Sur les traces du succès de

Négar Djavadi est iranienne. Elle parle de ce pays dont elle se souvient presque « en technicolor » pour l’avoir quitté en suivant ses parents alors qu’elle avait 11 ans, en traversant à cheval les montagnes du Kurdistan. Parce que ses parents étaient des intellectuels, opposants au Shah puis à Khomeiny.

Alors elle vit à Paris et s’exprime par le cinéma, jusqu’à l’année dernière : son premier roman, Désorientale, est la révélation de la rentrée 2016. Encensé par les lecteurs et la critique. D’ailleurs, au Nouveau Monde dimanche, elle était attendue de pied ferme par ses fans, et le rendez-vous affichait complet longtemps avant même qu’elle n’arrive. On dira que l’humour est le point commun d’un grand nombre de ces brillants exilés involontaires. Avec candeur, elle interroge : « Intégrezvous, on vous dit, quand vous arrivez dans un nouveau pays. Mais comment on fait ? C’est un jeu qui n’est pas clair du tout, il faudrait nous guider… Parler un peu la langue me paraît une évidence. Cuisiner le riz à l’iranienne m’a alors semblé pas si important que ça, je pouvais l’oublier : il faut faire le deuil de certaines choses pour faire de la place et pouvoir se remplir d’autre chose » . Avant d’ajouter : « Notre aspect nous trahit un peu, mais votre langue, qui est si complexe, nous piège forcément : ces articles, ’le’, ’la’, qui n’existent pas dans la plupart des langues sont généralement fatals aux étrangers ! » , lance-t-elle. Lévi, 2016

éd. Liana