Le Pays Malouin

Le changement climatique attire la foule à Saint-Malo

- Nicolas EVANNO

La conférence organisée par la Coop bio lundi dernier au Palais du Grand Large a fait salle comble. Plus de 1 000 personnes sont venues écouter Nicolas Hulot et le climatolog­ue Jean Jouzel, notamment, parler des conséquenc­es du changement climatique. Nous avons pu échanger quelques instants avec eux.

Quel impact pourrait avoir le changement climatique sur le territoire Saint-Malo - Pays de Rance ?

Jean Jouzel : La mise en place du plan de prévention du risque inondation à Saint-Malo montre que l’on fait attention à ce paramètre ici. C’est bien car la montée des eaux est une des conséquenc­es du changement climatique. A minima, à l’échelle mondiale, on devrait avoir une hausse de 50 cm du niveau de la mer à la fin du siècle. Sachant qu’une augmentati­on d’1 mètre est aussi possible. Depuis le début des années 2000, nous avons déjà pris 4-5 cm.

Nicolas Hulot : Il y a quelque chose dont on se rend compte en ce moment même. Dans le pays de Saint-Malo, les réserves d’eau sont au plus bas, alors qu’elles devraient être en train de se recharger à cette époque. Quand on discute avec des personnes sur le terrain, des agriculteu­rs par exemple, beaucoup vous disent qu’ils n’ont jamais vu ça. Evidemment, le changement climatique n’est peut-être pas seul en cause mais ça fait partie de tous ces petits signes de changement. Par la suite, il devrait y avoir aussi des conséquenc­es sur la pêche. Avec l’arrivée d’espèces invasives, l’acidificat­ion de l’eau et des espèces qui ne seront pas capables de s’adapter… Toutefois, il faut bien comprendre que ce qui pourrait se passer sur notre territoire n’est rien à côté des changement­s qui sont attendus à l’échelle de la planète.

Au delà des conséquenc­es attendues, sentez-vous une prise de conscience dans la population ?

Jean Jouzel : On sent qu’il y a plus envie de se protéger qu’il y a 50 ans et je pense que c’est bien. Les collectivi­tés commencent aussi à en prendre la mesure. Par exemple au niveau des constructi­ons nouvelles. Cellesci doivent prendre en compte les risques nouveaux d’inondation par exemple. Pour cela, il faut adapter l’habitat. Le problème actuelleme­nt, c’est que le changement est perceptibl­e, mais pas encore dangereux. Les changement­s climatique­s concernero­nt surtout les génération­s futures. Si l’on a une hausse moyenne des températur­es de 4 à 5°c à la fin du siècle, il faut bien comprendre que c’est l’équivalent d’un bouleverse­ment tel qu’une période glaciaire.

Nicolas Hulot : C’est vrai que les gens ont encore tendance à se sentir plus concernés par des problèmes plus immédiats comme le chômage, la précarité… Mais notre responsabi­lité, c’est bien de se préparer à affronter les souffrance­s de demain. Et on peut les anticiper.

Justement, y a- t- il des actions que l'on peut entreprend­re dès maintenant dans notre vie de tous les jours ?

Nicolas Hulot : Oui, énormément. L’idée principale est de favoriser l’économie bas carbone, en essayant soi-même de rentrer dans un mode de sobriété. Par exemple, passer chez un fournisseu­r d’énergie qui se fournit via des énergies renouvelab­les. Si l’on a un peu d’épargne, vérifier que cet argent n’est pas utilisé dans l’économie tout carbone et favoriser au contraire des projets bas carbone. Evidemment, il faut choisir des produits locaux plutôt que ceux qui sont importés de l’autre bout du monde. Nous devons mettre en place un nouveau logiciel de consommati­on et de responsabi­lité, essayer de nous déconditio­nner par rapport à nos addictions de l’industrie du pétrole et du gaz. Quand on voit la croissance des Coop bio, on se dit tout de même que les comporteme­nts commencent à évoluer.

« Le problème, c’est que c’est perceptibl­e mais pas encore dangereux »

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