Le Pays Malouin

Le chemin de croix de l’église Notre-Dame sorti de l’oubli

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Il aura fallu près de 4 mois à l’artiste Michel Boudib pour restaurer le chemin de croix et recréer deux des stations manquantes. Un travail confié par le diocèse, qui sera prochainem­ent à redécouvri­r en l’église Notre-Dame de Lanhélin.

Après 17 ans passés à Champigny, Michel Boudib pose son chevalet en Bretagne romantique dans un vaste atelier à Lanhélin. Idéal pour ce peintre qui a besoin d’espace et qui aime travailler les grandes surfaces.

Les cheveux tirés en arrière, une barbe dégradée de brun et de gris, le visage éclairé d’un demi-sourire permanent, l’artiste se déplace avec une légèreté étonnante et précise dans le capharnaüm de son atelier. Au centre de celui-ci, un gros crochet oscille au bout d’un câble qui dégringole d’un pont roulant. « Je ne pensais pas que cette installati­on me rendrait autant service. » Et Michel Boudib sait de quoi il parle. En octobre 2016, le prêtre de Combourg, Jean-Yves Leborgne, sollicite l’artiste. « Il y avait un chemin de croix à restaurer. » Celui de l’église paroissial­e Notre-Dame de Combourg.

Les oeuvres sorties de l’oubli

Les stations décrochées des nefs de l’église, stockées depuis des années à même le sol, ont subi les outrages du temps et des chocs. Les pièces, avec coeur en pierre de lave, avoisinent les 30 kg chacune. On comprend mieux le regard de satisfacti­on que l’artiste affiche en levant la tête vers le pont roulant. Les moulures en plâtre sont écaillées, ébréchées, certaines des stations sont même amputées de leur croix à la partie supérieure. Des scènes peintes (ou émaillées) ont perdu de leur éclat. « Et puis je m’aperçois qu’il n’y a que 12 stations. Il en manque donc deux. » Michel Boudib revisite alors la passion du Christ pour retrouver les 14 instants qui ont marqué le chemin le menant au calvaire, origine des représenta­tions iconograph­iques que l’on peut voir aujourd’hui dans les églises et les cathédrale­s. La 3e station (Jésus tombe pour la première fois sous le poids de la croix) et la 6e station (sainte Véronique essuie le visage de Jésus) sont identifiée­s.

Un travail minutieux

« C’est à l’église de Pleudihen que j’ai pu m’inspirer pour recréer les 2 scènes des stations manquantes. » Entre les encadremen­ts et la peinture, le travail s’étalera sur 4 mois, « il a fallu prendre en compte le temps de séchage du plâtre ». Michel Boudib optera, pour la réfection des moulures en plâtre, pour le brun et la dorure « des couleurs très présentes dans les églises ». Puis les 2 scènes manquantes seront reconstitu­ées et travaillée­s minutieuse­ment dans le même esprit pictural et chromatiqu­e. Un travail qui requiert patience et un sens aiguisé de l’observatio­n.

Une datation de 1897

L’artiste installe la 3e station terminée au milieu des 12 autres qu’il a restaurées. Il recule de 4 pas, pose ses mains sur ses hanches, reste un moment silencieux, puis se gratifie d’un « Je suis assez satisfait. » Il peut, à vrai dire, car il faut un oeil averti pour voir les très légères nuances et différence­s. Normal qu’il en subsiste, chaque artiste à sa patte à laquelle il ne peut guère échapper, à moins d’être un copiste hors pair. Et puis, les techniques utilisées en 1897 (c’est la datation d’une des stations signées L.G.) n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. De notre correspond­ant local Gérard SIMONIN

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