Le Malouin signe un livreenquête sur « Le phénomène Le Drian »

En cette fin d’année, le Malouin Benjamin Keltz signe un livre édité à 5000 exemplaires sur le Breton, ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Interview.

Pouvez-vous nous rappeler qui vous êtes ?

Malouin de 31 ans, je suis journaliste depuis dix ans. Je travaille essentiellement pour les magazines Bretons et l’Express. J’assure un mi-temps de formateur à Sciences Po Rennes sur le journalisme, enquêtes et reportages. Parallèlement, j’ai créé ma maison d’édition Au Coin de la rue, en 2011, l’objectif étant de faire paraître deux à trois ouvrages par an, sur des sujets bretons, sous un angle neuf.

Vous co-signez Le Phénomène Le Drian avec un autre auteur, Nicolas Legendre, paru le 23 novembre dernier. Pourquoi ce choix ?

Le déclic, ce fut quand JeanYves Le Drian s’est présenté à la présidence de la Région alors qu’il était ministre… En ces temps où est prônée l’absence de cumul des mandats, on s’est dit que ce Breton, qui a fait l’objet de très peu d’oeuvres jusquelà, méritait qu’on s’intéresse à son parcours…

En quoi a consisté votre travail d’enquête ?

Nous avons rencontré un maximum de personnes l’ayant côtoyé, pour essayer de cerner le personnage au plus juste, d’en tracer un portrait fiable. Des personnes l’ayant connu jeune, ses amis, ses ennemis politiques, etc. Au total une centaine d’interlocuteurs, de Michel Rocard au Malouin Herri Gourmelen, d’amis de ses parents à Lanester jusqu’à des employés de son cabinet ministériel. Puis, il nous a fallu faire le tri du « bal des courtisans », de ceux qui voulaient parler de lui pour être visibles dans notre livre et être bien vus du ministre. A la fin du livre, on a listé les personnes qui nous ont parlé en « on ».

Et Le Drian lui-même ? L’avez-vous rencontré ?

Nous l’avons prévenu assez rapidement. Et comme il a un réseau incroyable, de toute façon, nous savions qu’il en serait très vite informé, ce qui a en effet été le cas. Nous avons écrit le livre en pensant qu’on ne le rencontrerait pas. En avril, nous l’avons sollicité pour pouvoir le rencontrer, mais nous n’avions pas de suites, ce qui ne nous étonnait qu’à moitié : ce n’est pas quelque chose qu’il affectionne particulièrement, de parler aux médias ! Et puis, en septembre : il nous propose un rendez-vous d’une heure.

Comment la rencontre s’est-elle passée ? Quelle place occupe-t-elle dans le livre ?

Le livre commence par ça. Une heure, c’est à la fois long et très court, pour toutes les questions que nous avions à lui poser. Il a fallu qu’on soit très efficace. Au final, nous avons pu le voir trois fois une heure. Et globalement, on n’a pas changé le contenu initial du livre.

Et le livre en lui-même, que pouvez-vous nous en dire ?

On a fait un chapitrage chronologique. Tout en essayant de l’écrire pour qu’il puisse se lire comme un roman. Ses parents, son enfance, ses zones d’ombre, sa traversée du désert en 1993, son positionnement politique, on a creusé tous ces épisodes. Et nous sommes assez contents d’avoir pu l’illustrer grâce à une photo inédite, prise par le photographe Emmanuel Pain, qu’on connaît bien, et qui nous l’a confiée, issue d’un de ses reportages.

Que pourriez-vous nous dire de Jean-Yves Le Drian, en quelques mots ?

C’est un personnage particulier. Derrière l’image de quelqu’un de plutôt bonhomme et sympathique, il y a un joueur d’échecs incroyable, un énorme pragmatique, quelqu’un qui a la faculté de rendre les sujets, y compris ceux qui fâchent, intéressants… Un homme politique qui fera date.