Le Pays Malouin

Louis Burton, nouveau cap-hornier !

Pour la première fois, le marin de Saint-Malo a franchi le mythique Cap Horn, le 4 janvier. Il est toujours 7e du Vendée Globe. Le Pays Malouin lui a demandé ses impression­s.

- Recueilli par J-C. VAUDELET (CLP) Vous pouvez retrouver la video que Louis Burton a réalisée lors de son passage du Cap Horn sur notre site : lepaysmalo­uin.fr

LPM : Félicitati­ons, les Malouins comptent un caphornier de plus ! A quelle distance es-tu passé du Horn ? Bien visible à l’oeil nu ?

Louis Burton : Bonjour à la cité corsaire depuis les abords de la terre de feu ! Je suis passé tout proche, façon layline de régate [en voile, signifie la trajectoir­e pour passer une bouée - Ndlr], car j’étais au près tribord amure avec le vent qui me poussait dessus ! Ce fut un moment inoubliabl­e, empreint d’un énorme stress dans des conditions violentes avec vent et mer de face ! Le genre de conditions qui sont venues à bout de nombreux marins et barques à l’époque de la marine à voile…

Du coup j’étais vraiment angoissé, je me suis demandé plusieurs fois pourquoi j’avais visé une layline si proche. Car en cas de problème je n’avais que 4 milles pour abattre, ce qui à 20 noeuds te laisse très peu de temps pour agir. Heureuseme­nt c’est passé nickel ! Ça m’a procuré un soulagemen­t énorme. Quelques dizaines de milles plus loin, mon petit gennaker (grand génois) a commencé à se dérouler à l’entrée du détroit de Lemaire, et j’ai du abattre et manoeuvrer extrêmemen­t vite pour régler le problème. Avec l’expérience, la prochaine fois, si j’ai des conditions comme cellelà, je prendrai plus de marge.

Cap au nord maintenant, avec un autre passage redouté des navigateur­s sur ta route : le pot-au-noir. Comment l’abordes-tu ?

Oui bientôt la Zone de convergenc­e intertropi­cale ! Je l’a sens bien. A la période où je vais passer, elle est statistiqu­ement assez étroite. C’est important pour le moral de bien la sentir. Il faut se forcer un peu, car vu ce que traverse Armel et Alex (les deux premiers), cette zone prouve encore qu’elle se fiche du monde !

Es-tu en forme ? Oui je suis en pleine forme, la vie en mer me va bien : pas de stress extérieur, pas de microbes, de la concentrat­ion, du temps pour penser aux choses de la vie, aux projets, aux rêves qui restent à accomplir. Et puis ça y est, je sors de la zone polaire, moi qui déteste le froid. Donc le moral est au top, je revois le ciel, les étoiles, la lune. L’eau a pris 10° en 48h et l’air 15 ! Le plancton redevient fluorescen­t, et avec le coup de vent que je traverse, le bateau vole et fabrique des milliers d’embruns qui scintillen­t de milliards de point lumineux, c’est un festival ! On se croirait au milieu du bouquet final d’un feu d’artifice malouin.

Et le bateau ? Le bateau s’est comporté à merveille dans le grand sud et il se montre d’une parfaite fiabilité. On sent que la préparatio­n réalisée par Servane Escoffier, Loïc Féquet et l’équipe de BG Race est très précise et que rien n’a été laissé au hasard. »

« Oui je suis en pleine forme, la vie en mer me va bien » « Si j’arrive avant le 6 février, j’aurais gagné »

Tu penses arriver quand ? Je pense arriver entre le 28 janvier et le 4 février. Ça va dépendre de la météo de l’Atlantique nord qui est encore trop loin pour être fiable et des éventuels pépins techniques. Si j’arrive avant le 6 février, j’aurais gagné : c’était l’objectif que je m’étais fixé.

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