Le Pays Malouin

« La dictature, c’est l’abus d’obéissance »

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Le combat pour la vérité. L’intitulé de la rencontre de samedi après-midi à l’Auditorium prenait toute sa force avec la présence de Kamel Daoud, journalist­e, écrivain algérien vivant toujours en Algérie, et dont les positions sur l’Islam dérangent.

En danger de mort

Sous le coup d’une ’fatwa’ visant à le tuer émise par un imam salafiste, alors qu’on loue son courage, Kamel Daoud rappelle qu’il n’a pas eu le choix : « Ce sont les problèmes qui viennent à vous, on n’est pas engagés par choix : parfois vous ne pouvez pas faire autrement. Je ne suis pas militant, j’aurais préféré qu’on me foute la paix ! » . « Dans le territoire où je vis, j’écris par la fiction ce que je ne peux écrire par le journalism­e. Écrire le dégoût ou la révolte passe par la fable, elle permet de fabriquer du sens à partir du dégoût ; n’oublions pas que la dictature, ce n’est pas l’abus de pouvoir, c’est l’abus d’obéissance ».

Où même la fiction est « dissidence »

Il sait aussi que la fiction, dans son pays, est « dissidence » : « La fiction devient quelque chose de grave, surtout dans les parages d’un livre unique ; vous vous retrouvez alors dans la concurrenc­e, et vous y engagez parfois votre vie, votre corps, votre indépen- dance ».

Rien de pire, selon lui, que le silence, qui est favorable à la dictature : « La dictature est toujours très féroce quand ça se fait dans le silence : comment voulez-vous défendre quelqu’un dont vous ne savez pas qu’il est en péril ? Je voudrais dénoncer ici l’article 144 bis-2 du Code pénal, digne de l’Inquisitio­n, qui fait qu’aujourd’hui dans mon pays, des gens, des jeunes parfois parce qu’ils ont plaisanté sur l’Islam, sont emprisonné­s » . Sud, 2017.

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