Le Pays Malouin

En direct avec Louis Burton

- Recueilli par notre correspond­ant J-C. VAUDELET

Louis Burton, le Malouin qui participe au Vendée Globe sur le monocoque Bureau Vallée, a parcouru plus de la moitié de son tour du monde et réalise une très belle course. Le Pays Malouin a pu communique­r avec lui.

Le Pays Malouin : Malgré quelques problèmes techniques (safran, grand spi, pilote automatiqu­e…) que tu as réussi à gérer, tu es en tête de la deuxième partie de la flotte. Quelles sont les conditions météo actuelleme­nt ?

Louis Burton : Bonjour ! Le jour s’est levé à 23 h TU donc minuit pour la France avec un grand soleil, 25 noeuds de vent d’ouest et 3 mètres de houle d’ouest ! Des conditions parfaites pour aller vite sans fatiguer le bateau. Quant au soleil, je ne l’avais plus vu depuis 10 jours, car je navigue dans des dépression­s où le ciel se confond avec la mer à 20 mètres tout autour du bateau, où les vagues sont énormes, cassantes et où le vent atteint régulièrem­ent 50 noeuds.

Tu es actuelleme­nt au large d’un des trois caps à franchir pendant ce tour du monde : le cap Leeuwin (1). Quelles sont tes impression­s ?

En effet, je vous réponds alors que je viens de franchir la latitude du cap Leeuwin qui marque le sud de l’Australie et je serai dans l’océan Pacifique dans quelques jours ! Cela signifie aussi que l’on approche de la micourse et que bientôt, chaque minute qui passera me rapprocher­a des Sables d’Olonnes et du retour à la maison en terre malouine.

C’est bon pour le moral. Aller naviguer aussi loin de l’autre côté du monde est un véritable défi tant les conditions sont extrêmes et les embûches sont nombreuses. À côté de ça, je suis pour le moment satisfait de mon positionne­ment, en tête des bateaux de la même capacité de vitesse que Bureau Vallée. Et je tiens à saluer la performanc­e de l’écurie BG Race à Saint Malo qui a su préparer au top mon Bureau Vallée.

Tu es isolé sur les mers du sud mais fais-tu des rencontres ?

Oui, c’est une grande découverte pour moi ! Ici comparativ­ement aux transats, on sent bien que l’on n’est pas chez nous sur ces océans australs. Les baleines, de toutes sortes, sortent régulièrem­ent le nez ! C’est à chaque fois un moment magique mais également stressant, car si le hasard en met une sur la route, alors tout s’arrête et en général après on entre en survie. Car les quilles en acier et les coques en carbones lancées à plus de 20 noeuds n’apprécient pas les rencontres du 3eme type. Il y a aussi les albatros et leurs sbires. Avoir le sentiment de vie autour de soi lorsque l’on taille sa route seul c’est une présence réconforta­nte.

Prochain cap, le mythique cap Horn, une référence pour tous les navigateur­s ! Et une appréhensi­on ! Pour toi aussi ?

J’ai hâte ! Ça voudra dire que j’aurais réussi à traverser l’Indien et le Pacifique à des latitudes australes, que je rentrerai dans le dernier tiers de ce Vendée Globe dans des contrées moins inhospital­ières ! Ça voudra dire aussi d’un point de vue personnel que je serais cap hornier et pourrais donc n’avoir plus cela à envier à ma chère et tendre fiancée Servane Escoffier qui l’est depuis presque 10 ans !

(1) l’interview a été réalisée la semaine dernière alors que Louis Burton était au large du Cap Leeuwin (pointe ouest de l’Australie). Mais mardi, il venait de pénétrer dans le Pacifique, après avoir dépassé la NouvelleZé­lande.

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