Le Pays Malouin

Intra-Muros : le patron de bar avait frappé à coup de batte de baseball…

- V.D.

Tout s’est enrayé pour ce patron de bar d’IntraMuros lors d’une soirée en pleines vacances de la Toussaint. Provoqué par un homme qu’il n’avait pas voulu laisser entrer, il aura fini par frapper avec une batte de baseball. Il comparaiss­ait le 10 janvier dernier devant le tribunal, qui a estimé la victime majoritair­ement responsabl­e des faits…

29 octobre 2016, en pleines vacances de la Toussaint à SaintMalo. Alors que la soirée bat son plein, trois clients se présentent dans un bar d’Intra-Muros. Le patron, jaugeant l’état d’ébriété avancé de l’un d’entre eux, lui refuse l’entrée. Ce qui n’est guère du goût de celui-ci : le client refoulé s’énerve, sort du bar et s’empare d’une chaise, la trainant derrière lui.

Le gérant sort de son bar, voyant son matériel mis à mal ; il reçoit alors un coup de chaise -en métal - sur le bras, qui lui vaudra quatre jours d’ITT. C’est à ce moment-là qu’il voit rouge : le patron rentre dans son établissem­ent, et en ressort avec une batte de baseball, dont il frappe le jeune homme d’un grand coup. Le jeune homme tombe à terre et a encore la force de provoquer le patron. Pourtant le coup lui vaudra 75 jours d’ITT… Le patron s’enfuit alors et se réfugie dans un restaurant voisin, y cachant l’objet du délit.

« Lorsque vous rentrez dans votre bar et que vous prenez la batte de baseball, pourquoi n’appelez-vous pas la police à la place ? », interroge le juge. « Et que faisait cette batte dans votre bar ? ». On saura juste « qu’elle était là quand (il) a repris le bar, et qu’elle y est restée ». Un bar qui appartenai­t à son père auparavant.

« La faute de la victime »

« On est avec cette affaire dans la faute de la victime : si elle n’avait pas agi ainsi, elle n’aurait rien aujourd’hui », plaide Me Helouvry, l’avocate du prévenu : « Dès le départ lorsque le patron lui refuse l’accès, il insiste, insiste, d’après ses deux compagnons du soir entendus à propos des faits ; puis ils sont dans la provocatio­n, le client refoulé s’empare d’une chaise, l’autre d’une plante, c’était notre trophée, diront-ils. S’il avait laissé ces deux-là dégrader son bar, mon client n’en serait pas là », poursuit l’avocate. « Le premier geste d’agression, c’est la victime qui le donne, et puis les chaises volent, c’est un déferlemen­t, on a tout pris, on a tout jeté, disent les trois clients refoulés quand ils sont entendus », poursuit encore l’avocate du prévenu. « Ils sont nombreux à avoir voulu témoigner pour mon client, pour dire que cet enchaineme­nt de faits ne reflètent pas sa vie, y compris son assureur, son comptable, en plus de ses amis et de ses clients, et ce n’est pas si fréquent. Son établissem­ent est un bar bien tenu, et c’est parce qu’il a bien fait son travail en refusant de servir un client trop bourré qu’il en est là ». Elle sollicite un partage des responsabi­lités…

Le procureur lui aussi rappelle ces « provocatio­ns à répétition » de la part de la victime, ces « propos désagréabl­es », le fait que le patron de bar est lui même victime d’une agression avant de signifier qu’il « n’a pas gardé son sang-froid profession­nel ». « Je pense qu’on n’aura pas de récidive mais les conséquenc­es sont fâcheuses ».

Il a été placé sous contrôle judiciaire depuis, et a dû être placé en garde à vue, de même que l’ami restaurate­ur, pour avouer l’utilisatio­n de la batte de baseball, ce que la justice reproche au prévenu.

La victime avait 3,35g

Le taux d’alcoolémie de la victime, emmenée aux urgences ce soir-là était de 3,35g.

Le patron du bar a été condamné à trois mois de prison avec sursis et l’interdicti­on de détenir une arme pendant trois ans. Par contre, le juge a décidé que son casier ne portera pas trace de sa condamnati­on, et surtout, fait plus rare - mais qui peut arriver dans les cas de rixes, ou violences volontaire­s - qu’il y avait partage de responsabi­lité. Il a estimé le patron de bar responsabl­e à hauteur de 30%, et la victime à 70%. Le partage des responsabi­lités s’applique proportion­nellement aux dommages et intérêts (environ 2600 euros) dus à la victime : il ne devra donc s’acquitter que de 30% du montant de ces indemnités.

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