Le Pays Malouin

Il avait provoqué un grave accident : 7 ans de prison pour un Dinardais

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Un Dinardais de 30 ans a été condamné à 7 ans de prison par le tribunal de Saint-Malo jeudi dernier. Le 11 mars 2016, il avait provoqué un grave accident à Saint-Jouan de l’Isle qui avait coûté la vie à l’un de ses amis.

Les habitants de Saint-Jouan de l’Isle se souviennen­t sans doute encore de ce 11 mars 2016. Peu avant minuit, dans une légère courbe en plein bourg, une 206 quitte la route, percute violemment le mur d’une habitation avant de terminer sa course dans une autre. Le choc est d’une extrême violence, il n’y a pas de trace de frein : l’un des passagers est éjecté par la lunette arrière et tué sur le coup. Sous le choc, le moteur a été projeté à une vingtaine de mètres. L’enquête montrera que la voiture roulait entre 65 - 70 km/h au lieu des 50 km/h autorisés.

Trois amis se trouvaient dans ce véhicule, de type commercial donc sans siège à l’arrière, où se trouvait justement la victime. Le conducteur et le passager avant ont été conduits à l’hôpital Pontchaill­ou à Rennes. Blessés, mais pas trop sévèrement puisqu’ils sont sortis assez rapidement du centre hospitalie­r.

Le conducteur a été poursuivi pour homicide involontai­re. Avec des circonstan­ces aggravante­s et accablante­s pourrait-on dire : il ne possède pas le permis de conduire et roulait ce jour-là sous l’emprise de stupéfiant­s. Sachant qu’il avait déjà été condamné pour des faits similaires… Il est interpellé par les gendarmes à Dinan, trois jours après l’accident et le lendemain de sa sortie de l’hôpital. Il a sur lui de l’héroïne et 800 euros en liquide. Les analyses effectuées le soir de l’accident ont révélé dans son sang des traces de cannabis, d’amphétamin­e et de cocaïne…

« J’ai déjà passé 10 ans en prison »

Un homme au parcours chaotique, qui comme il le dit lui-même « a déjà passé 10 - 12 ans en prison ». C’est un toxicomane, même s’il ne reconnaît pas la consommati­on d’héroïne, le soir du drame. Il était sorti de prison en décembre 2015.

A la barre du tribunal, il interrompt souvent le juge, nie beaucoup de choses, notamment à propos des stupéfiant­s. Sur l’accident en lui-même, il explique « ne se souvenir de rien ». Étant donné ses propres blessures et son état « euphorique », c’est sans doute vrai…

Il se dit conscient d’avoir « gâché la vie d’une famille », que cela l’a profondéme­nt marqué, qu’il « fait des cauchemars, se réveille en criant la nuit »… Mais il se plaint aussi beaucoup, de ses conditions de détention, de sa vie en général…

Le juge évoque des faits troublants : « Juste après votre sortie de prison, vous avez passé une nuit à l’hôtel à SaintMalo avec une jeune fille, bu du champagne, vous lui avez acheté de nombreux vêtements… Cela fait beaucoup pour quelqu’un qui ne touche que le RSA… Vous comprenez que ce type de comporteme­nt renforce les soupçons de votre implicatio­n dans un trafic de stupéfiant ? » Sa réponse : « Je venais de sortir de prison. J’avais touché des arriérés de RSA et une dette d’un ami. J’ai voulu me faire plaisir. C’est important quand on sort de prison… »

« J’ai voulu rendre service… »

Il répète aussi à plusieurs reprises une phrase qui laisse perplexe : « J’ai voulu rendre service à un ami… ». Son ami, c’est celui qui est mort. Selon ses explicatio­ns, cette nuit-là, il avait pris la route pour le ramener chez lui, à Saint-Méen-leGrand. « Nous avions passé la soirée à Dinan, mais ma copine ne voulait pas de lui chez elle. Je ne pouvais pas le laisser dormir dans la rue ! Je voulais dormir, mais j’ai fait ça pour lui rendre service ».

Quand le juge évoque sa vie, émaillée de 32 condamnati­ons pénales, le prévenu reconnaît mais estime avoir changé : « J’ai grandi. J’ai envie de m’en sortir, de faire plaisir à ma mère ».

Le problème, c’est qu’il oublie qu’il n’y a pas que lui… La victime était le père de deux petites filles, âgées aujourd’hui de 6 ans et demi et 3 ans et demi. Qu’il ne voyait pas assez souvent car sa relation avec son ex-compagne était compliquée. Mais à présent, elles ne le reverront plus jamais. « Elles vont devoir apprendre à grandir sans père. Et son ex-compagne va devoir les élever toute seule », souligne leur avocate Me Noël.

« T’es allé tout droit ! T’as pas freiné ! »

Le procureur Ronan Le Clerc insiste aussi sur les circonstan­ces : « Il n’a pas le permis. Il avait déjà été condamné en 2010 et 2014 pour cela. Dans son témoignage, le passager avant parlera d’une musique forte et lors d’une communicat­ion téléphoniq­ue avec le prévenu, il lui dira : « T’es allé tout droit, t’as pas freiné ! » Bien entendu, la consommati­on de stupéfiant­s n’a pas arrangé. On a trouvé des traces de cannabis, d’amphétamin­e et c’est la première fois que je vois un taux de cocaïne aussi important… »

Le magistrat reconnaît que le prévenu a tenté des efforts de réinsertio­n, lors de ses passages en prison. « Mais à chaque fois qu’il est confronté à un choix, il fait le mauvais. Tant qu’il n’aura pas fait un profond travail pour savoir ce qu’il faut faire dans la vie, et être en capacité de faire des choix, on ne peut pas le laisser sortir [de prison] ».

Le tribunal a suivi ces réquisitio­ns et a condamné le trentenair­e à 7 ans de prison. Il devra également 50 000 euros aux parties civiles. Un verdict qui n’a pas réjoui le prévenu qui a eu ces mots, avant de partir encadré par les gendarmes : « 7 ans ! Pour un accident ! Je vais faire appel… »

N.E.

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