« J’ai commencé à avoir des insomnies »
Installée depuis 12 ans dans le quartier dinardais de la Guais, une habitante se plaint depuis bientôt un an de ressentir des symptômes « variables et complexes », lorsqu’elle est à son domicile. La faute, pense-t-elle, au fonctionnement d’un compteur Linky qui aurait éveillé chez elle une hypersensibilité aux ondes électromagnétiques.
« Le compteur Linky a été installé chez moi le 4 janvier 2016. Je n’avais pas d’a priori et je n’ai pas été malade tout de suite. Au bout de 3 semaines environ, j’ai commencé à avoir des insomnies. Je me sentais un peu bizarre. »
« Réveillée au bout d’une heure »
Mettant d’abord cela sur le compte de sa consommation de café et de thé, la Dinardaise arrête d’en prendre. Son malaise ne se dissipe pas pour autant. « J’étais réveillée au bout d’une heure, je ressentais des fourmillements dans les mains, les pieds. J’ai commencé à faire de la tachycardie », dit-elle, en évoquant aussi des sensations de brûlures à la tête, voire de décharges électriques. « Tous les jours je me disais, c’est pas possible, c’est un cauchemar, je vais me réveiller. Lors de la dernière crise, le 14 février, j’ai dit à mon mari que je ne voulais plus rester dans cette maison. » Cherchant ce qui a récemment changé dans sa vie et, remarquant que les sensations s’estompent dès lors qu’elle s’éloigne de chez elle, elle finit par faire d’elle même le rapprochement avec la pose du compteur Linky.
Un lien non établi
La Dinardaise a frappé à plusieurs portes pour exposer ses souffrances et trouver une solution.
D’une part, elle a consulté son médecin, mais aussi un spécialiste en pathologies environnementales à Nantes. Si sa parole sur ses souffrances a été entendue, il lui a aussi été souligné « qu’en l’état actuel des connaissances scientifiques, il n’existe aucun test spécifique validé permettant de démontrer un lien de causalité entre le fait d’être à proximité de ce type de compteur, ou d’autres appareils électriques émettant un champ électromagnétique, et des symptômes. »
Contactée, l’Agence Régionale de la Santé (ARS) lui a aussi répondu, dans un courrier du 13 juillet 2016, que les symptômes qu’elle décrit « sont certainement compatibles avec le syndrome nommé électro-hypersensibilité (EHS) » , en précisant que celui-ci n’est pas « reconnu par l’Organisation Mondiale de la Santé » .
D’autre part, Mme T. s’est rapprochée d’Enedis, la filiale d’Edf en charge de la pose de Linky, pour demander le retrait du compteur. Demande refusée, même si la Dinardaise dit avoir eu l’impression d’avoir été mieux écoutée lorsqu’elle a précisé la période à laquelle elle a commencé à ressentir son malaise.
Parcimonie sur l’électricité
Pour échapper à ces maux, elle et sont mari n’usent désormais plus de l’électricité qu’avec parcimonie, ce qui complique sérieusement la vie de la maisonnée. « Dans la cuisine, on utilise une plaque de cuisson. » Elle a acheté un multicuiseur. « S’il faut s’en servir longtemps, il est branché sur la prise du garage. Les derniers temps quand je cuisais quelque chose sur la plaque de cuisson, j’avais l’impression que mon corps se dérobait sous moi » , note-t-elle la voix chargée d’émotion. Le lave-vaisselle n’est mis en route que lorsque son mari et elle s’absentent. « Nous laissons une ligne ouverte dans le garage pour le congélateur, le réfrigérateur, le lavelinge, etc. Dans la maison, on n’a laissé que l’ampoule de la cuisine » ; pour le reste, le couple s’éclaire à la lampe-torche. Quant au chauffage, il n’est plus fourni que par la chaleur du poêle de la maison « mais il ne chauffe pas tout » , explique-t-elle. La Dinardaise a même réaménagé sa chambre pour éloigner le lit des prises.
Pour Mme T., qui s’est rapprochée du collectif dinardais opposé à Linky (via Stoplinky35), le problème reste entier. « Je suis plutôt posée. Je me pose beaucoup de questions, sur le portable, le Wi-Fi. Il y a des ondes partout. Je pense qu’elles ne sont pas à négliger et qu’on devrait plus se pencher sur ce problème. »