Le Pays Malouin

« Sept mois de travaux, c’est beaucoup trop long ! »

- Recueilli par V. DAVID

« Je suis ici depuis 1997. A l’époque ça s’appelait ’Numéro 10’, puis lorsque j’ai racheté le salon, je l’ai appelé Nouvelle Vague. En 2000, je lui ai donné mon nom, je me suis distingué dans la haute coiffure, le conseil en image. On était dix salariés. Depuis 2005, on a perdu six salariés. Trop de charges, et une taxe foncière qui nous étrangle, 1800 euros !

« J’ai raté ma vente à cause des travaux »

J’ai décidé de vendre cette année. En août j’ai signé un compromis de vente avec une acheteuse. Elle avait trois mois pour que la vente soit définitive, on devait signer en novembre. Seulement, entre temps, les travaux ont commencé. Et elle n’a pas signé… Elle a dû voir l’ampleur des travaux et se dire que c’était impossible ! Je ne remettrai pas mon salon en vente avant mai. Si on n’arrive pas à vendre, je perds tout ! J’ai engagé 250 000 euros pour ce salon ; pour en arriver là j’ai même engagé l’héritage de mes parents, 25 000 euros qui vont partir en fumée. J’ai 57 ans, j’ai bossé pour en arriver là, je suis vraiment en colère !

Car sept mois de travaux, c’est beaucoup trop long ! Vous vous rendez-compte, sept mois, à l’échelle d’une année, pour un commerçant ? Déjà, là, c’est très compliqué, et on en est qu’à deux mois. Parmi mes clients, j’ai des personnes qui marchent avec des cannes. Vous les imaginez venir jusque là ? Avec la route, les trottoirs complèteme­nt cabossés ? Il arrive que vous ayez un grand trou devant votre enseigne. Nous lavons le salon deux-trois fois par jour, rien qu’à cause de la poussière ; certains jours, il n’y a pas un chat ! On ferme parfois à 16h ou 17h, faute de clients.

« Il faut baisser les charges au prorata »

La Ville aurait dû prévoir des travaux par tronçons, pour que nous puissions nous en sortir. Ou alors, il faut nous aider ! On attend de la Ville qu’elle nous aide, financière­ment, qu’elle baisse les charges au prorata !

En deux mois, j’ai perdu 14 000 euros de chiffre d’affaires. Et décembre est normalemen­t mon meilleur mois de l’année, j’en suis loin cette fois-ci. En janvier, toutes les charges à payer vont tomber, la TVA, le RSI, l’URSSAF : j’ai déjà demandé un étalement, afin de payer en quatre mois. On est à bout. Certains des commerçant­s du boulevard vont très mal. Moi je gueule ! On n’était pas contre les travaux, mais il faut nous aider, ou nous allons couler ».

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