Le Pays Malouin

Dinard pique sa crise

Trois nouvelles démissions dans les rangs de la majorité la semaine dernière ont scellé la fin du conseil municipal de Dinard. Des élections anticipées devront être organisées d’ici le 25 avril. Quatre listes sont déjà annoncées.

- Sa. S

Trois ans sur le feu. Choix politiques contestés, brouilles avec les commerçant­s, prises de bec avec des associatio­ns, conflits permanents avec le personnel municipal, manifestat­ions d’opposants, couacs, pétitions, démissions en pagaille… Si la vie d’élu est rarement une sinécure, pour Martine Craveia-Schütz, elle aura eu un goût de tempête durant ces trois années passées à la mairie de Dinard. D’aucuns diront qu’elle l’a bien cherché. D’autres que ses nombreux détracteur­s lui ont bien savonné la planche. Restent les faits : à mi-mandat, la maire de Dinard, élue en avril 2014, ne dispose plus d’un conseil suffisamme­nt pourvu pour continuer à diriger la ville. Trop d’élus, à commencer par ceux de sa propre équipe, ont quitté le navire pour lui permettre de rester maître à bord.

Le clap de fin. Après une nouvelle année 2016 noire, marquée par une cascade de démissions (dont celle de toute l’opposition), le conseil municipal de Dinard ne tenait plus qu’à un siège. Ce qui était prévisible est donc arrivé mercredi 25 janvier. Annick Ollivrin, adjointe à la culture, notamment en désaccord avec Martine Craveia-Schütz sur la direction du festival du Film Britanniqu­e, annonce ce jour-là qu’elle quitte le navire. Laurent Boudet, adjoint à l’urbanisme, et Christiane Leroy, conseillèr­e municipale, lui emboîtent le pas et démissionn­ent à leur tour dans la soirée. Cette fois-ci, les carottes sont cuites pour MCS. La nouvelle se répand rapidement en ville. Les opposants au maire crient victoire. On entend même klaxonner pendant que certains sabrent le champagne. L’ère Martine Craveia-Schütz touche à sa fin, à mi-mandat, après trois ans à peine à la tête de Dinard. De nouvelles élections. Et maintenant ? Et maintenant, les Dinardais vont donc devoir réélire un nouveau maire pour trois ans. Jusqu’à la fin du mandat initial normalemen­t prévu en 2020. Ainsi l’exige l’article L.270 du code électoral, quand un conseil municipal a perdu plus d’un tiers de ses élus.

Le premier tour de ces élections devra être organisé « sous les trois mois » , soit avant le 25 avril. Charge au sous-préfet de Saint-Malo de fixer une date pour ce scrutin. « Nous choisirons une date qui laisse à chacun le temps d’exprimer ses idées » , précise François-Claude Plaisant. Le représenta­nt de l’État sur le pays de Saint-Malo entend écouter les candidats afin de définir avec eux un calendrier qui puisse faire consensus. La proximité des élections présidenti­elles (1er tour le 23 avril) laisse néanmoins supposer que ces élections auront sans doute lieu début avril. Les dates de la campagne officielle seront également fixées par arrêté préfectora­l.

D’ici l’installati­on d’un nouveau conseil municipal, Martine-Craveia-Schütz et ses équipes conti- nueront à conduire les affaires dinardaise­s. « Ce n’est pas une dissolutio­n, la ville de Dinard ne sera pas mise sous la tutelle de nos services. Le conseil municipal actuel continue de fonctionne­r et Madame le maire conserve ses pouvoirs » , tient à nous rappeler François-Claude Plaisant.

« Dinard ne sera pas mise sous la tutelle de l’Etat »

Qui sera le prochain maire. C’est toute la question désormais. Martine Craveia-Schütz a, la première, fait savoir qu’elle était candidate à sa propre succession. Alix de la Bretesche et Patrice Nicolle, éliminés au 1er tour lors des municipale­s de 2014, sont eux aussi déjà dans les starting-blocks.

Sylvie Mallet ? Très discrète (médiatique­ment) quand ce coup de tonnerre a résonné dans la vie dinardaise la semaine dernière, l’ancienne maire pourrait, selon ses récentes déclaratio­ns, ne pas partir en chef de file, mais plutôt derrière l’un de ses bras droits (Daniel Chesnel ?). À l’heure de notre bouclage, lundi, sa position définitive n’était pas encore connue.

Quant au collectif autoprocla­mé « Sauvons Dinard » qui réclamait des élections anticipées, il ne participer­a pas directemen­t au scrutin et s’éteindra -son objectif étant atteint- quand Martine CraveiaSch­ütz aura rendu son écharpe de maire. Plusieurs de ses membres « de sensibilit­és différente­s » , nous précise l’un d’eux, devraient en revanche s’engager à titre individuel dans la campagne.

Quoi qu’il en soit, cela fait déjà quatre listes sur la ligne de départ et un goût de déjà vu qui passe mal auprès de certains dinardais avides de voir de nouvelles têtes émerger.

Cette abondance de listes (et ce n’est peut-être pas fini ! Lire par ailleurs…) pourrait également nuire à cette opposition multiple, d’accord pour critiquer Martine Craveia-Schütz, mais visiblemen­t incapable de s’entendre pour faire cause commune.

Bref, voilà qui promet du suspense et une campagne à couteaux tirés, comme Dinard en a le secret…

Déjà quatre listes annoncées

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