s sociales, l’hôpital, le presbytère, des infirmière­s, des familles… Ou par les visiteurs eux-mêmes, qui ont développé un sixième sens, un sens de la vigilance et de l’intérêt pour autrui au point de parfois débusquer un voisin, ou une voisine dans le besoin : « Mon voisin a une petite entreprise qui lui prend évidemment du temps ; sa femme ne peut plus être au travail, elle est tombée malade ; alors elle est seule, quand il travaille ! Je vais aller la voir, et passer un peu de temps avec elle » , raconte l’une d’elles. Durant ce temps de visite qui peut être très variable, chacun donne à sa mesure. « Régine oriente les visiteurs en fonction des personnali­tés qu’elle connaît de chacun, de nos goûts ; parler, jouer au scrabble, bricoler… A force, ce sont des amitiés qui se créent entre les personnes seules et nous-mêmes » , confie Marie-Claude.

Marie-Thérèse, elle, consacre une partie de son temps à une maison de retraite de Saint-Malo. « C’est en accord avec la maison de retraite, et nous ne nous imposons pas, bien entendu. Ce n’est pas parce qu’on est ensemble, comme dans les maisons de retraites, qu’il n’y a pas de solitudes ! Alors je cherche les gens très seuls. Ceux dont la famille est loin, par exemple. Je frappe à la porte, je me présente : ça commence par un petit contact. Et puis je leur demande si cela leur ferait plaisir que je revienne. Ça leur fait plaisir. Je les reconnais, ils me reconnaiss­ent, je crois que c’est très important d’être reconnus. Ils aiment parler de leur vie. Je visite un monsieur de 97 ans qui a été décoré de la Légion d’honneur, il aime me raconter des passages de sa vie ! Je vais aussi dans la partie Alzheimer, là, c’est moins les paroles, c’est plus un regard, ou juste un contact, une main tendue… » , confie Marie-Thérèse.

« Lutter contre le chacun pour soi »

Parmi les personnes visitées, il y a des personnes âgées, touchées par la solitude, mais pas seulement. Des familles monoparent­ales, aussi. Parfois transitoir­ement. Pour lors, 35 personnes font partie des visités de Paramé. Leur passage est attendu, une ou deux fois par semaine. Des événements sont organisés, comme la brocante de Noël, pour récolter de l’argent au profit de ces visites. Pour de petites attentions à ces autres…

Certains viennent le temps de la permanence, et dans une ambiance bon enfant, il arrive que l’on joue au Scrabble, un Scrabble géant accroché au mur. Ce qui compte, c’est la chaleur qu’on partage. « Il s’agit de lutter contre l’égoïsme et le chacun pour soi » , ajoute Régine Delafosse. Histoire de ne pas oublier qu’on est tous le voisin de quelqu’un…

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