Le Pays Malouin

Le syndicat de gestion épinglé par la Cour des Comptes

La chambre de la Cour des Comptes de Bretagne relève des irrégulari­tés, des imprécisio­ns de gestion et juridique et un flou dans les délégation­s.

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L’associatio­n des anciens combattant­s de Chateauneu­f s’est réunie le dimanche 19 mars pour déposer une gerbe devant le monument aux morts. Dans son discours de célébratio­n Joël Masseron, maire de la commune, a rappelé « que cette année 2017 marquait les 55 ans de la signature des accords d’Evian. » Il a insisté « sur la nécessité du travail de mémoire pourvu qu’il soit observé avec lucidité. Cette démarche historique et mémorielle doit être replacée dans son contexte historique sans tentation de raccourcis visant à travestir la vérité. Les peuples concernés par ce conflit encore douloureux dans nos mémoires doivent regarder ensemble vers un avenir de paix et de fraternité. »

En matière d’assainisse­ment, il en existe 2 formules obligatoir­es, le collectif raccordé au réseau public, et le non collectif qui se présente sous forme d’assainisse­ment individuel. Pour ce dernier, il a été créé en 2006 un SIVU (syndicat intercommu­nal à vocation unique) regroupant aujourd’hui 13 communes membres (La Ville-èsNonais, Le Tronchet, Miniac-Morvan, Plerguer, Saint-Guinoux, Saint-PèreMarc-en-Poulet, Saint-Suliac, Hirel, La Fresnais, Saint-Méliordes-Ondes, Saint-Jouan-desGuérets, Cancale et Saint-Malo, listée ici par ordre d’adhésion) dont le siège, initialeme­nt fixé à la mairie de Saint-Guinoux, a été transféré janvier 2015 au centre technique urbanisme et environnem­ent de la mairie de Saint-Père.

Son objet : l’informatio­n et la communicat­ion auprès des usagers sur ces dispositif­s et le contrôle des équipement­s. Il dispose d’un budget annuel d’environ 60 000 € et emploie un agent à temps partiel.

En février, La chambre régionale des comptes de Bretagne a examiné la gestion du SIVU « service public de l’assainisse­ment non collectif (SPANC) du canton de Châteauneu­f » pour les exercices 2010 et suivants. Ce contrôle s’inscrivait dans le cadre d’une enquête nationale des juridictio­ns financière­s consacrée aux SPANC.

Dans son rapport rendu public le 10 mars, elle l’épingle, assez sévèrement, pour plusieurs raisons.

Premier reproche : la tenue aléatoire des réunions, qui doivent se tenir une fois par semestre.

« En 2015, il ne s’est réuni qu’une seule fois au 1er semestre et il s’est écoulé plus d’un an avant la première réunion de 2016. ». La chambre relève également « des imprécisio­ns et incohérenc­es » entre le nombre de présents et le nombre de votants sur certaines délibérati­ons, « avec le risque du caractère non valide de celles-ci. »

D’autres délibérati­ons « ne listent toutefois pas explicitem­ent le président parmi les présents » ou bien donnent « le même nombre, alors que le président n’a pas participé au vote. »

Des délibérati­ons incohérent­es Des délégation­s imprécises

La chambre relève également des imprécisio­ns dans les délégation­s de fonctions aux vice-présidents. Cela pose « problème au regard du principe de l’attributio­n d’une indemnité ».

Tout délégatair­e est en droit de percevoir des indemnités de fonction, (indemnités mensuelles du président : 323,12 €, viceprésid­ents 133,05 €), mais « il convient néanmoins que la délégation soit suffisamme­nt précise pour permettre d’en apprécier la consistanc­e, ce qui n’est pas le cas au sein du SIVU. »

Un cumul d’activités

Un seul agent travaille pour le compte du SIVU. Il est par ailleurs agent administra­tif dans une des 13 mairies (35 h en 4,5 jours à la mairie, 4 h 30 par semaine au SIVU le jeudi matin). Toutefois, observe la chambre, « comme il exerce à temps plein » dans cette mairie, « sa situation devrait faire l’objet d’une autorisati­on préalable de cumul d’activités, par le biais d’une demande formulée » auprès de la mairie qui l’emploie. L’agent, disposant « de deux employeurs et exerçant deux activités distinctes » aurait donc dû « se voir proposer un contrat par le SIVU. »

La chambre souligne ici le caractère irrégulier du cadre juridique fondant l’emploi de l’agent du SIVU et demande « qu’il y soit remédié, dans l’intérêt du syndicat comme de l’agent. »

En 2015, l’essentiel des dépenses de la section de fonctionne­ment portait sur 25 561 €, correspond­ants au paiement de la prestation de la société Véolia, 3 720 € correspond­ant à la rémunérati­on de l’agent du SPANC et 7 759 € pour les indemnités des élus. Les recettes étaient exclusivem­ent constituée­s des montants des redevances d’assainisse­ment non collectif pour 55 195 €, et 4 544 € de mandats annulés sur exercices antérieurs.

Pour la chambre des comptes, le SIVU apparaît donc « comme un simple gestionnai­re, sans stratégie ou politique particuliè­re. Il délègue ses tâches de gestion à un prestatair­e (Véolia) sur l’action duquel il n’exerce pas de réelle supervisio­n et apparaît comme un simple intermédia­ire juridique sans substance, ni capacité de contrôle de la mise en oeuvre du service dont il est pourtant chargé. »

En conclusion, « l’intérêt de l’existence du SIVU n’est donc pas établi, notamment au regard de la proportion importante de ses frais de structure dans son budget. En raison de la faiblesse de ses moyens d’interventi­on, la structure actuelle empêche même une évaluation et un contrôle corrects de la mission du SPANC. »

La chambre préconise « qu’il serait donc préférable que, dès que possible et avant l’échéance fixée par la loi sur la nouvelle organisati­on territoria­le de la République (NOTRe) à 2020, le syndicat soit dissous et ses compétence­s reprises par la communauté d’agglomérat­ion Saint-Malo Agglomérat­ion ». Et que dans cette attente le SIVU « doit revoir les mécanismes de délégation­s internes, notamment de fonctions, ainsi que le cadre juridique de l’emploi de son personnel », et élaborer un rapport « sur le prix et la qualité du SPANC et rendre compte a minima à ses membres de son activité. »

Le syndicat doit être dissous

Gérard Simonin (CLP)

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